Taxe sur l'hôtellerie de luxe : un coup de bambou pour la Côte

Posté ven 09/09/2011 - 10:44
Par admin

Deuxième bastion français du tourisme de luxe après Paris, la Côte, qui aligne près de 100 hôtels 4 et 5 étoiles pour 10.000 chambres et un chiffre d'affaires de l'ordre de 400 M€, s'est sentie injustement touchée par une taxe qui vient remplacer celle qui était initialement prévue sur les parcs à thèmes. Les professionnels azuréens s'indignent d'une mesure prise à la sauvette et qu'ils estiment contre-productive.

Taxe sur l'hôtellerie de luxe : un coup de bambou pour la Côte

Le Grand-Hôtel du Cap-Ferrat, l'un des établissements les plus hauts de gamme de la Côte, labellisé récemment dans la catégorie "palace".

Le coup d'éclat de Jean-Pierre Raffarin, retombe sur le nez de la Côte d'Azur ! En choisissant de taxer l'hôtellerie de luxe à la place des parcs à thèmes, l'Assemblée Nationale a, sur la Côte d'Azur, certes soulagé Marineland. Mais elle touche tout le secteur de l'hôtellerie de luxe, le moteur de l'industrie touristique azuréenne. La Côte dispose en effet du second parc français après Paris, en nombre et qualité des établissements. Le CRT Côte d'Azur (Comité régional au tourisme), a d'ailleurs vite refait les comptes : le département aligne une belle palette de 93 hôtels de 4 et 5 étoiles dont 25 cinq étoiles. Au total cela représente environ 10.000 chambres et 20.000 lits pour 3 millions de nuitées annuelles et un chiffre d'affaires, hors restauration, qui avoisine les 400 M€. Rien d'anecdotique !

Christian Estrosi : injuste et contre-productive

On comprend que la taxe supplémentaire de 2% que devront payer les hôtels dont les nuitées dépassent les 200 euros (et non plus comme initialement prévu les 4 et 5 étoiles), a fait l'effet d'une douche froide dans un secteur qui est aussi l'un des plus gros employeurs de la Côte. Christian Estrosi, député maire de Nice UMP, a été l'un des premiers à monter au créneau. Hier matin sur LCI, il  a vivement critiqué une taxe qui porte un mauvais coup à la compétitivité du tourisme français et à l'emploi. "Je m'y oppose formellement", a déclaré l'ancien ministre de l'industrie en rappelant que c'est "une catégorie qui crée énormément d'emplois". Et de noter que "sur la Côte d'Azur, c'est 60% du chiffre d'affaires de l'hôtellerie et 50% de l'emploi dans l'hôtellerie". Cette nouvelle taxe lui paraît donc à la fois injuste et contre-productive.

A l'encontre de la nouvelle classification de 5 étoiles et de palaces

Les hôteliers azuréens, de leur côté, ont réalisé certes une belle saison d'été après quelques années difficiles. Mais ils ne s'attendaient pas à ce coup de bambou et, dépités, sont furieux. Cela d'autant plus que ces deux dernières années, sous l'impulsion d'Hervé Novelli, alors ministre du tourisme, ils avaient été incités à monter en gamme à travers notamment une nouvelle classification de 5 étoiles et de palaces.

"Ce projet de taxe est antinomique avec la nouvelle classification mise en place il y a deux ans par Hervé Novelli", tempête Michel Tschann, président du syndicat des hôteliers de Nice Côte d'Azur. "Beaucoup d'établissements ont lourdement investi pour répondre aux standards de ces nouvelles catégories et maintenant, pour toute récompense, ils se font taxer". Et de regretter au passage que le président du conseil général des Alpes-Maritimes n'ait pas été, dans cette affaire, aussi efficace que son homologue de la Vienne, Jean-Pierre Raffarin.

Beaucoup d'incertitudes sur les modalités de son application

"Au début, quand il a été question de taxer les hôtels sur la base des catégories 4 et 5 étoiles, beaucoup d'établissements haut de gamme de la Côte ont menacé de se déclasser et de n'afficher que 3 étoiles à leur fronton pour éviter la ponction. D'où le changement de fusil d'épaule du gouvernement et une taxation qui touchera les nuitées de plus de 200 €. Certains 3 étoiles, notamment en saison, rentrent désormais dans le champ de la taxe. Mais il reste beaucoup d'incertitudes sur la façon dont cette taxe sera appliquée. Le sera-t-elle sur le prix hors taxe ou TTC ? Sera-t-elle perçue sur un prix moyen de nuitée ou uniquement sur les nuitées qui dépasseraient ce chiffre ? Tiendra-t-elle compte de la ristourne que nous versons à des sites de voyages en ligne comme Expedia ?"

"La nouvelle taxe, qui devrait s'appliquer à partir du 1er novembre, est complexe à mettre en oeuvre et risque aussi d'être contournée par certains. Elle va d'autre part pour tous, nous obliger à modifier nos logiciels de gestions, nos gammes de tarifs… Elle va nous compliquer singulièrement le travail ainsi que celui des contrôleurs des impôts, pour un rapport global qui, au bout du compte, ne sera pas forcément celui que l'Etat attend," conclut Michel Tschann.

Ajouter un commentaire