Sophia : une nouvelle voie dans le traitement de la dépression

Posté ven 08/09/2006 - 00:00
Par admin

L'équipe de Michel Ladzunski (Institut de pharmacologie moléculaire) a identifié un gène qui, lorsqu'il est inhibé, permet de supprimer les symptômes de la dépression. La porte vers de nouveaux traitements anti-dépresseurs beaucoup plus efficaces.

La dépression va-t-elle pouvoir être vaincue ? Cette maladie très fréquente et souvent handicapante dans les pays industrialisés reste très difficile à traiter. Si la médecine permet de soulager les symptômes de la majorité des patients, elle est rarement capable d'assurer la guérison. Le travail qu'une équipe de l'Institut de pharmacologie moléculaire de Sophia Antipolis (CNRS/Université de Nice) vient de rendre public ouvre aussi dans ce domaine un grand espoir : l'identification d'un gène dont l'inhibition annihile les symptômes dépressifs et qui représente donc une cible pour de futurs traitements. "Les premiers résultats de laboratoire montrent que des souris ne possédant pas ce gène se comportent naturellement comme si elles étaient traitées chroniquement par des antidépresseurs", est-il précisé dans un communiqué du CNRS. Ces travaux, quant à eux, paraissent dans la revue Nature Neurosciences de demain, le samedi 9 septembre 2006.Des souris qui, traitées, résistent à la dépressionCe grand pas dans le traitement de la dépression a pour origine les recherches effectuées par l'IMPC de Sophia sur les canaux ioniques, ces machines moléculaires qui participent à la génération des signaux électriques dans les cellules nerveuses. A partir de ces recherches, une équipe de l'Institut de pharmacologie moléculaire de Sophia Antipolis (CNRS/Université de Nice), dirigée par Michel Lazdunski, a pu créer une lignée de souris génétiquement modifiée résistant totalement à la dépression, grâce à la suppression d'un gène correspondant à un canal ionique présent dans toutes les régions du cerveau impliquées dans cette maladie.Ces souris se reproduisent, se nourrissent, grandissent et se comportent dans leurs activités de tous les jours comme des souris normales. Mais lorsqu'elles sont soumises à une variété de stress qui entraîne un état proche de la dépression, elles y résistent remarquablement, comme des souris normales qui auraient été préalablement traitées par des antidépresseurs.Un travail en collaboration avec plusieurs équipesCe travail, est-il précisé, représente un exemple de collaboration, indispensable dans ce type de domaine où il est très difficile de trouver un modèle animal possédant des similarités de comportement avec l'être humain. Le projet est né à Sophia Antipolis (Catherine Heurteaux, Nicolas Guy, Suzanne Thümmler, Nicolas Blondeau, Michel Lazdunski, Cathy Widmann, Marc Borsotto), et associe les équipes de Paris (F. Noble), Rouen (M. El Yacoubi, J.-M. Vaugeois) et une équipe de Montréal très orientée vers la psychiatrie (G. Lucas, G. Debonnel).L'avancée est de taille : les chercheurs ont montré qu'il était possible de produire génétiquement une résistance à la dépression. D'où la désignation bien précise d'une cible nouvelle pour la recherche de nouveaux antidépresseurs. En inhibant ce canal, les traitements mimeraient ce qui se produit dans l'élimination génétique.Une maladie qui peut toucher jusqu'à 20% de la populationDeux fois plus fréquente chez les femmes que chez les hommes, la dépression affecte, sous ses formes les plus sévères, entre 2 et 5% de la population des pays les plus développés. Les formes plus légères, quand à elles, peuvent toucher 20% de la population. De plus, 1 à 2% de la population sont affectés par une maladie dite bipolaire, la maniaco-dépression.Chez la plupart des malades, la dépression est causée par l'interaction entre une prédisposition génétique et des facteurs environnementaux comme le stress ou les traumatismes émotionnels, est-il rappelé dans le communiqué du CNRS. La maladie est fréquente et le marché des antidépresseurs est immense (au moins 10 milliards d'euros par an). Néanmoins, si ces antidépresseurs améliorent l'état des patients dans environ 70% des cas, ils n'entraînent une rémission complète de la maladie que chez 30 à 40% d'entre eux. De plus, près d'un tiers des sujets traités résiste aux traitements existants. Un état de fait qui oblige à envisager de nouveaux traitements, capables de prendre en compte les mécanismes de la dépression.Contact :Lire le communiqué du CNRS : "Un nouvel espoir pour guérir la dépression"

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