Sophia : la mort programmée d'Ulticom Europe

Posté ven 20/05/2011 - 12:14
Par admin

Ouverte en 1999, cette filiale de la société américaine Ulticom Inc, se trouve menacée de disparition. Suite à son rachat par le fonds d'investissement "Platinium Equity", la maison mère a décidé de mettre un terme au contrat inter-compagnie avec sa filiale. Une fin des contrats qui signifie la mort d'Ulticom Europe et le chômage pour les 37 salariés. Ils ont aussi décidé de se battre.

Sophia : la mort programmée d'Ulticom Europe

Face aux anciens bureaux de Wipro, à Sophia Antipolis, c'est un autre combat qui vient de s'engager contre la fermeture d'une entreprise : celui des 37 salariés d'Ulticom Europe, une société spécialisée dans la signalisation télécom. Le 15 avril dernier, quatre mois après le rachat de la maison mère par le fonds d'investissement "Platinium Equity", ils ont appris en effet que la direction avait finalement arbitré pour la fermeture du site européen de Sophia Antipolis. Un coup de massue d'autant plus dur à encaisser que l'annonce est restée floue, sans échéancier précis, sans plan de reconversion ou de recherche de repreneur.

Comme les ingénieurs de Wipro l'avaient fait en 2009, ceux d'Ulticom ont donc décidé de se battre. Ils se sont syndiqués, ont ouvert un blog (http://www.end-of-ulti.com/fr), ont placé une grande banderole sur la façade de leur local à Greenside, ont alerté le préfet et les élus locaux, ont lancé une campagne de soutien, élaboré des propositions. Ils organisent aussi leur première manifestation, mardi 24 mai, de 8 à 10 heures, sur le rond-point des Chappes à Sophia, en haut de la montée de Biot. Sur leur blog, ainsi, ils rappellent les licenciements massifs d'ingénieurs chez Lucent, Wipro, Nortel, Texas Instruments, et préviennent que "cette fermeture entraînerait la suppression de 37 emplois et porterait encore un coup à Sophia-Antipolis et à la Telecom Valley qui a fait sa réputation."

Une filiale créée à la demande des grands clients européens

Ulticom, peu connu du grand public, n'en est pas moins l'une des belles enseignes de la technopole. La société s'y était installée en 1999. Leader mondial pour les logiciels permettant le déploiement de services dans les réseaux de télécommunications mobiles, fixes et Internet, Ulticom Inc avait voulu ouvrir un centre de développement et de support au cœur de la première technopole française, pour renforcer sa présence européenne. Stratégie payante. Ulticom Europe avait vite grandi. Si la crise qui avait suivi l'explosion de la bulle Internet avait affecté son développement, la croissance avait repris en 2005 et Ulticom Europe, qui s'était installé à GreenSide, a ainsi compté jusqu'à 70 salariés.

Un succès auquel les ingénieurs sophipolitains estiment avoir largement contribué. "Nous assurons la maintenance des clients européens, ce qui représente 65% des revenus d'Ulticom Inc", note Nicolas Devars, responsable du développement logiciel. "Nous avons également réalisé les projets de signalisation sur IP, une technologie qui a permis à la société d'obtenir de nouveaux marchés autour de l'IP. A l'origine, poursuit-il, Ulticom Europe a été ouvert à la demande des grands clients européens comme Nokia et Siemens. En fonction des décalages horaires avec les Etats-Unis, ils voulaient une maintenance durant leurs propres heures d'ouverture. Un besoin qui ne sera plus assuré si désormais, ces compétences se trouvent uniquement aux Etats-Unis et à Singapour."

Un terme mis au contrat inter-compagnie

"C'est ce qu'en avril la direction a déclaré vouloir faire. En début d'année, peu après le rachat par Platinum Equity, le discours avait été pourtant positif pour nous. Le CEO américain, venu en février pour présenter la feuille de route, avait annoncé certes des suppressions de postes, mais elles concernaient les Etats-Unis et Singapour dont le bureau (10 personnes) était supprimé. En avril cependant, revirement complet. Contre toute attente, il nous est annoncé que Singapour est rouvert, qu'on réembauche aux US et surtout qu'un terme est mis au contrat inter-compagnie qui lie Ulticom Inc avec Ulticom Europe. Ce qui pour nous signifie la mort pure et simple du site de Sophia".

En septembre, plus de contrat donc plus de rentrée d'argent, tandis que le bail des locaux de Green Side a été dénoncé pour fin juin : on voit mal dans ces conditions, comment Ulticom Europe pourrait survivre. Les salariés ont donc mis leurs compétences en valeur sur leur blog. Mais surtout, ils comptent sur le fait qu'ils constituent un bloc de savoir-faire exceptionnel dans le monde de la signalisation télécom (en clair les logiciels qui gèrent tout ce qui circule sur les lignes téléphoniques hors la voix et les données et qui sont nécessaires à l'établissement, au déroulement et à la supervision d'une communication).

Garder le bloc de compétences

Globalement, certes, ce marché de la signalisation est en baisse depuis quelques années. La division d'HP Sophia, qui travaillait sur les mêmes gammes de produits, a disparu et il ne reste d'elle sur ce créneau qu'une spin-off, Buzzinbees. Mais Ulticom Europe, qui a misé sur des produits d'avenir, voudrait pouvoir explorer la piste d'une reprise du bloc de compétences qu'il représente. Cette piste avait permis par exemple la reprise des salariés de Continental par Altran Technologies ou encore la création de la start-up Rivierawaves par des spécialistes bluetooth de Wipro.

La bataille pour la survie d'Ulticom, aujourd'hui, ne fait que commencer. C'est aussi celle de Sophia Antipolis qui doit sans cesse se battre pour acquérir de nouvelles compétences... et garder celles qui s'y trouvent déjà.

Voir le reportage de France 3

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