Sophia : le Club des Dirigeants renouvelle son "coup de gueule"
Le Club, qui depuis dix ans est resté plutôt discret, remonte au créneau. Gaetano Zannini, son président (photo Une) tire la sonnette d'alarme face à ce qu'il appelle une crise profonde liée à des structures désuètes ainsi qu'à un manque total de projets et propose de redonner du sens à la technopole.
En son temps le Club des Dirigeants (il rassemble les 50 plus grandes entreprises sophipolitaines) avait montré qu'il savait donner de la voix... et se faire entendre des pouvoirs publics. Il y a une dizaine d'années, le coup de gueule de son président d'alors était resté célèbre. Face à l'aggravation de la situation (qui va gouverner Sophia si la CASA se voit retirer le pouvoir de développement économique et d'aménagement sur la technopole?), les dirigeants ont cependant décidé de sortir de leur silence, sinon d'un certain isolement dans lequel ils s'étaient laissés enfermé. Dans une conférence de presse donnée avant-hier, soit deux jours avant la première réunion par le préfet du futur comité de pilotage de la technopole, ils ont voulu montrer qu'ils n'avaient pas quitté la scène, qu'ils gardaient toute leur représentativité et légitimité, et que, s'ils ne l'avaient pas crié à la cantonade, ils ne manquaient pas d'idées."Le problème n'est pas celui du contenant mais du contenu"Leur thème ? Redonner du sens à Sophia. "Au delà de la récession passagère du secteur télécom, il s'agit d'une crise profonde qui a pour racine des structures redondantes et fossilisées, des objectifs banalisés, une stratégie diluée et l'absence d'idées nouvelles", estime Gaetano Zannini qui cette fois ne mâche pas ses mots. "Ce vide prospectif, où l'on voudrait nous faire prendre des querelles médiocres pour des innovations stratégiques fait perdre à Sophia ce qui a fait son originalité et son succès."Même remarques acides chez les autres responsables du club de dirigeants. Bruno Peuch : "le problème n'est pas aujourd'hui celui du contenant, c'est-à-dire des structures à mettre en place. Mais celui du contenu. Sophia a été un modèle avant l'heure du développement durable. Il faut donc que nous restions fidèles aux pré-requis de Sophia : la maîtrise de l'environnement, l'écologie et les rapports sociétaux. C'est ce qui permettra à Sophia de retrouver sa croissance. Mais si l'on veut résoudre les problèmes de Sophia par la politique, cela ne marchera jamais."Un travail qui réclame des réseaux, de la cultureDominique Fache : "Sophia a été au départ une opération d'aménagement. Cela le devient de moins en moins. Car le problème n'est pas de s'étendre sur Gourdon ou Coursegoules. Le problème est de bien gérer l'existant et de faire en sorte qu'il produise de nouvelles richesses. Il s'agit d'un travail "d'intelligence" qui ne réclame pas des ingénieurs de travaux publics mais des réseaux, de la culture. Si on ne fait pas une réflexion au niveau du contenu, on sera toujours à côté de la plaque pour le contenant."Jacques Le Guillerm : "l'ensemble des Alpes-Maritimes a profité du développement de Sophia. Mais aujourd'hui quels sont les projets que lance la technopole dans les domaines qui font sa spécificité ? Rien sur la formation continue, rien sur l'énergie, rien sur la culture et l'innovation sociale. Le club des dirigeants a travaillé sur le renouveau stratégique et managérial de Sophia. Il a retenu cinq orientations principales : les activités autour de la santé; l'enseignement et la recherche; l'environnement, urbanisme et utilisation de l'énergie; l'éthique, développement économique et financement; la culture et l'innovation sociale. Il s'agit de projets qui ne sont pas des projets d'aménagement".Le club plaide pour un piloteLe Club des Dirigeants avait beaucoup attendu de la prise en main du développement économique de Sophia par la CASA. Mais ses membres semblent aujourd'hui déchanter. Sophia, disent les représentants du club doit garder ses particularités et ne pas se dissoudre dans la communauté d'agglomération. La gouvernance de Sophia devrait d'autre part dépasser les limites de la CASA. Le souhait du club, c'est en fait que l'Etat reprenne ses responsabilités et s'investisse de nouveau dans la technopole à côté des autres acteurs.Et de plaider pour un pilote qui puisse accorder le pouvoir politique, celui de l'argent et le pouvoir économique. Quelqu'un qui disposerait d'une expérience à la fois de l'international, de l'industrie et des technopoles. Quelqu'un qui puisse avoir une vision. Un profil pour lequel Dominique Fache, -même s'il n'a pas été cité ne serait-ce que du bout des lèvres-, pourrait bien correspondre. Reste maintenant au Club des Dirigeants, dont la présidence devrait revenir en mars à Jacques Lignères, directeur d'Amadeus, à faire entrer ses idées dans la nouvelle donne du pouvoir qui va se mettre en place. Une autre paire de manches !