Sophia : Storyginal tourne la page
Lauréate du premier Startup Weekend de Sophia Antipolis, le projet de Mamystory, mené par Christophe Brun s'était transformé en start-up. Sous le nom de Storyginal, il était proposé de raconter collectivement l'histoire d'un proche pour en faire un livre. Mais l'aventure se termine, faute d'un équilibre financier qui n'a pas pu être atteint. L'équipe en a tiré quelques enseignements à retenir.
C'est une belle histoire entrepreneuriale de Sophia Antipolis qui se termine. L'aventure de Storyginal, start-up lancée par Christophe Brun sous le nom de Mamystory, s'arrête faute d'avoir pu atteindre l'équilibre financier. Elle avait commencé par un "Startup Week-end", le premier du genre dans la technopole qu'avait organisé l'association RivieraCube en mars 2011. Monté sur le concept "Ecrivez en famille l’histoire de vos grands-parents !", le projet MamyStory avait séduit le jury et avait été le premier lauréat sophipolitain. Il avait été ensuite le gagnant de la première session du programme d’accompagnement de startups numériques "l’InCube".
"Un produit pour particuliers nécessite beaucoup de frais de commercialisation"
Dans la foulée, l'entreprise avait été créée et avait bénéficié de l'accompagnement de l'Incubateur ParisTech à Sophia Antipolis. Le projet avait aussi évolué. Normal. Des grands parents, on était passé à raconter l'histoire d'un proche. Le champ était plus large. Du même coup, le nom de la société a changé pour Storyginal. Le produit ? Un service web permettant de raconter collectivement l’histoire d'un proche et d’en faire un livre. Les participants regroupent ainsi leurs souvenirs (photos, textes, vidéos, enregistrements audio) dans le fil de l'histoire, et peuvent les organiser par date, par souvenir ou bien par chapitre. Le livre, généré automatiquement, respecte cette structure et permet de personnaliser la mise en page.
Sur ce créneau, Christophe Brun a pu monter une équipe soudée. Ce n'est pas elle qui lui a manqué, mais comme il expliqué sur le blog de Storyginal, "la raison est simple et malheureusement classique : un produit pour « particuliers » nécessite beaucoup de frais de commercialisation, et nous n’en n’avons plus les moyens. Ce manque de moyens ralentit notre croissance, nos ressources financières diminuent petit à petit, et l’équilibre financier reste trop éloigné. Et la situation reste trop fragile pour des investisseurs."
Les enseignements tirés de l'aventure
L'équipe n'en est pas pour autant amère. Elle a cherché d'abord à tirer les enseignements de cet insuccès après plus de deux ans d'efforts. Des enseignements qui peuvent servir à tous les créateurs d'entreprise, si tant est que l'on en apprend parfois beaucoup plus d'un échec que d'un succès. En florilège, voici quelques leçons d’entrepreneurs, testées et approuvées ! est-il avancé dans un article signé par Christophe, Frédéric, Jean et Jessica.
- "Trouvez vos associés qui ont les compétences que vous n’avez pas, qui partagent votre envie et qui sont prêts à prendre des risques. C’est finalement ce que nous avons le mieux réussi. C’était il y a 2 ans et demi maintenant et l’équipe est restée soudée jusqu’au bout. Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin."
- "Comprenez en profondeur la psychologie de votre client, ses freins, ce qui l’amène à prendre conscience du besoin auquel vous répondez, à décider d’acheter. Cela a été notre plus grande difficulté : raconter une histoire qui compte, tout le monde en a envie. Mais très peu le font. Tout le monde nous a dit : « j’ai tellement de trucs à raconter, il faut absolument que j’utilise votre service ! » Le problème, c’est qu’avoir envie ne veut pas dire passer à l’action. « Je n’ai pas le temps, je n’ai pas envie d’écrire, je n’arrive pas à mobiliser les autres (Storyginal fait des livres collectifs) ». Nous pensons avoir compris le besoin, qui sont nos clients, nous avons proposé une solution « self-service » qui fonctionnait, mais cela n’a pas suffi. Il y a avait des « freins » sur lesquels nous ne pouvions pas agir…"
- "La vraie vie commence quand vous avez un premier produit dans les mains de vos clients. On dit qu’un business plan ne passe pas le cap du premier client. C’est vrai. Certaines choses ne se passent pas comme prévu. Et c’est normal : il faut juste le savoir, et donc faire en sorte de pouvoir tester votre solution le plus vite possible, pour mesurer vos hypothèses, les remettre en question, et en tirer des leçons. C’est vrai pour tout : le développement du produit, mais également tous les aspects de votre business model. Entreprendre, c’est passer son temps à tester, pivoter, tester, pivoter… ceux qui pensent que c’est gagné d’avance parce qu’ils ont prouvé le potentiel de leur concept sur le papier, ceux-là se trompent. La vraie vie commence quand vous avez un premier produit dans les mains de vos clients."
Quant à la conclusion, elle ouvre sur de nouvelles aventures à venir. "Storyginal aura été une formidable expérience humaine, où nous avons tous appris énormément sur la création d’entreprise et sur nous. Nous avons appris de nos erreurs. Et ça c’est irremplaçable." Bonne chance à toute l'équipe pour la suite!
- Lire sur le blog de Storyginal : "La fin d’une belle histoire"