RFID : la révolution des "étiquettes électroniques"

Posté lun 03/01/2005 - 00:00
Par admin

Que recouvre la Radio Frequency Identification ? Ses principes ? Ses avantages ? Ses domaines d'application ? Responsable du centre de test européen RFID d'IBM La Gaude, Jean-Michel Corrieu (photo Une) explique pourquoi cette technologie soulève tant de passions.

RFID : un mot presque magique aujourd'hui. Sous le sigle de Radio Frequency Identification se cache en fait une technologie d'étiquetage électronique qui porte beaucoup d'espoir… et d'interrogations. Mais le coup est parti. Ces nouvelles étiquettes électroniques commencent déjà à révolutionner la gestion de stocks ou encore la lutte contre la contrefaçon. Elles ouvrent les portes du supermarché du futur et de bien d'autres applications encore à découvrir. En revanche, elles nourrissent aussi des craintes quant aux libertés fondamentales avec la possibilité d'un "traçage" des individus. Qu'en est-il exactement? Que recouvre cette technologie ? Ses avantages ? Ses domaines d'application ? Le point avec Jean-Michel Corrieu, responsable du centre de test RFID européen d'IBM à La Gaude. Interview réalisée par Jean-Pierre Largillet en collaboration avec l'association Telecom Valley (le texte est paru également dans la dernière Telecom Valley News N° 8).- SN.com : Qu'entendre d'abord par RFID ?Jean-Michel Corrieu : Le RFID, c'est une étiquette intelligente. Une puce dans laquelle est stockée un code entourée d'une minuscule antenne. Le tout peut-être placé sur du papier comme un ticket de transport. Cette étiquette peut être active. Elle doit être alors accompagnée d'une pile lui permettant de diffuser le code. Elle peut être aussi passive. J'ajoute que le RFID n'est pas à vraiment parler une technologie nouvelle. Durant la seconde guerre mondiale, les avions militaires étaient équipés de "transpondeurs" qui émettaient un code identifiable par les radars permettant ainsi de savoir s'il s'agissait d'un avion ami ou ennemi.Mais ce qui a changé aujourd'hui, ce sont les avancées technologiques qui ont permis de faire des puces "passives" de plus en plus petites, de plus en plus fiables pour des coûts de plus en plus faibles (de 20 à 30 cents d'euros l'unité actuellement). Et surtout, le coup de génie, a été de pouvoir se passer de pile pour permettre à l'étiquette de diffuser son code : celle-ci peut désormais être alimentée par les pulsions d'énergie que lui transmet l'antenne du lecteur.- SN.com : Comment IBM en est-il venu à s'intéresser au RFID ?Jean-Michel Corrieu : Nous avons classé le RFID dans la discipline "pervasive computing". L'informatique diffuse, celle qui va au-delà du clavier et qui concerne tout ce qui est relié par l'informatique sans relation humaine (processeurs minuscules communiquant spontanément les uns avec les autres et capteurs qui sont intégrés dans les objets de la vie quotidienne). Cela fait partie pour nous de la troisième grosse vague de l'informatique après celle des mobiles dans les années 90 avec les SMS, puis de celle du "Business to employee" qui permettait de rester en constante relation avec son entreprise.Cette troisième vague qui démarre, est celle du Business to Machine, avec le RFID, les smart cards, etc. Dans la discipline du RFID rentre tout ce qui est appareil d'information non classique relié à un système informatique (hot spots, capteurs dans par exemple un réseau de distribution d'électricité, etc.).- SN.com : A quoi peut servir le RFID?Jean-Michel Corrieu : Il faut d'abord faire la part entre le présent et le futur. Le présent, c'est une utilisation dans la gestion des stocks. Le RFID est déjà utilisé dans les chaînes d'approvisionnement entre la production et les fournisseurs. Les systèmes sont au point et permettent d'importants gains de productivité. Le futur, ce sont peut être les caisses de supermarché automatiques. Mais là, il ne s'agit que d'expérimentation. Il faut savoir également que, si le grand public se focalise sur le Tag, le RFID n'est qu'un des éléments d'une architecture informatique "end to end" (de bout en bout). L'étiquette, le tag, est lue par un lecteur qui transmet l'information à un "RFID Edge Server". Ce serveur fait le lien avec l'informatique de la société (bases de données, système d'information de l'entreprise). Au dessus de cela d'autres applications permettent de gérer les Business Process (chaînes d'approvisionnement, management des pièces, etc).Quand on met en œuvre une solution RFID, il s'agit aussi de développer une solution informatique de bout en bout qui permettra d'améliorer des Business Process. Le RFID permet entre autre de réaliser le "on-demand". Chaque fois que l'on met en relation l'environnement physique d'un client (livres, palettes, caisses, etc) avec son système informatique, on engage un processus en temps réel.- SN.com : Que peuvent faire les entreprises avec le RFID ?Jean-Michel Corrieu : Trois choses. En premier lieu, répondre à la demande de leurs clients. Metro par exemple va demander à ses fournisseurs que les produits lui soient livrés en RFID ce qui lui permettra de mieux gérer ses stocks. En second lieu, optimiser son travail. Aller plus vite, améliorer sa gestion de stocks. La troisième chose me semble la plus intéressante : le RFID permet de transformer les process de l'entreprise (exemple la chaîne d'approvisionnement). Et là il y a de vrais gains de productivité.- SN.com : Des exemples plus concrets ?Jean-Michel Corrieu : Le premier, celui pour lequel il existe déjà de solides références, c'est la chaîne d'approvisionnement. Il est possible d'avoir ainsi l'état des stocks en temps réel et de contrôler ainsi aussi bien les sur-stocks que les ruptures de stocks.Second exemple très proche : le suivi des pièces dans une usine (automobile, électronique, etc). Chaque pièce peut ainsi être suivie pendant sa durée de vie. La puce peut être par exemple noyée dans le métal. Autre application : la lutte anti contre-façon. Chaque objet peut avoir une identité propre, avec un référencement dans une base de données.Dans le domaine de la pharmacie, il est possible de garantir ainsi que la chaîne de distribution n'a pas changé le médicament. Il suffit de placer une puce RFDI dans le "blister" notamment. Pour les contrôles d'accès, le RFID est utilisé dans les badges sans contact où il garantit l'identification. Quelqu'un pouvant toujours voler un badge, le système doit être couplé avec un contrôle biométrique. Dans le domaine grand public quelques applications ont été montées dans ce qu'on appelle le "life stock" sur des élevages de saumon par exemple.- SN.com : Ce qui est fait au centre européen RFID de La Gaude ?Jean-Michel Corrieu : Nous nous plaçons en quelque sorte dans l'avant-vente. Nous commençons par une phase d'évaluation des options business d'un client afin de définir ce qu'il veut obtenir avec une installation RFID. Ensuite nous procédons au design de la solution et nous réalisons un pilote. Un prototype qui va fonctionner et montrera au client ce qu'il aura. La solution au complet est ensuite développée par nos équipes européennes.Nous disposons déjà de quelques belles références dans le RFID : Philips en Asie, le groupe Metro pour l'approvisionnement de 269 magasins, beaucoup de grands distributeurs (Wal Mart, Tesco, UPS, etc). Le centre de test de La Gaude est d'ailleurs déjà reconnu dans le monde. Ainsi, nous avons eu la surprise, fin septembre, de trouver à la "Une" du New York Times, illustrant un article sur le RFID, une photo prise à La Gaude d'un ingénieur poussant un chariot avec des cartons "tagués" RFID…

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