Retraites et épargne salariale : faux couple et vraies réponses

Posté mar 25/03/2003 - 00:00
Par admin

Quel avenir pour les retraites ? Trois associations (ANDCP, DCF et DFCG) ont formé un groupe de travail avec Jean-Claude Cherpin (photo Une) pour étudier le dossier. Résultat : une approche originale qui vient du terrain et ne joue pas la langue de bois.

"Epargne salariale et avenir des retraites : un faux couple à la mode ou quelques vérités bonnes à dire"!" Le titre quelque peu provocateur retenu par trois associations socioprofessionnelles (Association Nationale des Directeurs et Cadres de Personnel, Dirigeants Commerciaux de France, Directeurs financiers et Contrôleurs de gestion) pour leur second dîner débat au Radisson, à Nice sur le dossier des retraites, donnait déjà le ton. "L’épargne salariale est-elle le moyen, la panacée pour se constituer une retraite ? questionnait ainsi une des intervenantes. Et d'ajouter "la réponse est négative à ce jour".Trois associations réunies pour une étudeLa réunion n'avait pourtant rien d'une tribune contestataire. La même intervenante, qui présentait le résultat de l'étude réalisée par le groupe de travail inter-associations, notait encore, peu après avoir décrit les limites de l'épargne salariale : "notre groupe de travail n’est pas contre l’épargne salariale en tant que concept, en tant que principe ; il nous paraît au contraire représenter un moyen offert aux entreprises et aux salariés, loin d’être suffisamment développé, à l’heure actuelle".Une position qui, tout au long de la soirée, s'est révélée comme le résultat d'un travail de recherche très élaboré qui avait débuté par un premier dîner débat en novembre. Un groupe inter associations, présidé par Jean-Claude Cherpin a pu prendre le temps de travailler sur le sujet avec Corinne Giuge et Bruno Dufraisse pour les DCF, Christian Giana et Pascal Boscher pour la DFCG, Annie Dominé et Françoise Rioual pour l’ANDCP. Un groupe qui a pu bénéficier de la collaboration d'experts de grands groupes (Prémalliance, Crédit Agricole, Crédit Lyonnais et Axa) et a apporté au dossier une approche originale, directement issue du terrain.Retraites : ce qui nous attendDans la synthèse présentée, on découvrait ainsi les "10 conseils d'une épargne salariale réussie" (le premier s'intitule "Allez-y"), mais également quelques propositions et constats sur cet épineux problème des retraites. De grands traits dégagés à l'issue des travaux et résumés en 11 points qui nous donnent un aperçu de ce qui nous attend.1) La durée de cotisations du public sera alignée sur celle du privé et les assiettes servant de bases aux calculs seront rapprochées.2) La retraite par répartition baissera dans son taux de remplacement, mais, en tout état de cause, ne disparaîtra pas.3) L’instauration d’une retraite à la carte permettra de toucher, sans le dire, au sacro-saint chiffre de 60 ans.Nous estimons que ce chiffre restera une référence permettant en cas de travail au-delà, d’obtenir une bonification du montant de la retraite.4) Une suppression des possibilités de départ anticipé sera mise en place, sauf dans des cas précis tels que travaux pénibles ou famille nombreuse. Nous pensons que nous allons assister dans les mois qui viennent à la disparition des plans sociaux basés sur les pré-retraites.5) L’instauration d’incitations fiscales significatives tant pour les entreprises que pour les salariés pour se constituer une épargne de précaution de long terme.6) Le développement d’une politique nataliste volontariste permettant l’instauration d’un salaire familial.Notons que le fait d’élever ses enfants est un vrai métier qui n’est pas reconnu comme tel, sauf pour les nounous qui gardent les enfants des autres.7) La génération actuelle et la génération immédiatement suivante auront un double effort à fournir : financer les retraites d’aujourd’hui et se constituer une retraite personnelle.8) L’Economie française devra se préparer au vieillissement de sa population.Le nombre de personnes de plus de 60 ans augmentera de 10 millions entre 1998 et 2040 en France, alors que les moins de 20 ans et les actifs vont diminuer de 1 million chacun.Cela conduira notre économie à proposer des produits, une culture et des méthodes de management adaptées aux seniors que nous allons devenir.-plans de formation globaux et adaptés-comptes épargne-temps-bilans de compétence-adaptation des postes de travail-adaptation des rythmes des sociétés-marketing spécifique pour répondre aux attentes nouvelles-développement de services particuliers pour ce type de clientèleLa question ne sera plus de se dire combien de seniors seront présents dans 20 ans mais bien qu’allons nous faire pour continuer leur intégration dans la Société.9) Choisir la capitalisation : cette solution si elle s’impose à nous compte tenu de ce qui a été développé précédemment et du constat que je viens de dresser devant vous, doit être cependant étudiée avec réserve et mise en œuvre avec prudence. En effet, il s’agit de prendre un pari risqué sur le rendement des actifs financiers. Notez, que pour des raisons démographiques, la valeur globale des actions risque de baisser dans l’avenir, le marché comptant beaucoup plus de vendeurs, les seniors, que d’acheteurs, les jeunes. Des outils financiers particuliers prendront en compte ces impératifs de précaution.10) Développement des solutions d’épargne collective type article 83 ou 82 autorisant la constitution d’une épargne sur- complémentaire.11) Enfin cette mise en ouvre utilisera la technique du sifflet : un peu de tout, mais progressivement avec un effort étalé sur de nombreuses années.

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