Retraites : Débats de vieux/Sujet de jeunes ! pour Dominique Pages

Posté mer 09/06/2010 - 14:05
Par admin

Retraites : Débats de vieux/Sujet de jeunes ! pour Dominique Pages

Le débat sur les retraites est désormais bel et bien ouvert. Co fondateur il y a quelques années de l'association Deuxième Vie, Dominique Pages l'avait ouvert il y a déjà longtemps. Le créateur de PromEst à Sophia Antipolis revient dans cette Tribune Libre sur un terrain qu'il connaît. Professeur de bon sens comme il se reconnaît, il insiste sur une évidence qu'il résume d'ailleurs dans le titre de sa tribune : " Débats de vieux/Sujet de jeunes !". Car aujourd'hui, si ce sont les plus âgés des salariés qui se sentent particulièrement concernés par ce dossier, reste que ce sont les plus jeunes qui auront à assumer ces règles de solidarité actuellement en cours d'élaboration. Voici le texte de Dominique Pages.

Retraites : Débats de vieux/Sujet de jeunes !

Le débat est installé et, comme on pouvait le craindre, l’idéologie s’abrite derrière les chiffres (40 et 60 étant l’alpha et l’oméga de la dialectique) pour étayer son argumentation. Mais plus curieusement, les protagonistes non gouvernementaux de ce débat sont-ils les mieux qualifiés pour reconstruire un édifice où la raison, pour une fois, ferait bien de s’imposer sur l’émotion ?

Car qui sont ces interlocuteurs installés tant par l’exécutif que par les médias comme les challengers idéologiques du gouvernement : les syndicalistes ! Et légitiment leurs leaders….

Or au nom de quel principe à fondement démocratique ces personnes –au mieux quadra, mais plus volontiers quinqua, voire sexagénaires-, le plus souvent issus du secteur public et représentant quand tout va bien 12% des salariés, sont-ils qualifiés pour parler d’un sujet –la retraite (je ne parle pas du dispositif financier) qui avant tout concerne les plus jeunes car ce sont eux qui auront à assumer durant leur vie les règles de solidarité qu’on leur concocte actuellement.

A-t-on en tête que les jeunes qui ont aujourd’hui 25 ans ont une espérance de vie de plus de 90 ans environ (même avec une progression de cette dernière moins rapide que celle connue depuis les 15 dernières années) ? Est-ce responsable d’enfermer ces générations dans la reproduction d’un schéma suranné où l’on organise, voire décrète, l’inutilité sociale de millions de personnes au-delà d’un âge ou d’une durée de cotisation et, ce, pendant plus de 25 ans. Quitte à chercher alors des solutions artificielles pour stimuler l’employabilité des seniors, alors qu’il aurait été plus simple de laisser chacun choisir son évolution et le rythme de son désengagement !!!

De même, comme une ritournelle, revient la pénibilité comme un critère de disqualification d’un allongement de la durée travaillée. Certes les travaux physiquement pénibles méritent un traitement spécial mais leur réalité ne doit pas cacher la forêt. Ces emplois pénibles dans les industries lourdes ou du bâtiment laissent progressivement la place à des emplois soft, en bureau ou ambiance fortement contrôlée par l’inspection du travail. Et combien de jeunes de 20 à 30 ans seront-ils concernés par cette légitime exception lorsqu’ils prétendront à une sortie de leur vie ?

Enfin a-t-on prêté attention à ce constat du think tank socialiste Terra Nova, pourtant peu conforme à la position historico-idéologique de la gauche, qui montre une génération de retraités qui vit –globalement- mieux que les jeunes qui démarrent au point de suggérer –quel blasphème !- qu’ils participent à la solidarité du financement dus système ?

Donnons donc la parole à ces jeunes en leur ouvrant les cartes et les yeux sur leur avenir ! Il serait bien surprenant qu’il n’en sorte pas des propositions enrichissantes et constructives même si elles ne vont pas dans le sens des bien-pensants institutionnels du débat officiel ou des media plus préoccupés de polémiques que de créer du sens.

Sauf à considérer qu’ils ne sont pas mûrs pour parler avant tout du confort de ceux qui n’ont du futur et de leur utilité sociale qu’une perspective rentière….

Dominique Pages

 

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