Sophia : Kast Telecom en redressement judiciaire

Posté mer 30/05/2001 - 00:00
Par admin

En cessation de paiement depuis début mai, l'opérateur sophipolitain s'est engagé dans un plan de redressement sur douze mois. Plus de 30 salariés ont déjà été licenciés en avril.

Une passe difficile pour l'opérateur sophipolitain de télécommunications Kast Telecom : en cessation de paiement depuis début mai, la société a été mise en redressement judiciaire par le Tribunal de commerce de Grasse le 14 mai dernier avec une période d'observation de 12 mois. Un administrateur judiciaire, Me Marie-Claire Faivre-Duboz, a été nommé pour veiller aux intérêts de la société et geler la dette. Un plan de redressement est en cours d'analyse. Il a pour but un retour à l'équilibre en mars-avril 2002, sans la nécessité de nouveaux apports de fonds. Auparavant, la société fondée par Magdi Houry, avait déjà procédé fin avril à un plan social avec le licenciement en France de 32 salariés sur un effectif de 85 (une quinzaine de licenciements sur Paris et le reste sur Sophia Antipolis).Introduction en Bourse reportéeKast Telecom battait sérieusement de l'aile depuis le début de l'année. Sur la technopole de Sophia où la société a son siège, les échos se multipliaient sur des fournisseurs impayés et des difficultés financières de plus en plus aigues. Fondée en 1995, Kast assurait pourtant en novembre dernier encore, vouloir déployer quarante boucles numériques sur l'Europe. Comme toutes les autres sociétés de télécommunications dans le monde, elle a dû affronter des vents contraires. L'introduction en bourse, prévue pour la fin 2000, n'a pu se faire en raison du climat boursier, et les fonds ont rapidement manqué.Autre facteur de déstabilisation : la fusion manquée avec Axxon, filiale du groupe canadien Highpoint. Cette fusion devait se faire en début d'année dernière. Mais Axxon, qui aurait permis à Kast un déploiement sur toute l'Europe du Nord, a lui même été mis en liquidation judiciaire. Dès décembre 2000, nous attendions une mise de fonds de nouveaux actionnaires à hauteur de 500 millions de francs pour continuer la construction du réseau de fibres optiques. Mais ces derniers ont actionné une clause de désengagement, explique Jean-Yves Roux-Levrat, directeur général. Nous avons alors espéré que les actionnaires actuels remettraient de l'argent. Mais les sommes annoncées ne sont pas arrivées. Le 3 mai, nous nous sommes alors mis en cessation de paiement."Un profond "recentrage"Le plan de continuation implique un profond recentrage, voire un changement d'activité. Kast Telecom gèle tous ses projets en matière de construction d'infrastructures et de déploiement de réseaux en fibres optiques. Cela dans toute la France et en Italie où la société est implantée (la filiale italienne connaît par ailleurs de sérieuses difficultés). Kast Telecom se recentre sur la téléphonie pour les PME-PMI (services de voix et données) et s'oriente vers une activité d'hébergement avec de nouveaux produits qu'elle devrait annoncer prochainement dans le domaine de l'ASP (Application Service Provider) et des réseaux virtuels.Nous avons bâti un plan ambitieux pour pouvoir retrouver l'équilibre dans les neuf mois, note Jean-Yves Roux-Levrat. Nous sommes évidemment ennuyés par cette situation pour nos fournisseurs et clients. Mais, compte-tenu de ce qui se présente en nouveaux produits, nous avons de très bons espoirs de nous en sortir rapidement."Mais si l'on compare avec les ambitions affichées voilà encore six mois, le retournement n'en apparaît pas moins abyssal. Kast, qui était avec Completel et Bouygues, l'un des trois opérateurs retenus pour la construction de la boucle locale de Sophia Antipolis, affichait des ambitions européennes débordantes. Il était question d'investir 1 milliard d'euros sur cinq ans pour bâtir un réseau européen. L'opérateur tablait sur un chiffre d'affaires de 500 millions de francs en 2001, dont la moitié réalisée en France avec 23 boucles locales. Il annonçait que l'effectif européen de 250 personnes allait quadrupler avant un an, que les effectifs monteraient à 400 personnes en France. Aujourd'hui, le profil est nettement plus bas et c'est la survie même de l'entreprise qui est en jeu…

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