Taser à Nice : Yann Librati (PS) demande de suspendre son utilisation

Posté sam 29/05/2010 - 11:35
Par admin

Tout le monde n'a pas applaudi au retour du Taser dans l'armement des policiers municipaux niçois, sitôt la nouvelle autorisation signée par le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux. Conseiller Municipal socialiste et Président de la Commission des Finances de la Ville de Nice, Yann Librati explique dans un communiqué pourquoi il dit "non au retour du Taser à Nice" et demande au maire de Nice, Christian Estrosi de suspendre son utilisation ajoutant qu'une pétition en ce sens serait lancée. Voici la position d'Yann Librati.

 

"Depuis deux ans Christian Estrosi s’obstine à vouloir équiper les policiers municipaux de Tasers. Depuis deux ans, je ne cesse de le mettre en garde et d’alerter l’opinion publique sur les dangers que représente l’utilisation d’une telle arme pour les personnes fragiles : femmes enceintes, personnes âgées, personnes portant un pace maker, etc.

 

Le Taser est un pistolet à impulsions électriques qui envoie une décharge sur le sujet à appréhender pour l’immobiliser. Or, déjà utilisée au Canada et aux Etats-Unis cette arme est à l’origine de nombreux décès, notamment de personnes présentant des risques cardiaques. Ainsi, la société américaine Taser, qui fabrique le pistolet à impulsion électrique, recommande elle-même de ne pas viser la poitrine et le cœur des suspects ! Selon Amnesty International, entre 2001 et 2008, 351 personnes ont trouvé la mort suite à une décharge de Taser.1

 

Christian Estrosi a pourtant équipé les policiers municipaux de Tasers sans qu’aucune étude n’ait pu démontrer que ces armes ne présentaient pas de danger pour les personnes ainsi « électrocutées ».

 

Il ne s’agit pas là de politique politicienne mais de sécurité publique. Il est du devoir et de la responsabilité de tout élu de s’assurer de l’innocuité d’une nouvelle arme avant d’en doter les forces de l’ordre. Mais, Christian Estrosi, lui, n’a voulu écouter personne. Il a maintenu sa politique du « tout sécuritaire » en dépit du bon sens et en dépit de la sécurité des Niçois.

 

Le Conseil d’Etat, en septembre 2009, a annulé l’utilisation des Tasers, estimant que leur utilisation par les policiers municipaux n’était pas assez encadrée et contrôlée.

 

Le ministre de l’intérieur, Brice Hortefeux, prenant prétexte du tragique décès de la policière municipale Aurélie Fouquet, vient de faire publier au Journal Officiel un nouveau décret autorisant l’utilisation de cette arme par les policiers municipaux. Or il est évident qu’un Taser n’aurait pu protéger Aurélie Fouquet qui a subi des tirs par balles, à distance, alors que le Taser est utilisé au contact de la personne à appréhender. La vive émotion que nous avons tous ressentie suite à ce drame malheureux ne doit pas nous orienter vers une « fausse bonne solution ».

 

Ce décret a été aussitôt dénoncé par Amnesty international. La Ligue des Droits de l’Homme a déclaré que le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux "se moque de la sécurité des policiers et met en danger celle des citoyens". Elle affirme, de plus, que "le décret du 26 mai 2010 ne répond que très partiellement aux critiques" du Conseil d'Etat qui a annulé un précédent décret sur le même sujet le 2 septembre 2009. "En particulier, il ne réserve pas, comme c'est pourtant le cas pour la police nationale, l'usage de cette arme aux hypothèses de légitime défense, à l'encontre de personnes violentes ou dangereuses dont la neutralisation ne justifie pas le recours à une arme à feu".

On le voit, l’utilisation de cette arme constitue un réel danger pour nos concitoyens. Malgré cela, le Maire de Nice s’est empressé, dès hier après midi, de restituer aux policiers municipaux les 20 Tasers achetés avant l’arrêté du Conseil d’Etat.

 

Je demande solennellement à Christian Estrosi, en tant que Conseiller Municipal et au nom de la sécurité des Niçois, de suspendre l’utilisation du Taser à Nice.

 

La mise en danger des Niçois, sous prétexte de politique sécuritaire, est un acte grave. Nous ne pouvons laisser faire cela.

 

J’annonce enfin qu’une pétition circulera dès les prochains jours, à Nice, contre l’utilisation du Taser par les policiers municipaux, et que tous les Niçois pourront, ainsi, dire clairement au Maire de Nice qu’ils refusent de servir de cobayes à son laboratoire de l’insécurité. "

 

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