Saisie des biens de Bernard Tapie : inquiétudes à Nice-Matin

Posté mer 10/07/2013 - 09:56
Par admin

Selon le quotidien "Le Monde", la justice, par mesure conservatoire, a saisi certains biens de Bernard Tapie. Il est également demandé au Parquet d'inclure d'autres biens dans la saisie, dont les parts que l'homme d'affaires détient dans le Groupe Hersant Media, propriétaire des journaux de Nice-Matin et de La Provence. De quoi inquiéter les journalistes déjà remontés face à six mois d'inaction des propriétaires.

Des problèmes en vue par ricochet pour le Groupe Hersant Media dont fait partie Nice-Matin, suite à la décision de la justice de saisir les biens de Bernard Tapie dans le cadre de l'affaire de l'arbitrage. Selon Le Monde, les juges Serge Tournaire et Guillaume Daïeff, "chargés d'éclaircir les conditions dans lesquelles Bernard Tapie a pu obtenir un arbitrage favorable pour régler son litige avec le Crédit lyonnais, ont délivré une série d'ordonnances de saisies pénales, après avoir obtenu l'accord du parquet de Paris."

La saisie des parts de Bernard Tapie dans GHM également demandée au Parquet

Outre les comptes bancaires, les deux assurances vie souscrites par le couple (plus de 20 M€), l'hôtel particulier de la rue des Saints-Pères, à Paris (près de 70 M€), la villa de Saint-Tropez (achetée en 2011 pour 48 M€), les juges ont également demandé "l'avis du parquet pour saisir six comptes bancaires, un contrat d'assurance-vie de 180 millions d'euros détenu par la holding Groupe Bernard Tapie domiciliée à Bruxelles, et même les parts de l'homme d'affaires sur la SA Groupe Hersant Media, les journaux La Provence et Nice-Matin, rachetés par M. Tapie." Dans la foulée de la mise en examen, cette saisie conservatoire ne préjuge pas de la culpabilité, mais vise à éviter que le mis en cause n'organise son insolvabilité. Des biens qui provisoirement, seront gérés par l'AGRASC (Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués) agissant au nom de l'Etat.

Si pour l'instant la saisie des parts dans GHM n'est pas actée (elle risque cependant de l'être prochainement), ce point a provoqué ce matin l'inquiétude des salariés de Nice-Matin et de La Provence. La crainte est en effet celle d'une déstabilisation de l'actionnariat de GHM tel qu'il avait été établi après le rachat du groupe par Bernard Tapie et la famille Hersant en fin d'année dernière. Un groupe qui se trouvait en grosse difficulté financières et dont la situation n'est pas encore rétablie. Ainsi, en février dernier, Bernard Tapie avait dû signer sur ses fonds un chèque de 4,3 millions d'euros pour payer les salaires de février à La Provence et Nice-Matin. Qui désormais viendrait renflouer en cas de nouveau déficit ?

Lire dans Lemonde.fr : "Affaire Tapie : la justice saisit les biens de l'homme d'affaires"

Syndicat National des Journalistes : les promesses n'ont pas été tenues

Déjà lors de la mise en examen de Bernard Tapie, fin juin, pour "escroquerie en bande organisée", les syndicats de journalistes avaient réagi, non pas pour commenter la décision de la justice, mais pour faire le bilan qu'ils jugent très négatifs des six premiers mois de l'homme d'affaires à la barre de GHM. A Nice-Matin, le SNJ (Syndicat National des Journalistes) avait juste remonté son communiqué à la direction, tandis que le SNJ de la Provence l'avait largement diffusé.

L'occasion de dire que rien ne s'était passé depuis décembre 2012, date de la validation du plan de continuation des journaux du sud (et des Antilles) du groupe Hersant Média, par le tribunal de commerce de Paris. "Aucune suite n’a été donnée aux promesses d’investissement faites par le nouvel actionnaire, le groupe Bernard-Tapie", écrivait le SNJ de La Provence dans un communiqué diffusé le 1er juillet dernier, communiqué reprenant les mêmes griefs que ceux du SNJ de Nice-Matin. "Aucun plan de relance du groupe Hersant."

"Ce dernier a bénéficié d’un allègement considérable de ses dettes bancaires. Il a modifié les statuts de la société, fait entrer trois nouveaux administrateurs (M. Tapie (BT), son avocat Me Lantourne, et un de ses fils) au sein d’un conseil d’administration toujours présidé par le très silencieux Philippe Hersant. Il a rendu soi-disant moins opaque le montage financier inter-filiales qu’il avait échafaudé, et le groupe BT est entré dans l’actionnariat à hauteur, selon nos informations, de 20M€."

"Nous n’avons pas de communication sur l’audit réalisé par Patrick Le Lay à la demande de BT, nous avons accueilli à sa demande un nouveau directeur général délégué, directeur de publication, en la personne d’Olivier Mazerolle. Les différents projets (refonte du journal, investissement portage, commercial, régie publicitaire, site internet valorisé et payant) sont dans l’attente d’une décision de ce couple d’actionnaires dont le SNJ estime l’inertie coupable. Ils s’étaient engagés devant le Tribunal de commerce à pérenniser et développer notre entreprise. Ils sont comptables de ce pacte face aux 700 salariés de La Provence dont 200 journalistes".

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