Sophia : ActiVia, c'est fini

Posté lun 14/04/2003 - 00:00
Par admin

La start-up (30 salariés), "spin off" de l'Inria, a été mise en liquidation vendredi. Avec elle tombe l'un des plus formidables paris de la technopole : bâtir un Cisco de l'acheminement intelligent de contenu Internet (CDN -Content Delivery Networks). :-((

C'était l'un des grands espoirs de la technopole. Avec UDcast et Castify Networks, ActiVia Networks était l'une des trois sociétés technologiques sophipolitaines placées sur le créneau planétaire de la diffusion de contenu sur Internet. Pourtant, en dépit de l'exceptionnelle qualité de ses équipes, ActiVia n'ira pas plus loin. En cessation de paiement, la start-up sortie en avril 2000 de l'Inria Sophia sur le créneau du CDN (réseaux de diffusion de contenus sur Internet) avait dû déposer le bilan le 14 février dernier. Le Tribunal de commerce de Grasse lui avait accordé une période d'observation de deux mois. Avec échéance à la fin de la semaine dernière. Une échéance fatale.Les scénarios d'une continuation n'ont pas pu être finalisésLe délai court, en effet, n'a pas permis à l'entreprise de finaliser l'un des trois scénarios possibles : une reprise avec un des acteurs de l'industrie; une fusion avec un acteur du secteur du cache; un redémarrage sur une nouvelle stratégie avec une levée de fonds plus modeste que ce qui était initialement envisagé (de l'ordre de 3 millions d'euros avec intervention des investisseurs actuels comme Sofinnova et Cross Atlantic Ventures).D'un côté, le partenariat avec une grande société de cache n'a pas pu être finalisé à temps. De l'autre, les investisseurs étaient bien prêts à remettre au pot mais seulement à condition qu'un industriel du secteur investisse en même temps et aucun industriel n'a été trouvé. Pas de portes de sortie dans l'immédiat. La liquidation pour ActiVia et ses trente salariés ne pouvait qu'être prononcée. Une fin de l'aventure qui, comme celle qui a touché Dust voilà quelques mois, est un nouveau coup dur pour la technopole.Les explications de Frank Lyonnet, le président fondateurFrank Lyonnet, le président fondateur, avait repris la présidence après le départ de Pierre Liautaud. C'est lui qui a refermé la porte. Il a su néanmoins analyser cet échec avec recul et sans amertume. Il explique. "Dès le départ, notre pari a été très ambitieux. Nous voulions faire le Cisco du CDN (Content Delivery Networks) avec des équipements standards, incontournables, quelque soit le type de technologie de cache que l'on y associait. Tous nos développements avaient aussi pour objectif de lancer un produit universel pour l'acheminement de contenu sur le réseau IP". "Mais le marché à tardé. Il fallait garder une flexibilité. Ce qu'a su faire Castify Networks à qui je rends hommage. Ce que nous n'avons pas fait à temps. La société sophipolitaine, "spin off" d'Eurécom, a pris la décision très tôt d'intégrer un cache dans son offre. Elle a su ainsi se positionner sur le "must have" actuel. Sur ce que les entreprises recherchent en premier : le cache. Ce qui lui a permis de dégager des revenus.Le "must have" était le cache, pas le CDN"Il faut savoir," poursuit Frank Lyonnet, "qu'il y a un rapport de 1 à 10 entre ce qu'une entreprise est prête à payer pour les caches et pour les systèmes de CDN qui permettent à ces caches d'avoir une application. Le "must have" était le cache, pas le CDN. Un client demande d'abord le cache et après le reste. Dans le partenariat que nous avions noué avec Network Appliances, nous nous sommes ainsi toujours retrouvés en deuxième ligne. Nous jouions en fait le rôle de "teaser", celui qui donnait une attractivité supplémentaire aux caches de Network Appliances. Les partenariats que nous avions ensuite signés avec Equant, avec France Télécom, puis avec Cisco pour commercialiser nos systèmes auprès des entreprises, ont bien donné des fruits. Mais pas assez rapidement."ActiVia Networks, tombé à la mi-avril 2003, trois ans après l'explosion de la bulle Internet, ne rejoindra pas Ilog, autre spin off de l'Inria, dans les "success stories" de la technopole. Reste quand même un remarquable "savoir-faire" accumulé. D'autant plus qu'ActiVia avait réussi à réunir les meilleurs. Aux docteurs de l'Inria qui avaient fondé la société, s'étaient joints des personnalités comme Pierre Liautaud, ex-IBM, qui fut CEO d'@viso, l'incubateur européen, filiale commune de Vivendi Universal et de Softbank; Marc Chanteloube, 42 ans, fondateur de Compaq France; Sacha Fosse-Parisis, fondateur d'Aucland avec Fabrice Grinda, et créateur de la plate-forme logicielle d'un des premiers grands sites d'enchères européen.Une véritable "dream team" qui n'aura pas pu développer tout son talent faute d'avoir eu les moyens d'imposer son pari : jouer un rôle majeur au coeur du CDN, ce gigantesque marché de diffusion des contenus Internet, en restant indépendant des grandes sociétés de cache.

Jean-Pierre  Largillet

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