SNCM : menaces sur les liaisons NGV Nice-Corse
La Société nationale Corse-Méditerranée, qui va annoncer des mesures de redressement, pourrait supprimer les navires à grande vitesse au départ de Nice. Une mauvaise nouvelle pour un trafic passagers sur la Corse déjà en chute libre (-29% sur les 8 premiers mois 2004).
La SNCM va-t-elle retirer ses NGV (Navire à Grande Vitesse) de Nice ? La question semble se poser d'une manière persistante depuis quelques jours. C'est en effet l'une des mesures de redressement qui est envisagée à la Société Nationale Corse Méditerranée, à l'issue des trois semaines de grève de septembre qui ont dégradé un peu plus ses finances (le déficit de 2004 était déjà estimé à 21 millions d'euros et la compagnie avance une perte de chiffre d'affaires de l'ordre de 6 millions d'euros avec la grève). La situation actuelle est d'autant plus critique que la compagnie n'en est pas à ses premières difficultés. Bruxelles avait ainsi avalisé en 2003 un plan de recapitalisation de 66 millions d'euros lui permettant de passer un mauvais cap.Mais ce plan est assorti de règles strictes avec lesquelles la SNCM doit composer jusqu'à fin 2006. Ainsi, la flotte a déjà été réduite de 13 à 11 navires, 300 emplois ont été supprimés tandis que Bruxelles a interdit à la SNCM de se lancer dans des guerres de prix sur les lignes à destination de la Corse, autres que celles soumises à l'obligation de service public. Pour assurer aujourd'hui sa survie, la compagnie n'a donc plus les mains libres.C'est dans ce contexte que doivent être prises de nouvelles mesures de redressement. Des décisions qui devraient être présentées lors d'un comité d'entreprise extraordinaire qui se tiendra avant la réunion du conseil d'administration du 7 octobre. A l'annonce de ce nouveau plan, les syndicats ont déjà exprimé leurs craintes de voir supprimer les liaisons Nice-Corse par NGV. Pourquoi ces liaisons qui génèrent un trafic de 300 à 400.000 passagers par an ? Parce que, d'une part elles sont les plus coûteuses et que d'autre part, la concurrence de l'autre compagnie, Corsica Ferries, y est plus féroce.Des syndicalistes eux-mêmes ont admis qu'un navire à grande vitesse comme le Liamone, consommant treize tonnes de fuel raffiné à l'heure, est un gouffre financier. Un gouffre qui s'approfondit encore avec la forte hausse du prix du fuel de ces derniers mois. Mais le retrait sur ce créneau très porteur des NGV, consacrerait pratiquement la victoire de Corsica Ferries qui serait alors la seule compagnie à jouer les traversées à grande vitesse de Livourne (Italie) à Toulon, en passant par Nice et Savone. La CGT a d'ailleurs préventivement laissé entendre que l'arrêt des lignes de Nice, signifierait la reprise d'un conflit d'importance.Pour le port de Nice, ces nouvelles difficultés de la SNCM risquent fort de faire retomber le trafic Nice-Corse qui avait littéralement explosé ces dernières années avec la mise en place des NGV. L'année 2004, déjà, enregistre une très forte décrue liée en grande partie à la mauvaise saison touristique de la Corse. Lors de la réunion de conjoncture économique de la CCI à la mi-septembre, le trafic passagers de Nice pour la Corse affichait une baisse de 29% pour des 8 premiers mois 2004. Il était revenu aux chiffres de 2001 alors que l'année dernière, pour la même période, il était monté (son record) à 737.000 passagers. Autant dire aussi que Nice suit avec beaucoup d'attention l'évolution de la situation à la SNCM…