Regard franco-américain sur l'éducation : de l'importance des maths!

Posté ven 20/03/2015 - 06:58
Par admin

De l'importance des mathématiques dans l'éducation ! Aux Etats-Unis, leur apprentissage est aujourd'hui une des grandes préoccupations des politiques d’éducation car il aurait des effets importants sur tout le reste du parcours académique des jeunes. Des effets que de récentes découvertes dans les neurosciences viennent expliquer, relèvent Sandrine et Maxime Crener dans leur chronique "Regard franco-américain sur l'éducation".

Le système éducatif français a-t-il raison d'insister sur les mathématiques ? Dans leur chronique de cette semaine intitulée "L’importance des mathématiques démontrée par les neurosciences !", Sandrine et Maxime Crener apportent des éléments de réponse qui viennent conforter cette insistance française mise sur les maths. Plusieurs études américaines avaient en effet montré qu'une bonne maîtrise des mathématiques avait un impact substantiel sur la réussite scolaire puis universitaire. Un constat qui peut désormais s'appuyer sur des découvertes récentes dans les neurosciences. Voici le texte de Sandrine et Maxime Crener.

L’importance des mathématiques démontrée par les neurosciences !

Les dernières découvertes dans les neurosciences du Professeur Vinod Menon et de son équipe à l’école de médecine de l’Université de Stanford (http:/med.stanford.edu/profiles/Vinod_Menon/) font partie d’un effort important de recherche pour mieux comprendre comment les jeunes enfants développent leurs capacités à résoudre des problèmes afin d’améliorer l’enseignement des mathématiques et autres disciplines quantitatives. Leur dernière étude porte sur les effets d’un enseignement précoce des mathématiques. Les résultats sont surprenants et montrent qu’en une seule année, des changements significatifs apparaissent dans la manière dont les régions du cerveau concernées sont activées.

Ce qui ressort également de ces études et qui semble essentiel est que le cerveau des enfants change en fonction des stratégies plus ou moins sophistiquées adoptées pour résoudre des problèmes arithmétiques. Au fait l’étude montre comment en l’espace d’un an une communication constante entre ces parties va améliorer l’efficacité mathématique.

Sachant que le cerveau change tellement pendant cette période de l’enfance, surtout d’une année sur l’autre et comprenant mieux maintenant comment il se transforme, ces recherches donnent une véritable assise pour trouver des solutions à un meilleur apprentissage des mathématiques. Le laboratoire du Professeur Menon mène actuellement des recherches en parallèle sur la problématique de l’anxiété face aux mathématiques et sur une meilleure compréhension des habilités des enfants autistes.

L’apprentissage des mathématiques est une des grandes préoccupations des politiques d’éducation aux Etats-Unis. La mauvaise maitrise des mathématiques chez les nouveaux étudiants de première année universitaire pourraient expliquer les taux élevés d'échec dans leur cursus. Environ la moitié de tous les étudiants de première année du secondaire échouent au moins une classe, et ces taux sont les plus élevés parmi les cours de mathématiques. Pour le professeur Joshua Goodman et ses collègues de la Harvard Kennedy School, l'échec de l'école primaire et secondaire à enseigner les mathématiques peut avoir des effets importants sur tout le reste du parcours académique des jeunes. (Article: “Intensive Math Instruction and Educational Attainment: Long-Run Impacts of Double-Dose Algebra”)

Dans leur étude, ces chercheurs ont analysé les données longitudinales recueillies par les écoles publiques de Chicago après la mise en œuvre d'une "double dose d’algèbre" dans les programmes pédagogiques du collège et du lycée.

L'étude a révélé que cette mesure avait un impact positif et substantiel sur les résultats des tests nationaux, les taux de réussite au "bac américain", et l'inscription à l’université. Le plus important, dit Goodman, sont les effets à long terme observés dans les taux de diplomation et inscriptions dans les universités, qui ont augmenté de 15 pour cent et 25 pour cent, respectivement. Ainsi si cette mesure a des effets très bénéfiques sur le court terme, les effets à long terme semblent encore plus prometteurs. L’étude conclue que tout ce que nous pouvons faire pour aider les enfants à réussir en mathématiques est une bonne chose.

Certains parents et enseignants ont déjà bien compris ce rationnel et ceci explique peut-être l’incroyable succès de la Russian School of Mathematics, qui propose à Boston et ailleurs, des cours de maths intensifs pour les enfants depuis la primaire jusqu’au bac, et les aide ainsi à accéder aux meilleures universités du pays.

Comme nous l’avons abordé au cours d’un précèdent article sur les travaux de la psychologue de l'Université de Stanford Carol Dweck ("fixed versus growth mindset"), la plupart de nos compétences, y compris les mathématiques, peuvent être développées par l’effort et le travail. Ainsi l'insistance du système éducatif français sur les mathématiques n’est peut-être pas une mauvaise chose, il faut juste donner à tous les moyens de réussir.

Sandrine et Maxime Crener

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Sandrine et Maxime Crener : l'axe Boston-Côte d'Azur

Maxime Crener a dirigé le Ceram à Sophia et développé l'Université Internationale de Monaco. Son épouse, Sandrine, est Research Associate à la Harvard Business School. Tous deux, installés depuis cinq ans à Boston, ont gardé un pied sur la Côte d'Azur. Ils sont aussi souvent appelés par des amis azuréens ou monégasques inquiets pour l'avenir de leurs enfants. D'où l'idée de cette rubrique hebdomadaire sur les problèmes actuels de l'éducation avec un point de vue posé des deux côtés de l'Atlantique.

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