Sophia : avec Centrium, Christophe Courtin lance le concept de "flexoffice"

Le fondateur de l'assurtech Santiane, reconverti dans l'immobilier d'entreprise à Sophia Antipolis, vient de lever 40 M€ auprès de BNP Paribas et d'Arkea pour son projet Centrium d'un espace de 13.500 m2 de bureaux dans la technopole. Un projet avec lequel il compte mettre en œuvre un concept de "flexoffice" pour de petits bureaux à la location sans engagement et avec services à la carte, ciblant les télétravailleurs et les sociétés qui recommenceront à se développer. L'immobilier du "monde d'après".

Christophe Courtin

Quel changement de paysage en un mois ! Pour Sophia Antipolis, alors que la pandémie s'installe en "plateau" en France et continue de ravager le monde, il y aura aussi un monde d'avant et un monde d'après le coronavirus. Le 10 mars dernier, la technopole inaugurait encore sa Maison de l'Intelligence Artificielle. La barre des 40.000 emplois venait d'être franchie et un solde de 1.500 emplois supplémentaires s'était affiché en 2019, l'année du 50ème anniversaire. Mais depuis tout a basculé. De bleu en début d'année l'horizon est passé au noir. (Photo DR : Christophe Courtin).

Christophe Courtin parie sur la "résilience" de Sophia Antipolis

A travers la baisse de régime de la locomotive Amadeus, plombée par l'arrêt presque complet du trafic aérien, avec les pertes de marché dues au confinement et la crise économique redoutable qui se profile, Sophia Antipolis pourrait perdre plusieurs milliers d'emplois et effacer la belle croissance de ces dernières années. Des temps difficiles s'annoncent. Certes. Mais la technopole peut compter sur ses capacités de résilience qui lui ont déjà permis de passer entre autres l'explosion de la bulle Internet au début des années 2000 et la crise financière des subprimes en 2008.

En tout cas, si quelqu'un parie sur la "résilience" de Sophia Antipolis, c'est bien Christophe Courtin. Le fondateur de l'assurtech Santiane, reconverti dans l'immobilier d'entreprise avec la société Courtin Real Estate, continue de foncer. Il vient ainsi de lever 40 M€ auprès de BNP Paribas et d'Arkea, pour financer son grand projets immobilier de Centrium (le réaménagement complet du Village d'entreprise de la technopole avec 13.500 m2 de bureaux). Un projet qui prendra un peu de retard en raison des interruptions de chantier dus au confinement (prévu pour le 4ème trimestre 2021, il a été décalé au 2ème ou 3ème trimestre 2022).

Une analyse de ce que pourrait être "le monde d'après"

La stratégie de Christophe Courtin ? Ne pas se laisser abattre et chercher à décrypter le "monde d'après" pour répondre aux nouveaux besoins et faire redémarrer l'activité économique en sachant bien que l'on ne va pas repartir comme avant.

"Nous vivons une période dramatiquement historique. Aussi, j'ai hésité à communiquer sur la levée de fonds alors que tant d'entreprises et de personnes souffrent de la pandémie. Mais je l'ai fait finalement pour montrer que tout ne s'arrêtait pas, que des investisseurs continuaient à parier sur une reprise de l'activité notamment dans la technopole. Car s'il y a un territoire qui peut se relever, c'est bien Sophia Antipolis."

Le "monde d'après" sera néanmoins différent. Pour Christophe Courtin, la reprise devrait se faire avec une nouvelle accélération du phénomène de digitalisation et concernera particulièrement le domaine de la santé, des nouveaux matériaux, des biotechs. Sur le créneau de l'immobilier d'entreprise, il est évident que s'il y a des pertes d'emploi importantes, des difficultés sont à attendre. Cependant sur Sophia, ce sont les locaux anciens, déjà largement en perte de vitesse, qui risquent d'être plus particulièrement touchés.

Après le coworking, le "flexoffice"

Mais le pari de la reprise, Christophe Courtin le fait sur un nouveau concept de bureau : au-delà du coworking, le "flexoffice". Il s'en explique. "Des emplois vont disparaître sur la technopole. En revanche, comme pour les crises précédentes, cela se traduira par de nouveaux projets et la création de startups. D'autre part, la réindustrialisation dont il est maintenant question, va créer des besoins de bâtiments logistiques qui vont eux-mêmes engendrer des besoins en bureaux."

"Le développement du télétravail va augmenter le besoin de bureaux de proximité intermédiaires entre le domicile et l'entreprise pour ceux qui ont des difficultés à travailler à la maison. Il faudra aussi tenir compte d'une méfiance envers les grands "open space" que l'on retrouve dans les espaces de coworking et avec lesquels la distanciation sociale est difficile. D'où une nouvelle offre que nous avons mis sur pied : le "flexoffice".

Une filiale de Courtin Real Estate dédiée au "flexoffice"

"Il s'agit d'un concept qui sera mis en oeuvre sur Centrium. Dans un ensemble de bureaux de 13.500 m2 avec salle de sport, centre de formation, conciergerie digitale, restaurants, quelque 4.500 m2 ont déjà été réservés au "flexoffice". Cet espace, situé dans le bâtiment central, pourrait même être encore élargi."

"Ce seront des petits bureaux cloisonnés, entièrement équipés, bénéficiant de débits Internet encore accentués et équipés pour les visioconférences avec Zoom, Skype ou autres. Des surfaces flexibles qu'il sera possible de louer avec un minimum d'engagement, à partir de quelques heures par semaine avec des services à la carte." Christophe Courtin compte d'ailleurs créer une filiale autour du flexoffice et a embauché à sa tête une des grandes spécialistes du coworking.

La formule est lancée. Elle pourrait permettre à l'immobilier d'entreprise de traverser une passe difficile et à l'activité économique, une fois remise en marche, de se développer à nouveau sur des bases agiles.

 

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