Sophia : la disparition d'Isabelle Attali et de ses deux enfants au Sri Lanka
Directeur de recherche à l'Inria Sophia, membre de l'association Telecom Valley, Isabelle Attali, en mission scientifique, prenait un peu de repos avec son compagnon et ses deux enfants (8 et 5 ans) sur les plages sri lankaises quand la grande vague dévastatrice est arrivée.
C'est la consternation dans la communauté high tech de Sophia Antipolis qui a appris hier la disparition d'Isabelle Attali (42 ans) et de ses deux enfants Ugo (8 ans) et Tom (5 ans) au Sri Lanka lors du tsunami du 26 décembre dernier. A l'Inria Sophia, où Isabelle Attali travaille comme directeur de recherche, le mot d'ordre avait été de rester très discret sur cette disparition. Les trois corps n'ayant toujours pas été retrouvés, l'espoir demeure (de plus en plus infime alors que les jours passent), de retrouver vivant leur collègue et ami ainsi que ses enfants. Un espoir auquel continue aussi de s'accrocher Denis Caromel, son compagnon, père des deux enfants. Professeur à l'Université de Nice Sophia Antipolis, Denis Caromel a été blessé aux jambes mais s'en est sorti vivant. Il a été récemment rapatrié et se trouve actuellement hospitalisé à l'hôpital l'Archet à Nice.Surpris par la vague géante à 9 heures, dans leur chambre d'hôtelDans une interview donnée de Colombo, la capitale du Sri Lanka, à l'Est Républicain et reprise par Nice-Matin, Denis Caromel explique comment le dimanche vers 9 heures, le couple et ses deux enfants ont été surpris par la vague géante. La famille se trouvait encore dans la chambre de son hôtel, en bord de mer, dans le sud du Sri Lanka, à l'entrée du parc national Yala quand la vague a envahi la chambre, a fait exploser les murs du bâtiment et a entraîné ses occupants à l'extérieur dans un gigantesque et infernal torrent.Denis Caromel, pendant quelques instants, avait pu garder son fils aîné par le bras. Mais il l'a rapidement perdu après avoir été projeté contre un arbre par les flots. Aspiré sous l'eau par des tourbillons, croyant mourir dix fois, il a pu finalement monter sur un arbre. Mais quand l'eau est descendue et que, couvert de plaies, il est parti à la recherche de sa famille, il n'a retrouvé que quelques survivants errants. De sa compagne et ses deux enfants : plus un signe. Rien.Au Sri Lanka à l'occasion d'une mission scientifiqueLe couple, qui se trouvait au Sri Lanka à l'occasion d'une mission scientifique, avait choisi de passer le week-end au bord de la mer avec les enfants. Depuis le tsunami, les recherches ont été menées par les équipes de secours envoyées par la France au Sri Lanka, par des équipes d'Europe Assistance et d'autres équipes de l'école scientifique internationale CIMPA-Unesco où avait lieu le colloque. Sans rien donner pour l'instant. Pas le moindre indice.Isabelle Attali : l'un des chercheurs les plus en vue de l'InriaPour tous ceux qui connaissent Isabelle Attali, l'annonce de cette disparition et les craintes que l'on peut avoir d'une disparition définitive, ont fait l'effet d'un grand choc. Agée de 42 ans, Isabelle Attali est l'un des directeurs de recherche les plus en vue de l'Inria. Titulaire d'une maîtrise en informatique à Bordeaux, d'un DEA à Nice où elle a étudié sous la direction de Jacques Morgenstern, directeur du DEA et de Jean Cea, co-responsable du DESS ISI, elle avait écrit une thèse en 1989 sur la sémantique des langages de programmation.C'est à la suite de ce travail effectué à l'Inria Sophia qu'elle avait intégré cette unité de recherche en septembre 1989. Elle y était entrée comme chargé de recherche dans l'équipe de Gilles Kahn (aujourd'hui président de l'Inria), équipe appelée CROAP (Conception et Réalisation d'Outils d'Aide à la Programmation). Elle a ensuite piloté le projet OASIS (Objets Actifs Sémantique Internet et Sécurité) lancé en janvier 2000 avec une équipe de chercheurs dont son compagnon Denis Caromel et se trouve, à travers ce projet, en pointe sur les technologies de Grid Computing.Challenge Jeunes Pousses et e-recrutement pour l'association Telecom ValleyNommée directeur de recherche l'an dernier, Isabelle Attali a en sus à l'Inria des responsabilités sur le plan national. A un poste clé: elle est depuis 2003 vice-présidente de la Commission d'Evaluation pour les projets de recherche et les carrières des chercheurs. Partie carrière, elle s'occupe notamment des promotions et des recrutements; partie projet, son rôle est d'aider à réunir un panel d'experts extérieurs pour évaluer un groupe thématique de projets.Brillante, passionnée, généreuse, Isabelle Attali a donné aussi beaucoup de son temps et de son énergie à l'association Telecom Valley. Membre très actif de la Commission Formation-Emploi, elle a lancé entre autres les opérations d'e-recrutement et le Challenge Jeunes Pousses. Aussi, l'Inria, la Telecom Valley et toute la communauté high tech de la Côte d'Azur, continuent de s'accrocher au moindre espoir. Même si l'issue fatale se dessine de plus en plus à mesure que le temps passe.Voir également le portrait que la Télécom Valley a consacré à Isabelle Attali dans sa newsletter parue en décembre dernier. Un portrait qui prend aujourd'hui un relief très différent à la lumière des tragiques événements d'Asie ("Isabelle Attali dans son OASIS de l’INRIA Sophia").