Sophia : les difficultés de la "Pixel Factory", vues par un ancien d'Istar

Posté dim 20/10/2013 - 12:28
Par admin

"Le facteur sonne toujours deux fois…" estime un ancien d'Istar dans une réaction à l'article "Sophia : nuages sur la "Pixel Factory" du groupe Airbus". Christophe Lanchon, ex Directeur Marketing de la spin-off d'Inria (intégrée depuis 2010 dans la branche Astrium Geo-Information Services de l'Airbus Group) avait fait partie d'un premier plan social et avait été licencié en 2003. Il livre son analyse sur les difficultés que connait aujourd'hui le site de Sophia. Voici sa réaction.

"L'histoire de la regrettée ISTAR est intimement liée à l'évolution du groupe EADS, groupe industriel avec lequel on pourrait se croire assuré d'un avenir serein mais qui n'est en fait qu'un grand groupe comme les autres, dévoreur d'énergie créatrice et massacreur de d'initiatives.

Chez ISTAR, après une croissance exemplaire sous le règne de Matra puis d'Aérospatiale-Matra, les choses ont commencé à se gâter quand les allemands sont arrivés pour former le groupe EADS. Nos voisins d'outre Rhin ont en effet pris le contrôle de tous les leviers décisionnels du groupe et notamment ceux de la finance. C'est ainsi qu'a été démantelé ISTAR sous l'autorité des managers allemands frileux et peu imaginatifs : 2 PSE successifs qui ont réduits la société de moitié dans les années 2003 avec une intégration au sein de SPOT Image, le fleuron toulousain de l'industrie de la télédétection.

A Toulouse les choses se sont gâtées aussi. Après le retrait du CNES de son capital, des stratèges besogneux ont imaginé pour SPOT Image un destin similaire à celui d'ISTAR: intégration, digestion et finalement absorption au sein D'ASTRIUM, la branche espace du groupe germano-franchouillard EADS. Et ISTAR, devenu INFOTERRA France, puis intégré à SPOT Image s'est retrouvé dans une nébuleuse informe du nom de GeoInformation Services au sein d'Astrium. A Sophia, on semblait avoir échappé aux appétits réorganisationnels des dirigeants d'EADS, en justifiant une fois encore que la localisation à Valbonne était un facteur de cohésion et d'épanouissement de l'équipe survivante d'ISTAR.

Mais il semble aujourd'hui que l'opiniâtreté germanique à l'égard de la choucroute l'ait finalement emporté. En effet, devant le refus d'une majorité du personnel d'un départ forcé sur Toulouse, les grands stratèges d'EADS préfèrent manier le couperet. Le facteur sonne toujours deux fois et après les premiers écrêtages d'il y a presque 10 ans, l'histoire de grande coopération avec EADS repasse le plat.

Sauve qui peut !!! Hélas ce n'est pas en invoquant l'éthique du PDG d'EADS, ni en implorant les guignols du gouvernement ou des collectivités locales que l'avenir des rescapés d'une des plus belles société de Sophia s'écrira. L'indignation ne paye que si on en tire un bouquin. Seule l'audace et l'imagination finissent toujours par forger un destin prospère.

Alors je souhaite du courage et de la ténacité à tous mes ex collègues. A bon entendeur salut."

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