Saint Laurent, le film haute couture de Bertrand Bonello
Présentation, aujourd’hui au Festival de Cannes, du premier film français en compétition « Saint Laurent » de Bertrand Bonello. Une œuvre qui s’affranchit des codes traditionnels du biopic en ne cherchant pas vraiment à montrer comment Saint Laurent est devenu Saint Laurent, mais ce qui lui en coûte d’être Saint Laurent. Véritable choc visuel avec de multiples références à Visconti, le film est une belle réussite dont on espère qu’elle ne sera pas trop éclipsée par la projection ce soir du très médiatique « Welcome to New York » sur l’Affaire DSK.
Premier cinéaste français en compétition cette année, Bertrand Bonello présente aujourd’hui « Saint Laurent » au Festival de Cannes. Un film assez éloigné du « Yves Saint Laurent » de Jalil Lespert sorti récemment dans les salles où il a réuni 1,6 millions de spectateurs. Bertrand Bonello signe ici une œuvre qui s’affranchit des codes traditionnels du biopic pour s’intéresser principalement à une période de la vie du grand couturier, les années 1967-1976 durant lesquelles ce dernier, qui était déjà une légende de la mode, a imposé sa marque au niveau international. Le film ne montre pas comment Saint Laurent est devenu Saint Laurent, mais ce qui lui en coûte d’être Saint Laurent ; de devoir livrer 4 collections par an et d’être une star. Bonello s’attache d’ailleurs plutôt à sa vie mentale qu’aux aléas de sa carrière, en embarquant le spectateur au plus profond d’un personnage génial mais torturé qui, à force d’abus de drogues, de sexe et d’alcool, finira par se perdre et toucher le fond.
Un choc visuel viscontien
Au terme de cette décennie marquée par l’insouciance des années pré-Sida, le réalisateur nous invite à un audacieux saut dans le temps où l’on se retrouve en 1989 avec un Yves Saint Laurent incarné, non plus par le très bon Gaspard Ulliel, mais par Helmut Berger, l’un des acteurs fétiches de Visconti auquel Bertrand Bonello fait souvent référence avec quelques scènes que l’on croirait sorties de l’un de ses films. Des scènes très esthétiques qui contribuent au choc visuel que l’on reçoit tout au long de la projection jusqu’au fabuleux défilé de la collection « Ballet russe », la collection dont le couturier était le plus fier. Même s’il est un peu long (2h30), ce « Saint Laurent » est une belle réussite dont on espère qu’elle ne sera pas trop éclipsée ce soir par la projection, hors Festival mais très médiatique, du film d’Abel Ferrara avec Gérard Depardieu « Welcome to New York », sur l’Affaire DSK.