Sophia : Elaiapharm retrouve la santé

Posté lun 06/01/2003 - 00:00
Par admin

Le laboratoire, ex-Glaxo Wellcome, s'était lancé en janvier 2001 dans le pari fou d'un plan de reprise par continuation. Deux ans après, estime le Pdg Patrick Mélières (photo Une), l'entreprise a gardé ses salariés, tenu ses engagements et peut regarder vers l'avenir.

Que devient Elaiapharm, l'ex-Glaxo Wellcome, que la maison-mère avait abandonné vers la fin des années 90 ? Deux ans après l'acceptation du plan de relance par le Tribunal de Commerce, le sinistre industriel redouté ne s'est pas produit. Le laboratoire sophipolitain se porte sinon bien, du moins a assuré la partie la plus délicate de son redressement et a gardé les effectifs sur lesquels il s'était engagé (environ 120 personnes). C'est ce qui ressort du point fait récemment, à l'occasion de la fin de l'année par le Pdg Patrick Mélières.Trois périodesCe dernier, revenant sur la crise qui a secoué l'entreprise, a distingué trois étapes. "La première période peut être définie comme une période « sous perfusion économique » totale du groupe Glaxowellcome. Elle a tout d’abord confiné la société dans un confort artificiel. Une baisse programmée des volumes et des marges du contrat de fourniture, pourtant prévue, a pris brutalement, devant la chute trop importante des volumes, une allure de sanction pour l’entreprise. Mais, à l’évidence, Elaiapharm n’était pas encore dans le marché et n’avait aucune flexibilité pour répondre aux attentes des clients.Pour Patrick Mélières, la seconde période a été celle du redressement judiciaire, du 13 septembre 1999 au 22 janvier 2001. Pour faire face à la réalité économique nouvelle de l’entreprise et à son enjeu social il a fallu réagir et prendre certaines décisions comme l’arrêt de la chimie, le plan social, la redéfinition d'un recentrage sur le métier de base avec toutes les conséquences sur l'organisation, "mais surtout, la programmation délicate d’une longue période de sous activité, qu’il fallait identifier, financer et tenter de combler au plus vite pour faire repartir notre activité de production".La troisième période est celle du plan de continuation à partir de janvier 2001. Il s'agissait d'un "pari risqué et fou, concrétisé par le plan de reprise par continuation. Il avait comme unique ambition, à la limite du réalisme, de repartir de rien, avec le maximum de salariés dans un environnement optimiste et considéré probablement comme démesuré à l’époque", rappelle le Pdg. Avec des engagements de deux ordres : social (l’effectif employé maintenu à 123 salariés) et financier (un passif non vérifié à payer de 69 199 366 francs).Les engagements du plan de continuation"Le suivi et l’application des engagements du plan, qui n’étaient alors que des hypothèses, ont tous été entrepris et sont tous aujourd’hui concrètement réalisés, signale Patrick Mélières. Et de noter- La négociation du réméré a été réalisée pour 75 millions de francs avec une avance de 50 M.F.- Le financement de la sous activité de la première année du plan a été réalisé comme prévu par la vente à réméré.- Le remboursement des créanciers a été effectué conformément aux engagements du plan.- Un plan échelonné de remboursement de la créance a été réalisé et les échéances sont honorées.- La négociation sur le rachat de la créance de 3i a été réalisée pour : 20,5 M.F.- La négociation de l’abandon de la créance de GlaxoWellcome réalisée pour : 14,3 M.F.- Avec l’aide de Maître Gauthier, nous avons pu enregistrer de nouveaux abandons de créances pour : 2,8 M.F.- Une cession d’une parcelle de terrain à hauteur de : 6,5 M.F.- La négociation des actifs non stratégiques réalisés pour une valeur de : 1,1 M.F.- La négociation de la vente des AMM.avec ordonnance du Tribunal pour :14,4 M.F.- L’optimisation des surfaces administratives pour les convertir en loyer et couvrir ainsi une partie de nos coûts de remboursements du réméré a été réalisée et couvre effectivement à ce jour : 80 % du coût de notre remboursement du réméré.- La reconquête du crédit moral d’ELAIAPHARM par la profession est effective et indiscutable.- L’optimisation de notre outil industriel a été concentrée sur nos principaux axes de développements.- La mise en place d’une politique commerciale.- L’optimisation de notre équipe de management.- La négociation de nouveaux contrats de façonnage.- Mise en place d’une politique de communication.Transformer un laboratoire au service d'un groupe puissant en une PMI autonomeAujourd'hui, si Elaiapharm n'est pas encore parvenu à l'équilibre financier, elle espère l'atteindre dans les six mois. Le pari fou de la reprise par continuation peut être considéré comme gagné. Les contrats initiaux, limités dans le temps, représentaient pour la 1ère année du plan de continuation un chiffre d’affaires de 51 millions de francs, avec un volume de 6 millions de boîtes et de par les engagements, des charges fixes de 65 millions de francs.Faute de pouvoir être repris par un grand groupe pharmaceutique qui aurait taillé dans les effectifs pour optimiser l'outil à ses besoins, tout le travail de Patrick Mélières aura été de gagner de nouveaux marchés. Cela tout en faisant passer la structure d'un laboratoire au service d'un groupe puissant en une PMI dont le périmètre était très radicalement modifié et dont l’économie était passée de la dépendance à l’autonomie.Partenariat recherché avec un leader du service et du façonnagePour l'avenir, Elaiapharm compte beaucoup sur le façonnage pharmaceutique qui devrait connaître un fort développement au cours des trois prochaines années. "Les récentes mesures gouvernementales devraient en effet permettre aux façonniers, de devenir les premiers bénéficiaires du plan de relance du marché des médicaments génériques, estime Patrick Mélières. Le laboratoire mise beaucoup aussi sur le développement de lots pilotes et sur l'export, notamment sur l'Algérie où des partenariats industriels sont mis en place.Remis sur les rails, Elaiapharm ne dispose cependant pas de l'assise financière suffisante pour rester autonome dans la durée. L'entreprise continue donc à rechercher un partenariat. Non pas avec un laboratoire, mais avec l’un des groupes leaders du service et du façonnage international. Ce dernier pourrait y trouver soit la complémentarité galénique de ses propres activités, soit une optimisation de ses capacités pour répondre à la demande du marché. Le laboratoire Elaiapharm, lui, y assurerait sa pérennité après être passé au bord du gouffre.

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