Sortie de l'incubateur après 24 mois d'accompagnement, la société de Jean-Marc Krattli (photo Une) offre au monde de l'industrie une solution brevetée et innovante de visualisation des objets 3D complexes. Avec la perspective d'un chiffre d'affaires de 20 M€ dans les cinq ans.
A Jean-Marc Krattli, Pdg de la société Grooviz qui vient de sortir de l'incubateur PACA-Est après 24 mois d’accompagnement, c'est la même question qui est souvent posée : comment est-ce que vous vous différenciez par rapport à Seemage ? Seemage, autre société sophipolitaine sortie de l'incubateur PACA Est, a créé un étonnant "viewer", un logiciel de visualisation qui permet de mettre en scène la 3D. Grooviz, société créée le 13 août 2004, développe et commercialise lui aussi une solution brevetée et innovante permettant de visualiser des objets 3D avec une très haute qualité. La similitude s'arrête cependant là.
La puissance d'une ferme de serveurs pour visualiser des objets 3D sur un ordinateur
Seemage propose une application unique qui s'installe sur chaque ordinateur. Grooviz de son côté a adopté une architecture client/serveur. Les manipulations des gros dossiers de CAO se font sur des fermes de serveurs. Grâce à la technologie RealityLoungeTM, chaque ordinateur relié peut bénéficier de cette puissance informatique. La publication et la collaboration à distance sur des modèles CAO volumineux sont ainsi rendues possibles sur tout type d'ordinateur. Grooviz, qui joue la carte du travail collaboratif, se positionne donc d'emblée dans le monde de l'industrie et plus particulièrement dans celui des grands comptes.
"Notre approche est très différente des solutions de visualisation du marché," explique Jean-Marc Krattli. "Le principe de Grooviz est d'utiliser des ordinateurs distants pour aider à une visualisation locale. C'est un peu comme si on offrait une carte graphique ultra-puissante à travers le réseau. Actuellement, dans l'industrie, la conception d'un Airbus ou d'une voiture, par exemple, se fait en 3 D avec des logiciels de CAO (Conception assistée par ordinateur). Mais un des problèmes reste celui de l'assemblage. Si on traite un phare, une aile, les solutions existantes sont suffisantes. Mais si on veut réaliser l'assemblage d'une voiture complète, ou intégrer une aile d'avion au fuselage, les volumes de données à manier se révèlent vite trop importants."
Grooviz permet justement de rester opérationnel là où les autres logiciels de visualisation calent : dans les manipulations d'objets 3 D très complexes et donc très "lourds". Un point essentiel pour Jean-Marc Krattli. "L'industrie va continuer à évoluer et recourir de plus en plus à des prototypes virtuels. Chaque entreprise industrielle sera ainsi confrontée à un moment ou un autre à des problèmes de volume et d'assemblage. Avec les délocalisations, il sera aussi de plus en plus nécessaire de pouvoir visualiser des données lourdes situées sur des sites géographiques distants." Dans ce contexte Grooviz a un marché qui s'ouvre devant lui et sur lequel il se trouve pratiquement seul pour le moment.
Lauréat du Concours National du Ministère de la Recherche en 2004
SAS au capital de 37.000€, la société sophipolitaine en est aujourd'hui au stade de la pré-commercialisation. Des "pilotes" sont installés chez l’un des plus importants acteurs industriels du secteur automobile et dans une société aéronautique. La pleine commercialisation devrait ainsi débuter d'ici la fin de l'année. Mais Grooviz prévoit déjà un chiffre d’affaires de 250.000 € sur les 12 premiers mois de l'exercice tandis que l'équipe, forte de 9 personnes, pourrait bientôt s’agrandir avec l'arrivée de deux nouveaux commerciaux. Présentée au salon MICAD à Paris (5-7 avril 2005), sur le stand de son partenaire Fujitsu Systems, la solution RealityLoungeTM a permis la mise en relation avec de nouveaux partenaires potentiels et la récupération d'un nombre important de contacts commerciaux.
Ce projet, l'Incubateur PACA-Est l'a accompagné sur les aspects protection industrielle, validation de l’offre et positionnement marché dès son entrée en incubation en février 2003. Tandis que l'Incubateur Belle de Mai de Marseille, en tant que co-incubateur, assurait l'accompagnement pour la partie multimédia. Travaillant en collaboration étroite avec l'équipe Prisme de l'INRIA de Sophia Antipolis, Grooviz a d'autre part obtenu quelques lauriers remarquables. Il a été notamment lauréat du Concours National du Ministère de la Recherche en 2004 en catégorie "Création-Développement".
Le fondateur Jean-Marc Krattli, quant à lui, ne manque pas d'expérience. Il a travaillé pour les plus grands spécialistes mondiaux de la visualisation que sont Thompson Digital Image, Alias à Toronto, Softimage à Montréal et Silicon Graphic aux Etats-Unis. Après huit années en Amérique du Nord, il s'est installé à Sophia Antipolis pour lancer son projet et s'est entouré d'une équipe de très haut niveau. Jean-Marc Krattli compte aussi sur son expérience internationale, sa connaissance du marché et sur l'évolution des modes de travail dans l'industrie pour faire décoller Grooviz. La perspective qu'il se donne est un chiffre d'affaires de 20 millions d'euros dans les cinq ans. Un objectif qui semble bien à la portée de Grooviz, la nouvelle promesse de l'incubateur PACA-Est.