Startup-show.com : VenomeTech à la recherche des venins qui soignent

Posté ven 13/04/2012 - 15:49
Par admin

Sorti de la recherche publique, Pierre Escoubas a consacré sa vie à la découverte du monde mystérieux et redouté des venins. Avec VenomeTech, qu'il a fondé en 2009, il développe de nouvelles molécules tirées de venins d'araignées pour créer les médicaments de demain contre la douleur, les maladies cardiovasculaires ou le cancer. C'est l'invité du prochain Startup-show, jeudi 19 avril de 17 heures à 17h30.

Startup-show.com : VenomeTech à la recherche des venins qui soignent

La course est longue dans les biotechs. Entre la mise au point d'une nouvelle molécule et la mise sur le marché d'un médicament, il peut s'écouler une bonne dizaine d'années. Avec en prime tous les aléas de marché que comporte le secteur ultra-sensible de la santé publique. A Sophia Antipolis Pierre Escoubas, chercheur, Phd, en sait quelque chose. Il a fondé VenomeTech, entreprise dédiée à l'exploitation des composés de venins pour le développement de nouvelles molécules thérapeutiques et a pu mesurer le degré d'opiniâtreté et de patience dont il faut s'armer non seulement pour découvrir de nouvelles molécules et les développer, mais surtout pour trouver les fonds afin de continuer à avancer. Dur challenge. Il aura l'occasion de l'expliquer, jeudi 19 avril de 17 heures à 17h30 dans le Chat Video de Startup-show.com.

Biotech : des infrastructures couteuses

Pourtant ce ne sont pas les compétences de la société ni les potentialités de sa technologie qui font défaut. Les compétences ont été reconnues par de nombreux prix. Venome Tech peut se flatter d'avoir été lauréat du Concours Tremplin Entreprises Sénat 2008, du Concours PACA Entreprendre 2008, du Concours National de Création d'Entreprises Innovantes 2009, Finaliste du Concours Act'Santé PACA 2009. Il est de plus membre du Pôle de Compétitivité Eurobiomed. Autant de signes de reconnaissance. Mais si la société a pu bénéficier, à travers ces prix, de financements publics, l'absence cruelle de fonds d'amorçage l'a privée d'un développement fulgurant.

"Dans le secteur des biotechs, les infrastructures sont couteuses", explique ce chercheur qui a passé douze ans à l'IPMC de Sophia (Institut de pharmacologie moléculaire et cellulaire). "Que l'on monte une boite pour offrir des services ou une biotech pharma comme nous pour sortir des molécules, il faut disposer d'un laboratoire. C'est pour cela que beaucoup de chercheurs, quand ils se lancent, restent dans le monde universitaire. Venome Tech a certes réussi à monter un labo fonctionnel. Mais au prix de beaucoup d'énergie et grâce à l'apport du financement public."

"Le coup de booster qui nous a fait démarrer, c'est le concours du ministère pour les Entreprises Innovantes en 2009. Nous avons alors touché 200.000 euros ce qui nous a permis de louer des locaux. L'argent de ce prix nous a mis le pied à l'étrier. Sans ce financement du concours, la société n'aurait pas pu être créée".

Le projet européen VENOMICS lui apporte une visibilité sur 4 ans

"Nous avons ensuite décroché un financement de l'ANR (Agence nationale de la recherche). Et puis, ce qui nous assure aujourd'hui une visibilité pour 4 ans, c'est le projet européen VENOMICS (The Venomous Systems Genome Project) dont nous sommes leader". Ce projet a été lancé autour de la découverte de molécules thérapeutiques innovantes à partir de l’exploration à haut débit, par les technologies les plus modernes, de la diversité des venins animaux. Il est doté d’un budget de 6 millions d’euros (sur 2011-2015), et sera réalisé par un consortium académique et industriel de 8 partenaires représentant 5 pays européens.

VenomeTech bénéficiera ainsi d'un financement de l'ordre de 1 million d'euros sur 4 ans. Depuis sa création en 2009, la société a collecté 2,23 M€ de subventions, entre une aide d’Oséo de 400 k€ et sa participation à des projets ANR, FEDER, CNRS et européens. Elle a pu embaucher (5 permanents aujourd'hui auxquels s'ajoutent un thésard et quatre stagiaires), acheter de nouveaux équipements et se doter ainsi des moyens de mettre en œuvre une activité de service destinée à lui assurer des revenus réguliers. "Aujourd'hui, nous avons les infrastructures et nous pouvons ainsi proposer une offre de service crédible auprès des big pharmas, les laboratoires pharmaceutiques." Une offre de services qui devrait permettre d'engranger plusieurs centaines de milliers d'euros de revenu par an, en attendant l'arrivée éventuelle d'un Venture Capitalist.

Deux premières molécules pour lutter contre la douleur

Cette visibilité financière lui permet aussi d'enrichir constamment sa collection de plus de cinq cents venins (l'une des plus importantes du monde) et de continuer à développer les deux premières molécules venant des venins d'araignée qui ont été identifiées pour lutter contre la douleur. Le concept, quant à lui, a déjà été validé. Les exemples de blockbusters sortis des venins existent. Quatre molécules en particulier sont devenues des médicaments à succès. Exemple le plus parlant avec le Captopril, un anti-hypertenseur venant du venin d'un serpent brésilien qui a même déjà dépassé 10 milliards de dollars de vente!

Reste à VenomeTech, désormais reconnu comme l'une des trois sociétés mondiales leader dans ce domaine, à mener une ou plusieurs molécules en stade pré clinique ou en phase 1 chez l'homme, voire au-delà. Mais maintenant que le plus dur est fait, le décollage de l'entreprise, tous les espoirs sont permis. Pour en savoir plus et poser vos questions à Pierre Escoubas, connectez-vous jeudi 19 avril de 17 heures à 17h30 sur www.startup-show.com (les questions peuvent être posées sur ce site Web, dès mercredi).

Pierre Escoubas : une vie consacrée aux venins

Pierre Escoubas, autant qu'il se souvienne, a toujours travaillé dans le monde mystérieux des venins. Sa thèse, il l'a faite sur une molécule de venin d'une fourmi. Il est ensuite parti au Japon puis aux Etats-Unis, sans quitter son sujet de prédilection. J'ai toujours travaillé sur les produits naturels. Un peu sur les plantes mais essentiellement sur les molécules provenant de venin note-t-il.

Titulaire d'un Doctorat en Ecologie Chimique, il a depuis plus de dix ans été l'un des pionniers du développement des toxines d'araignées comme outils pharmacologiques pour l'étude des canaux ioniques, pendant son séjour au Suntory Institute (Osaka, Japon) puis comme chercheur à l'Université Pierre et Marie Curie, à l'Université de Nice Sophia Antipolis et à l'Institut de Pharmacologie Moléculaire et Cellulaire (CNRS) à Sophia-Antipolis. Il a complété sa formation scientifique par plusieurs stages de management d'entreprises innovantes à HEC Paris (Challenge+), EM Lyon et Babson College (Boston, USA).

Ajouter un commentaire