Sophia et la nouvelle génération des parcs technologiques

Posté mer 02/12/2009 - 09:35
Par admin

Sophia et la nouvelle génération des parcs technologiques

Le Dr Yinqui Zia (à gauche), directeur général du Zhongguancun Science Park à Beijing. David Appia, président de l'AFII (Association Française des Investissements Internationaux).

 

Il y a 40 ans, Sophia Antipolis s'inscrivait en pionnier. Aujourd'hui, même si la technopole azuréenne reste une formidable référence en matière de parc technologique, le concept s'est répandu. Surtout, de par le monde, des parcs technologiques ont été créés à une échelle sans commune mesure avec Sophia et avec des moyens d'une totale autre dimension. C'est ce qui a pu être constaté une nouvelle fois la semaine dernière à l'occasion du récent rendez-vous annuel de l'Association Internationale des Parcs Scientifiques (IASP), association fondée en 1984 par Pierre Laffitte, Président de la Fondation Sophia Antipolis. Deux journées organisées dans le cadre des 40 ans de la technopole et qui réunissaient des représentants non seulement des parcs technologiques européens (très peu de Français cependant), mais également chinois, coréens ou moyen-orientaux.

 

Quatre millions de personnes dans le Zhongguancun Science Park à Beijing !

 

La taille ? Il était possible de se sentir bien petit à côté du fameux Zhongguancun Science Park à Beijing, créé en 1988, près de 20 ans après Sophia. Des chiffres à la démesure de la Chine sont donnés par le Dr Yinqui Zia, directeur général. Eclaté dans la capitale chinoise, ce sont 4 millions de personnes qui vivent dans le parc scientifique chinois dont 1 million qui travaillent dans les 22.000 sociétés high tech du parc, France Telecom compris. Celui-ci compte aussi 70 universités, il y a 100 km d'un bout à l'autre de ce royaume de la technologie et dans les cinq dernières années quelque 6 millions de m2 de bureaux ont été construits ! Le tournis.

 

Côté moyens, Bahrein se place bien avec des investissements en cours de l'ordre de deux milliards de dollars. Même engouement chez les Coréens. Cela n'empêche pas la coopération. Ainsi, chaque année, le Zhongguancun Science Park à Beijing, joue les échanges avec Sophia.

 

La concurrence oblige les parcs à se différencier

 

Ce colloque a montré, comme l'avait déjà fait début novembre le Forum des Pôles de compétitivité, que la course à l'innovation est lancée et qu'il existe partout dans le monde une forte volonté de créer des "clusters" ou plus globalement des parcs scientifiques et technologiques. La concurrence oblige les parcs à se différencier et à viser l’excellence. En même temps, la "coopétition" (coopération et compétition) est devenue une composante fondamentale de leur dynamique ainsi qu’en témoignent les nombreux partenariats à l’œuvre à travers le monde.

 

Que ce soit à Beijing avec le fameux Zhongguancun Science Park, à Daejeon, en Corée du Sud, en Argentine ou encore à Bahreïn, partout d’immenses efforts de toutes natures (notamment sur le plan de la fiscalité) sont faits pour attirer investisseurs et entrepreneurs qui créeront les emplois de demain. "En France, les pôles de compétitivité, avec bientôt des pôles Ecotech, sont de formidables éléments d’attractivité pour les entreprises étrangères. Notre politique environnementale claire ainsi que les récentes incitations fiscales en faveur des "impatriés" et des entreprises, dont le crédit impôt recherche, sont autant d’éléments d’attraction pour notre pays" a affirmé David Appia, président de l’Agence Française pour les Investissements Internationaux.

 

Attirer les talents internationaux

 

Constante commune de tous les projets de parcs scientifiques : leur volonté de regrouper en un même lieu des talents en provenance de tous les pays du monde. Dès l’origine du projet, l’obsession de l’international est présente. "C’est une évolution majeure à laquelle nous assistons : les parcs concentrent tous leurs efforts sur l’aspect humain de leurs activités" a confirmé Sten Gunnar Johansson, président la section européenne de l’IASP et du parc scientifique de Mjärdevi, à Linköping en Suède. Pour séduire ces précieux talents, ils proposent les meilleures conditions d’accueil : logements, hôtels, écoles, terrains de sports, etc. Le parc scientifique n’est plus une partie périphérique de la ville : il devient une ville en soi. La concurrence entre parcs se fait désormais à l’échelle mondiale. François Laburthe, directeur R&D de Amadeus (système de réservation pour les compagnies aériennes) a ainsi fait remarquer que le centre de Sophia Antipolis, crée il y a 22 ans et où travaillent 2 050 personnes, est à présent complété par un autre centre de R&D basé à Bangalore en Inde.

 

D'où beaucoup de choix possibles et parfois des menaces pour certaines implantations. Séduit par les ressources humaines locales, l’éditeur de logiciel SAP est venu s’implanter à Sophia Antipolis en 1998 (200 personnes actuellement dans le SAP Lab de Sophia). Mais aujourd’hui, Mark From-Poulsen, Senior VP, SAP Services EMEA, est moins enthousiaste. Il insiste sur le fait que la législation du travail française est encore trop contraignante comparée à celle de l’Allemagne, le pays d’origine de SAP.

 

Nouvelle tendance majeure : l'environnement durable

 

Autre tendance majeure des parcs scientifiques et technologiques qui s'est imposée : l’environnement durable. Comme pour les talents internationaux, la Côte d'Azur avec Sophia et désormais l'Eco Vallée de la plaine du Var, est bien placée. Illustration le lendemain du colloque avec l’inauguration d’un EcoDesign Center dans la technopole, regroupant des compétences locales et des partenaires italiens et rhône-alpins pour aider les entreprises à faire de l’éco-conception.

 

Quant à Pierre Laffitte, le fondateur, il ne manque pas d'idées pour que Sophia reste pionnière. Son souhait à présent est d’inviter les entreprises et organismes de recherche à mettre en pratique le concept d'"Open Labs" ou encore de "Living Labs" comme cela se pratique en Scandinavie. Avec à la clé la volonté d'associer plus étroitement la population locale aux travaux de R&D et aux nouveautés qui sont mises au point. De quoi mieux lier la technologie aux usages dans un monde de l'innovation qui s'est singulièrement accéléré depuis la naissance de Sophia, il y a quarante ans…

 

 

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