Sophia : Trader.com et la folie des grandeurs Internet

Posté mer 28/03/2001 - 00:00
Par admin

Le géant des annonces classées sur papier avait lancé dans la technopole un projet pharaonique : une plate-forme pour ses sites Web d'une vingtaine de pays. Histoire d'une déroute.

L'histoire de Trader.com, à Sophia Antipolis, symbolise on ne peut mieux, la folie des grandeurs Internet qui avait saisi l'année 2000. Le géant des publications d'annonces classées sur papier (370 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2000), avait alors décidé de s'engager à fond sur le Net. Il avait élargi ses activités vers des portails verticaux internationaux d'annonces d'emploi, de bateaux, de biens de luxe et d'équipement lourds. Bref, la grande offensive pour transformer Trader en Trader.com...L'Eldorado des SSII localesEn février 2000, il avait ainsi installé un centre de développement à Sophia Antipolis dans près de 2.000 m2 du village d'entreprises des Bouillides. L'objectif était ambitieux. Il s'agissait de passer l'ensemble des petites annonces sur le Web et de créer une plate-forme commune à tous les sites d'annonces d'un groupe qui comptait environ 5.000 personnes sur dix-huit pays. 'C'était un projet monumental, se souviennent ceux qui y ont participé. Trader.com est arrivé avec des moyens exceptionnels. Il a commencé avec une vingtaine de personnes. Puis a engagé des ingénieurs informatiques à prix d'or pour monter à un effectif d'une cinquantaine de personnes. A eux sont venus s'ajouter les sous-traitants : une soixantaine d'ingénieurs en régie venant des Sociétés de Services Informatiques locales. Jusqu'en juillet 2000, Trader.com aura ainsi été sur Sophia, l'Eldorado des SSII.'Un Eldorado qui n'aura duré cependant que quatre ou cinq mois. Car dès juillet 2000, l'e-krach d'avril était passé par là. Et ce fut d'abord la décrue. Puis finalement la déroute. Trader.com s'aperçut d'autre part vite que son projet était impossible : la création d'une plate-forme unique pour des pays différents posait des problèmes insoupçonnés tant les traditions, les contextes, les législations, les pratiques commerciales, étaient multiples. Les équipes commencèrent à s'étioler. La grande offensive sophipolitaine à l'assaut du Net ne réunissait plus qu'une quinzaine de personnes en janvier 2001. Actuellement, c'est la fermeture du centre de développement. La fin de l'aventure.Trader.com, qui a vu ses profits et son titre sérieusement malmenés par le passage sur Internet, a dû entretemps revoir à la baisse ses ambitions. Trader avait justifié son introduction en bourse par le financement du développement on-line du groupe. Mais le résultat, dont évidemment la mésaventure sophipolitaine n'est pas seule en cause, n'était pas à la hauteur. Pour le seul premier semestre 2000, la branche Internet affichait des pertes de 35,5 millions d'euros. Au début 2001, Trader.com a tiré les traits et corrigé la copie : il a changé sa stratégie et entamé une réduction des coûts. Il s'est ainsi recentré sur son cœur de métier : les annonces automobiles et immobilières. Il a fermé les sites peu rentables (emploi, bateaux, luxe). Et hélas, a licencié environ 300 personnes sur la France.

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