SSII : l'explosion de la fusée TechLink

Posté ven 04/10/2002 - 00:00
Par admin

Partenariat malheureux avec Reef France disparu en avril 2002, pari perdu sur l'édition logicielle, ralentissement du marché des services informatiques : la société champignon de Yvette Godwin va être liquidée. Seuls une dizaine de contrats ont été repris.

C'était l'une des belles réussites de Sophia Antipolis. Un exemple entrepreneurial à la charnière du XXème et XXIème siècle azuréen. Techlink, une SSII (Société de Service et d'ingénierie informatique) fondée le 4 mai 1998 par Yvette Godwin avait grandi très vite : quarante personnes au printemps 2000 quand les deux premières bougies avaient été soufflées en pleine euphorie de la nouvelle économie, une soixantaine début 2001, un chiffre d'affaires qui suivait (8 millions de francs en 1999, 12 en 2000). Mais si le premier étage de la fusée Techlink a très bien fonctionné (le lancement à l'échelon régional) en revanche, le second étage (une extension à l'international), lui, a explosé en vol.Mise en règlement judiciaire le 10 mars dernier, la société qui était retombée à une vingtaine de personnes n'a pas trouvé, dans le climat économique actuel, de repreneurs. La liquidation devrait être prononcée prochainement. Seuls une dizaine de contrats (sur Amadeus et Equant) ont été repris par la société sophiplitaine Simulog d'André Labat.Le scénario de la chute de Techlink ressemble un peu à celui de Neurocom, autre SSII tombée au printemps dernier sur le champ d'honneur de la sécurité internet. La société a débuté par des prestations relativement classiques de SSII auprès de clients régionaux. Succès. Puis, à travers les différentes prestations réalisées, elle a cherché à créer des produits logiciels génériques qui lui permettrait de s'étendre à l'international, notamment sur le bassin méditerranéen. Il s'agissait donc cette fois de se lancer dans l'édition logicielle et de vendre des produits. Ce fut le cas avec T.DocLink pour la gestion documentaire qualité et T.RecrutLink pour la gestion des ressources humaines (voir l'article Sophia : le deuxième étage de la fusée TechLink).Mais le grand coup d'accélérateur a été donné au second semestre 2000. Un mauvais moment si l'on en juge rétrospectivement : juste après le début de l'explosion de la bulle Internet et du grand ralentissement de toute l'économie high tech. La situation s'est aggravée d'autant plus pour Techlink qu'un partenariat malheureux a été noué début 2001 avec l'éditeur de logiciel de publication de contenus Reef qui venait de s'implanter sur Sophia Antipolis. Le "moteur logiciel", qui devait faire tourner les produits de Techlink et que devait fournir Reef, n'a jamais pu bien tourner.L'aventure "produits" tourna aussi vite court mais coûta cher. Parallèllement, l'activité traditionnelle SSII a ralenti sous l'effet de la crise, les grands donneurs d'ordres de la Côte (Amadeus, IBM, Alcatel, Texas Instruments, etc) mettant le pied sur le frein. Résultat : les coûts ont vite dépassé les revenus. Prise en pleine accélération par le retournement de conjoncture, TechLink a bien tenté de réduire la voilure en baissant ses effectifs de 60 à 20 personnes et en abandonnant l'activité produits logiciels. Trop tard. Le bilan a dû être déposé à la fin de l'hiver. La conclusion s'est jouée ces derniers jours. Faute de repreneurs, l'aventure s'est terminée. Elle n'aura duré que quatre ans.

Jean-Pierre  Largillet

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