Squat de l'immeuble du CHU à Nice : les demandeurs d'asile ont été expulsés ce matin
Ordonnée lundi, l'expulsion d'une centaine de demandeurs d'asile qui occupaient depuis le 4 novembre un immeuble du centre de Nice appartenant au CHU, s'est faite ce matin entre 6 et 8 heures. Les familles tchétchènes, daghestanaises, kosovares et ingouches, auxquelles s'ajoutaient une quarantaine d'Erythréens, Soudanais, Tchadiens et Afghans, sont sorties dans le calme, encadrées par une vingtaine de militants du collectif niçois de soutien aux demandeurs d'asile. Des militants qui scandaient "Un toit, c'est un droit, le préfet est hors la loi".
"Le respect et les règles et des lois de notre pays" pour Christian Estrosi
Si la décision de justice a été respectée, la morale de ce nouvel épisode reste discutée âprement. Christian Estrosi, en tant que maire de Nice et président du Conseil de Surveillance du CHU de Nice, a salué dans un communiqué "le respect des règles et des lois de notre pays". "Javais condamné, le 7 novembre dernier, loccupation illicite dun immeuble en centre-ville appartenant au CHU de Nice, menée par plusieurs associations", écrit-il.
"Javais alors demandé que des procédures judiciaires soient engagées afin de permettre lévacuation des occupants sans droit ni titre, de cet immeuble. Ce matin, les services de lEtat ont procédé à lexpulsion dune centaine de ces demandeurs dasile, dont le Tribunal dinstance de Nice avait ordonné lexpulsion lundi 6 décembre 2010. La décision du Tribunal dInstance de Nice et laction des forces de lordre réalisée ce jour, mettent ainsi un terme à loccupation illégale et dangereuse, depuis plus dun mois, de cet immeuble insalubre."
Président du Conseil général, Eric Ciotti, s'était félicité de son côté "que la justice ait condamné ce coup de force". "Le département des Alpes-Maritimes, de par sa situation géographique, est une porte dentrée pour beaucoup de demandeurs dasile et il na pas la capacité à loger toutes ces personnes", notait-il.
Le problème du droit au logement pour les demandeurs d'asile
Les associations et les représentants des partis politiques de gauche présentent les choses d'une autre façon et demandent que soit bien posé le problème du droit au logement pour les demandeurs d'asile. Le PS, le PCF et la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion notamment se sont élevés contre cette décision d'expulsion. "Il sagit de demandeurs dasile, je dis bien de demandeurs dasile et non de sans-papiers" précise Patrick Allemand, le leader du groupe "Changer d'ère" qui avait demandé de surseoir à l'usage de la force publique.
Et d'expliquer : "Ils sont donc en règle sur le territoire national, protégés par une convention internationale et leurs dossiers, pour éventuellement devenir des réfugiés politiques, sont en cours dinstruction. Pendant ce temps dinstruction, il leur est interdit de travailler, ils sont donc quasiment sans ressources. En contrepartie, lEtat est tenu de les héberger. Ce que le préfet ne fait pas !"
"Il a été condamné par une décision de justice, et lEtat est condamné à verser 500 euros par jour. Devant limpossibilité du Préfet à assumer ses obligations, faute de moyens financiers alloués par lEtat, les associations ont investi un immeuble inoccupé depuis 5 ans et appartenant au CHU de Nice, situé au 1 avenue Georges Clémenceau. Les demandeurs dasile ne dérangent personne et auraient pu y passer lhiver en attendant que leurs dossiers soient réglés, dans un sens ou dans lautre."
Les élus communistes, quant à eux, ont pointé l'inhumanité qui consiste à jeter quelque 120 personnes dont une quarantaine d'enfants et de bébés dans la rue en pleine période de grands froids. Cela avec des mots très durs parlant de honte, d'arbitraire et d'actions contraires à la morale internationale et à l'image de la France.
Recherche de solutions d'urgence
Dans la matinée, lors d'une conférence de presse, le Préfet Francis Lamy, a donné quelques précisions sur la suite. Il a annoncé que 17 personnes, dont 9 enfants, expulsées ce matin de l'immeuble avaient accepté une aide au retour volontaire vers leurs pays. D'autres personnes seront prises en charge dans des structures d'urgence de la ville de Nice ou pourront bénéficier d'une aide au logement dans l'attente de l'étude de leur demande d'asile.
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