C'est une nouvelle qui, en fin de semaine dernière, a mis en émoi les quelque 3.000 personnes qui travaillent dans le centre de recherche et développement d'Amadeus à Sophia Antipolis. Elle vient de la sérieuse Lettre A, lettre payante sur le Web, à l'usage des décideurs de haut niveau. Sous le titre interrogateur, "Amadeus : finalement, la vente à IBM ou HP ?", il était noté que "le retour en Bourse d'Amadeus, annoncé à lautomne, pourrait finalement ne pas avoir lieu. Tout en continuant d'envisager une mise sur le marché de 30% du capital, les deux actionnaires majoritaires, les fonds BC Partners et Cinven, étudient à présent un nouveau scénario qui consisterait en une cession pure et simple de la centrale de réservation, des repreneurs s'étant montrés intéressés".
L'introduction en bourse reste la seule solution à l'ordre du jour
Pour ceux qui suivent les grandes opérations de fusion-acquisition relancées voilà quelques mois ou en préparation de par le monde, cette éventualité d'un rachat d'Amadeus par IBM, Hewlett-Packard ou une autre des méga entreprises de l'économie numérique n'a rien de farfelue. D'autant moins que pour Amadeus, l'année 2010 s'annonce comme celle du grand tournant. BC Partners et Cinven avaient racheté le groupe en LBO début 2005 pour 4,3 milliards d'euros. Depuis, il a renforcé sa position de leader mondial pour la fourniture de solutions technologiques au service de l'industrie du tourisme. Mais les deux fonds d'investissements n'ont pas vocation de garder Amadeus en portefeuille. Ils avaient annoncé ouvertement dès septembre dernier leur intention de remettre en bourse 30% des parts (ils en détiennent 52,76%, le groupe ayant été retiré de la bourse lors du rachat).
Auraient-ils depuis changé leur fusil d'épaule ? Les salariés d'Amadeus et notamment ceux de Sophia Antipolis ont posé la question à la direction. La section CGT de l'entreprise a d'ailleurs fait circuler un tract dénonçant par avance cette revente à un grand groupe informatique. La réponse qui a été donnée en interne, c'est que la solution d'introduction en bourse (l'IPO pour Initial Public Offering) reste pour l'instant la seule à l'ordre du jour mais que, dans les années qui viennent, personne ne peut dire si Amadeus restera indépendant ou sera "croqué" par plus gros que lui (IBM ou HP sont de l'ordre de 20 fois plus gros qu'Amadeus par exemple).
Une valorisation entre 6 et 8 milliards d'euros
Jusqu'à présent, Amadeus a été considéré comme "stratégique" par les compagnies aériennes européennes qui l'ont fondé. Air France à hauteur de 23,14%, Lufthansa et Ibéria à 11,57% chacun, sont d'ailleurs restés au capital lors de l'opération de rachat par BC Partners et Cinven et ont gardé le contrôle. Depuis ce rachat, Amadeus a progressé. Avec un chiffre d'affaires annuel de l'ordre de 3 milliards d'euros, il fait jeu égal avec l'Américain Sabre, établissant ainsi pour les technologies du voyage une sorte de duopole mondial à l'image d'Airbus et Boeing pour l'aéronautique. Ses fondamentaux restent bons.
Sa valorisation aussi a monté. Le groupe est désormais valorisé entre 6 et 8 milliards d'euros. Les compagnies aériennes qui traversent des temps actuellement très difficiles considéreront-elles qui est toujours aussi important de garder cet actif stratégique ou seront-elles tentées de sortir du tour de table ? C'est une des questions qui se posent aujourd'hui avec des réponses qui devraient intervenir dans les semaines qui viennent. Pour Amadeus, aussi, le plus gros employeur de Sophia Antipolis, ce début d'année 2010 risque d'être particulièrement brûlant.
|
L'éco de la Côte.