Théâtre de Nice : En attendant Godot se fait attendre

Posté mer 02/10/2013 - 14:09
Par admin

Retard à l’allumage pour "En attendant Godot", la pièce de Samuel Beckett qui devait ouvrir demain la saison du Théâtre National de Nice. Finalement, la première aura lieu le 9 octobre mais le plaisir devrait être au rendez-vous avec ce monument du théâtre qui relate l’histoire de deux clowns célestes dont la route va croiser celle d’un autre couple improbable auquel ils livreront une joute tragico-burlesque, entraînant les spectateurs dans un road-movie immobile. Une pièce dont le metteur en scène, Paul Chariéras, s’est coulé dans la contrainte du cadre dessiné par l’auteur, avec sa musique des mots, ponctuée de silences rythmés.

Théâtre de Nice : En attendant Godot se fait attendre

"En attendant Godot" fera l'ouverture de la saison du Théâtre de Nice (DR).

"En attendant Godot", la pièce de Samuel Becket, dans une mise en scène de Paul Chariéras, qui devait ouvrir demain la saison 2013-2014 du Théâtre National de Nice se fera attendre quelques jours de plus en raison de l’indisponibilité de l’un de ses comédiens Marc Olinger qui sera remplacé par Laurent Chouteau qui reprendra le rôle de Pozo. La première de cette création du TNN aura donc finalement lieu le 9 octobre et 4 représentations ont été rajoutées jusqu’au 23 octobre pour compenser ce retard à l’allumage. Même si les premières représentations de cette pièce écrite en 1948 ont fait scandale avec la moitié des spectateurs qui sortait avant la fin de l’acte I,  "En attendant Godot" est aujourd’hui l’une des pièces les plus jouées au monde et est considérée comme la grande pièce métaphysique du XXème siècle, même si elle comporte aussi une dimension poétique et furieusement comique. "En attendant Godot" commence par relater l’errance de deux vagabonds dans un lieu de désolation avec pour seul horizon un arbre. Ils n’aspirent qu’à l’immobilité et voyagent en rêve en s’inventant des histoires, des jeux et des dialogues pour passer le temps, ce cancer qui les ronge et dont ils ont perdu jusqu’à la notion. Pour eux, Godot est le recours, celui qui autorise l’espoir et qui viendra demain ou après-demain… 

Samuel Beckett revu par Paul Chariéras

 "En attendant Godot" est souvent cataloguée comme la pièce symbolique du théâtre de l’absurde, mais pour Paul Chariéras rien ne serait plus absurde que de faire rentrer dans cette case le théâtre de Beckett, qui est surtout le théâtre du vide, du silence, du crépuscule, de la mort qui rôde et de l’anéantissement du présent. Il ne faut pas oublier que l’auteur a écrit cette pièce en 1948, au sortir de la guerre durant laquelle l’humanité a touché l’apocalypse avec Hiroshima ou la shoah. Dans cette atmosphère, Beckett relate l’histoire de deux clowns célestes, aussi inséparables que Laurel et Hardy, dont la route va croiser celle d’un autre couple improbable auquel ils livreront une joute tragico-burlesque, entraînant les spectateurs dans un road-movie immobile. Dans son adaptation, Paul Chariéras a également veillé à prendre la pièce dans sa globalité et à ne pas dissocier le livret de la musique afin de ne pas perdre toute la force de l’œuvre. Il s’est donc coulé dans la contrainte du cadre dessiné par l’auteur, avec sa musique des mots, ponctuée de silences rythmés. Paradoxalement, c’est du carcan de cette contrainte qu’il a puisé sa liberté de metteur en scène.

"En attendant Godot" de Samuel Beckett. Mise en scène de Pau Chariéras. Théâtre National de Nice. Salle Michel Simon. Du 9 au 23 octobre. Mardi et jeudi à 20 h, mercredi, vendredi, samedi à 21 h, dimanche à 15 h 30.

   

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