![]() ipernity_equipe_500.jpg L'équipe d'Ipernity avec Christian Conti (à droite) et Christophe Ruelle (tricot à rayures au milieu) montrant le trophée des Open Web Awards 2008 décerné en décembre 2008.
Période encore plus difficile que traditionnellement pour les jeunes sociétés innovantes qui cherchent à se développer! Où trouver le financement du développement ? En ce qui concerne les primo investissements, la voie traditionnelle du capital-risque s'est singulièrement refermée. C'est aussi une formule originale de financement qu'a choisi d'expérimenter un "pure player" Internet de Sophia Antipolis. Elue "meilleur site de partage photo" aux Open Web Awards 2008 en décembre dernier, devant de très grosses pointures comme les Américains Flickr et Tinypics, la société Ipernity avait besoin d'une levée de fonds pour répondre à l'engouement qu'avait suscité ce coup d'éclat du "petit Français". Mais, le constat a été vite fait : avec l'aggravation de la crise économique, trouver un fonds d'investissement relevait de la mission impossible.
Un nécessaire formatage de la société
D'où l'idée de s'aventurer sur autre chemin, moins rebattu et qu'a ouvert l'an dernier la loi TEPA : faire appel à l'investissement des particuliers en jouant les fonds ISF. Banco. Avec l'aide de la société de bourse Arkeon Finance l'opération a été montée. Ce sera d'abord une souscription pour un montant maximum de 2 millions d'euros qui sera close le 15 juin (la date butoir pour la défiscalisation IFS sur la déclaration 2008). Elle sera suivie dune inscription en bourse sur le Marché Libre, afin d'apporter aux investisseurs une facilité de liquidité à terme.
Facile ? Pas forcément. "Nous nous sommes d'abord assurés que nous étions bien éligibles pour des investissements ISF qui permettent aux souscripteurs assujettis à lImpôt de Solidarité sur la Fortune de défiscaliser jusquà 75% de leur ISF", note Christian Conti, directeur général d'Ipernity. "Il a fallu ensuite formater juridiquement la société pour lancer la souscription et inscrire ensuite des titres sur le marché libre. Nous étions en SAS (Société par Actions Simplifiée). Nous sommes passés en SA (Société Anonyme). Avec Arkeon Finance, nous avons réalisé un gros travail sur l'analyse financière et la réalisation d'une note d'opération".
"L'idée de monter en bourse s'est imposée à nous afin d'offrir une liquidité à terme pour les souscripteurs. Pour bénéficier de la défiscalisation, les titres doivent être gardés au minimum 5 ans. Mais après cette période, il faut que les investisseurs aient la possibilité de "sortir" s'ils le désirent. Tout cela impliquait donc un gros travail de préparation. En revanche, cela représente aussi une première étape pour aborder le marché boursier, avec la perspective d'aller ensuite sur un marché plus structuré comme Alternext."
Une nouvelle voie ouverte pour le financement des jeunes sociétés innovantes ?
L'autre pari difficile, c'était de fixer le montant de la souscription. "Il faut savoir que dans le droit français, une opération échoue si elle n'est pas couverte à 75%, tandis que nous avons la possibilité de la réaliser à 115%", note Christian Conti. Ipernity ayant fixé le montant à 2 M, si la souscription n'atteint pas 1,5 M, c'est toute l'opération qui échoue. Bref, ça passe ou ça casse.
Christian Conti, qui est en contact également avec la holding ISF Succès Europe lancée par Candace Johnson à Sophia Antipolis, n'en est pas moins confiant. Sur la Côte d'Azur notamment, le nombre de personnes assujetties à l'ISF est important et, compte tenu de la défiscalisation de 75%, le risque de perte est très limité. D'autre part, un courant fort de transparence se lève aujourd'hui avec la crise financière. "Un investissement direct dans une entreprise permet la transparence et se trouve porteur de sens. L'investisseur sait où il va, où il investit, peut toucher du doigt ce qu'il fait." En quelque sorte une réponse à l'évolution du capitalisme financier où l'argent est devenu totalement anonyme.
Cette voie directe sur l'investissement ISF est-elle la bonne solution pour une jeune entreprise innovante, au chiffre d'affaire encore modeste, mais avec des ambitions grandes comme le monde ? Réponse après le 15 juin. Mais si Ipernity réussit, elle fera sans doute des émules. La société Web2.0 fondée par Christophe Ruelle et Christian Conti, deux pionniers sophipolitains du Web 1.0 aura alors ouvert une nouvelle voie d'accès au financement pour toutes les jeunes pousses ambitieuses. A suivre avec intérêt.
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L'éco de la Côte.