Sophia : bras de fer CNRS-Biosantech autour du vaccin anti-VIH

Posté mer 01/03/2017 - 19:21
Par admin

La présentation des résultats de la première phase de test du vaccin thérapeutique anti-VIH de Biosantech, résultats qui confirmaient l'intérêt de la découverte, n'a pu avoir lieu hier. La veille, la direction parisienne du CNRS avait interdit à son chercheur, le Dr Erwaan Loret de s'exprimer sur ses recherches. Corinne Treger, présidente de la société sophipolitaine, n'en reste pas moins bien décidé à se battre pour poursuivre le développement du vaccin anti Sida.

Sophia : bras de fer CNRS-Biosantech autour du vaccin anti-VIH

La société sophipolitaine Biosantech est-elle en position de mettre sur le marché une arme efficace contre le Sida? Un vaccin thérapeutique qui puisse remplacer les lourdes et couteuses trithérapies? Vue sous cet angle, la conférence de presse organisée hier au Golden Tulip de Sophia Antipolis pouvait être historique. Chercheur CNRS, découvreur de la protéine TAT Oyi (elle s’attaque à la toxine TAT qui protège le virus du sida de l’action du système immunitaire), le Dr Erwann Loret allait présenter devant les médias français le bilan et les perspectives d'un vaccin thérapeutique anti-VIH dont la première phase de test s'annonçait prometteuse.

Sauf qu'à l'arrivée, la présentation n'a pas pu être faite. Le Dr Loret n'était pas là. La veille, à 15 heures, la direction du CNRS à Paris lui avait notifié une interdiction de s’exprimer sur ses recherches sur le vaccin, recherches qui, selon Corinne Treger, présidente de Biosantech, étaient arrêtées dès ce jour. De ce fait la conférence de presse tourna autour du bras de fer engagé entre la direction parisienne du CNRS et Biosantech.

Une première passe d'arme au printemps 2016

Ce n'est cependant pas la première passe d'arme. En juin 2016 déjà, la direction du CNRS avait ordonné à son chercheur de cesser toute recherche sur le vaccin Tat Oyi et d'arrêter à travailler avec Biosantech. "Et cela malgré les résultats très encourageants publiés deux mois auparavant des premiers résultats de l’essai clinique EVATAT (phase I/IIa) dans Retrovirology", souligne Corinne Treger. "Cet essai clinique (toujours en cours) avait été autorisé par l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) en 2013. L’autorisation couvrait une phase I/IIa qui est terminée et une phase IIb qui n’a pas encore commencée."

En septembre toutefois, le Dr Loret réussit à trouver une unité de recherche à Marseille (l’IMBE dirigé par le Pr Thierry Tatoni) qui accepte de l’intégrer tout en gardant son laboratoire à la faculté de Pharmacie où a été produit le vaccin Tat Oyi. Un rattachement que la direction du CNRS à Paris n'a pas pu refuser.

Corinne Treger : "des résultats jamais observés chez des patients sous trithérapie"

Aujourd'hui, que penser de ce nouvel épisode qui parait affligeant sur un terrain où tant de souffrances sont en balance? Pourquoi ? Très combative, Corinne Treger l'explique en mettant en avant le fait qu'elle n'appartienne pas au "sérail". Elle y ajoute la peur d'une déstabilisation de l'industrie pharmaceutique avec la mise sur le marché d'un produit peu cher, efficace et qui guérisse (les trithérapies ne font que stopper la propagation du virus).

"Nous n'avons pourtant jamais été aussi proche du but", ajoute-t-elle, arguant de résultats exceptionnels, "jamais observés chez des patients sous trithérapie", dont "deux cas de retro séroconversion depuis l’automne 2016." Corinne Treger ne comprend pas non plus pourquoi il a été possible quelques jours auparavant, d'aller présenter devant la communauté scientifique réunie à Berlin les perspectives du vaccin quatre ans après les premières injections et ensuite d'interdire d'en parler.

Le risque de voir  le vaccin anti-VIH enterré

Mais sa grande peur aujourd'hui, c'est de ne pouvoir engager la phase IIb, celle qui étudiera les patients en état de retro séroconversion avec arrêt complet de leur trithérapie, pour observer une éventuelle étape de guérison fonctionnelle (à savoir l’indétectabilité des cellules et particules virales pendant trois mois après l’arrêt de la trithérapie). Faute de pouvoir rapidement engager cette phase, l'autorisation pour un essai clinique donnée en 2013 par l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) tomberait et le projet de vaccin se verrait enterré.

Triste perspective si ses potentialités sont bien celles qu'on lui attribue.

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