Sophia Vision 2020 : la technopole à l'heure du 21ème siècle
Photo : de gauche à droite, Christian Pasquetti (Ernst & Young), Jean-Pierre Mascarelli, vice président du Conseil général, Marc Daunis, sénateur-maire de Valbonne, Dominique Estève, président de la CCI Nice Côte d'Azur, Frédéric Fourquin, président du Club des Dirigeants de Sophia, Claude Serra, sous-préfet de Grasse et Jean Léonetti, président de la CASA et du Symisa. La vision de Sophia Antipolis, il y a quarante ans, c'était celle d'un Quartier Latin aux champs avec des entreprises dispersées dans la nature et des salariés qui venaient travailler en voiture la journée et repartaient le soir. Heureux. Aujourd'hui, changement d'époque. La vision et les impératifs ne sont plus les mêmes. Nous savons que des bâtiments compacts consomment moins d'énergie, qu'ils sont plus faciles d'accès pour des transports en commun, qu'une certaine mixité entre habitat, bureaux, activités, équipements publics permet de diminuer les déplacements et d'améliorer la qualité de la vie. Conclusion de Jean Leonetti, président de la CASA (Communauté d'Agglomération Sophia Antipolis) hier soir au Ceram Business School lors de la réunion de présentation des travaux de Sophia Vision 2020 : "nous sommes obligés de repenser l'aménagement du territoire en général et celui de Sophia Antipolis en particulier". D'où les travaux entrepris collectivement (c'est l'un des aspects sur lequel il est insisté), entre l'Etat, les élus des collectivités territoriales, la CCI, les représentants des entreprises et de l'université pour repenser le modèle de Sophia et lui permettre de faire face aux nouveaux enjeux du 21ème siècle. Objectif : 40.000 emplois à 10 ans (+10.000) Pour Jean Léonetti, également député-maire d'Antibes et président du Symisa (Syndicat mixte Sophia Antipolis), il ne s'agit pas pour autant d'un plan de relance comme celui qui avait été développé en 1997. En clair Sophia marche, mais il a besoin d'être repositionné dans le nouveau siècle. Les grandes lignes de Sophia Vision orchestré par Ernst & Young ? D'abord un constat, comme l'a expliqué Christian Pasquetti du cabinet d'audit. Les représentants du club de dirigeants d'entreprise de Sophia Antipolis ont pointé notamment des "points de faiblesse" qui sont par ailleurs connus : gouvernance complexe, transport et infrastructure routières en retard, attractivité globale en baisse, peu de synergies entre les R&D TIC majoritairement public et les R&D sciences du vivant qui ressortent plus du privé, enseignement supérieur qui n'est pas encore au niveau de la technopole, faible soutien à la création d'entreprises, etc. Sophia d'autre part doit faire face aux enjeux actuels qui préfigurent la nouvelle physionomie du monde : montée de l'économie de la connaissance où le capital intellectuel et immatériel devient un facteur clé de compétitivité, globalisation de l'économie avec la percée des pays émergents, soucis majeur de développement durable. D'où la nécessité de définir une nouvelle stratégie de développement économique de la technopole à horizon 10 ans. C'est là l'objectif de Sophia Vision. Un objectif qui a été chiffré : arriver à 40.000 emplois (30.000 aujourd'hui) dont 9.000 chercheurs (+2.000) et 9.000 étudiants (+4.000) répartis sur l'ensemble du territoire qui garde un potentiel de construction de 570.000 m2 de SHON (1.250.000 m2 aujourd'hui). Vivent les TIC, mais au service d'autres secteurs (énergie, DD, santé, etc.) Abordée en avril 2008, la démarche de Sophia Vision a permis de réunir l'ensemble des acteurs du parc technologique autour d'une table pour redéfinir des valeurs, des priorités sur lesquelles a été bâti un plan d'une cinquantaine d'actions. Au chapitre des valeurs sont inscrits des mots comme audace, conscience environnementale, éthique, diversité, savoir, performance, etc. Parmi les axes stratégiques qui en découlent, deux idées principales se dégagent. La première c'est que les TIC (Technologies de l'Information et de la Communication) dont la technopole est un champion européen doivent rester au premier plan. Avec toutefois un changement comme le souligne Jean Leonetti. "Elles ne doivent pas être envisagées pour elles seules mais doivent servir d'outils de développement au service d'autres projets relevant des sciences du vivant, des transports, de l'énergie, de la santé, du Développement Durable, etc." La construction du campus STIC, projet actuellement en panne, a donc été réaffirmée comme essentielle. La clé de voûte même de ce Sophia de demain. Un "laboratoire de l'humain" L'autre idée, c'est que Sophia doit rester un laboratoire de l'humain autour de sa vocation initiale : vivre et travailler autrement. Quant aux actions listées, certaines devraient changer le visage de la technopole. Il est notamment prévu d'urbaniser les trois premiers centres (Saint Philippe, Place Sophie Laffitte et place Bermond et de faciliter les accès à la technopole par les transports en commun et notamment par un TCSP (Transport en commun en site propre) qui relierait le littoral d'Antibes à Sophia en moins d'un quart d'heure, liaison rapide que préfigure déjà la ligne 100 du réseau Envibus. Côté équipement, les créations d'une salle de sport de 1300 places, d'un parc nautique et d'une salle de sport sont maintenant financées et viendront s'ajouter à la médiathèque déjà construite. Preuve, assure Jean Léonetti que le Sophia nouveau est déjà en route. Qu'il se concrétise. Beaucoup d'autres actions ont encore été listées comme la création d'une chaîne de l'innovation pour la création d'entreprises (un projet dont on parle depuis longtemps), la mise en place d'une DRH sophipolitaine mutualisée (Direction des ressources humaines) à l'usage des PME qui cherchent à recruter des "élites" internationales, la mise en place d'un canevas novateur de déplacements "doux" en complément du TCSP avec 40 km de pistes cyclables et 40 km de chemins piétonniers. Autant d'actions qui, si elles ne sont pas toutes nouvelles, sont revisitées et mises en cohérence pour dessiner la technopole du 21ème siècle. Reste maintenant l'essentiel à faire : les réaliser. Car c'est aux actes que les Sophipolitains jugeront de l'intérêt ou non de cette "re-vision" de Sophia. Légende : Dans la salle l'ensemble des acteurs de la technopole qui ont pris part aux travaux de Sophia Vision |