Sophia : bataille dans le cockpit
La gestion de Sophia pourrait être reprise à la CASA (Communauté d'agglomération de S. A.) pour être rendue au SYMISA (Syndicat Mixte de S. A.). C'est ce qu'a conclu le commissaire du gouvernement suite à un recours de la commune de Mougins devant le Tribunal Administratif.
Officiellement tout allait bien. C'était l'entente presque cordiale entre les institutionnels pour la gestion et le développement de Sophia Antipolis. Voilà pour le message officiel. Il avait été asséné une nouvelle fois lors de la réunion conférence sur Sophia Antipolis qu'avait organisée la JCE d'Antibes Sophia Antipolis. Le passage de relais entre le Conseil général, qui avait jusqu'à présent l'économie de la technopole dans ses attributions et la CASA, la Communauté d'agglomération de Sophia Antipolis, qui, de par la loi, s'en est vu confier le gouvernail cette année se ferait ainsi presque sans problèmes. Tout juste un peu de temps serait-il nécessaire pour assurer le transfert des compétences.Le cas de MouginsUn consensus de façade qui cache mal cependant le piétinement complet auquel on assiste à la tête de la technopole depuis une bonne année. Entre le Conseil général et la CASA, même si l'on reste entre gens bien élevés, la lutte n'en est pas moins sourde pour le contrôle d'une des premières technopoles européennes. A tel point que l'affaire, indirectement, se retrouve portée devant le Tribunal Administratif. Celui-ci s'est donc penché vendredi dernier sur un recours de la commune de Mougins qui s'est estimée lésée par l'arrêté préfectoral qui retirait au SYMISA (Syndicat mixte de Sophia Antipolis) les compétences économiques sur Sophia Antipolis en terme d'aménagement et d'entretien, compétences qu'elle a données à la CASA.L'argument de Mougins ? Cette commune historique du parc a choisi de se tourner plutôt vers Cannes. Or avec ce transfert de compétences à la CASA, elle va perdre tout pouvoir de contrôle sur la zone du Font de l'Orme (on y trouve notamment SAP, le laboratoire Allergan, etc) qui est incluse dans le parc technologique. Le SYMISA, pour Mougins, avait l'avantage de représenter tout le monde (la commune en faisait partie aux côtés du Conseil général et de la CCI). En revanche, elle ne sera pas représentée par la CASA.Le Préfet propose la création d'un comité provisoireDans ce procès, certains n'y ont vu qu'une manoeuvre du Conseil général qui, via le problème de Mougins, espère ainsi retrouver la main sur Sophia. D'autres ont plaidé le fait que Sophia, qui s'est développé avec l'Etat et le département, doit être du ressort d'une entité plus grande que la seule communauté d'agglomération. S'en tenant à la lecture de la loi, le commissaire du gouvernement, vendredi, a suivi l'argumentation de Mougins et a conclu à l'annulation de l'article de l'arrêté préfectoral qui retirait les compétences au SYMISA pour les transférer à la CASA. L'affaire est en délibéré, en sachant que le Tribunal administratif suit souvent (sans que cela soit une obligation) l'avis du commissaire du grouvernement.Suite à ces conclusions aussi, le préfet des Alpes Maritimes, Pierre Breuil, a proposé dès vendredi soir une solution pour sortir de l'ornière. Dans un communiqué, il propose la création d'un "comité provisoire dédié à Sophia Antipolis, dont les missions doivent permettre de prendre les décisions les plus immédiates et d'étudier les moyens à mettre en place en vue de la création d'une structure pérenne de gouvernance." Le préfet, d'autre part organisera un déjeuner de travail vendredi 20 décembre pour réunir l'ensemble des acteurs, président de région PACA inclus a-t-il été précisé. Mais dans la conjoncture difficile que traverse actuellement le secteur high tech, la technopole se serait bien passée de cette crise du pouvoir, de cette bataille dans le cockpit, qui se jouait en sourdine depuis plus d'un an et qui débouche en plein jour maintenant.