Tourisme Côte d'Azur : une baisse d'un milliard d'euros sur deux ans !

Posté lun 07/02/2005 - 00:00
Par admin

La baisse de la fréquentation a été ralentie en 2004 par rapport à 2003 (60 millions de nuitées soit -4%). Mais conjuguée avec une baisse de la dépense, la consommation touristique plonge de 10%. Evaluée à 5 milliards € en 2002, elle tombe autour de 4 milliards € en 2004.

Le creux de la vague en 2004 pour le tourisme azuréen ? Il est possible de l'espérer. Mais rien n'indique que 2005 sera meilleur que 2004 qui a encore baissé par rapport à une année touristique 2003 déjà considérée comme mauvaise. Gaston Franco, président du CRT (Comité Régional du Tourisme) Riviera Côte d'Azur, lors du bilan de l'année effectuée à l'aéroport Nice Côte d'Azur avec la Chambre de Commerce et d'Industrie, s'est voulu certes rassurant. "Le tourisme azuréen présente des évolutions cycliques avec des phases de plusieurs années : en baisse sur la période 1991 (guerre du Golfe) à 1995, en hausse sur la période 1996-2001, en baisse depuis septembre 2001. La baisse a été modérée en 2002, plus forte en 2003, et 2004 voit la tendance s'amortir avec une érosion limitée. 2004 devrait marquer le creux de la vague, et une reprise se dessiner au cours des mois à venir", déclarait ainsi en préambule Gaston Franco.Mais force est de constater que les chiffres ne portent pas forcément à l'optimisme dans une année 2004 sonnée par l'annonce du départ pour Barcelone de son congrès phare, le 3GSM World Congress. Globalement, le nombre de nuitées a baissé à 60 millions et celui des séjours est tombé à 8,4 millions. Loin des 10 millions de 2000. L'impact économique de cette nouvelle chute de fréquentation (moins 4% en 2004 après moins 10% en 2003) est d'autant plus fort en 2004 qu'il est conjugué à une baisse des dépenses estimée à 4%. Ce qui fait, note le CRT, une "perte en consommation touristique" de l'ordre de 9%. Si l'on y rajoute l'inflation, la perte tourne autour d'un bon 10%.Un coup de calculette en donne toute la mesure en euros sonnants et trébuchants. En 2003, la "consommation touristique intérieure" avait été évaluée à 4,5 milliards d'euros. Pour 2004, 10% de baisse, c'est autour de 450 millions d'euros de moins dépensés sur la Côte par le tourisme ! Et près d'un milliard d'euros en moins par rapport à 2002 quand cette "consommation touristique" était évaluée à 5 milliards d'euros !- Nuitées touristiques : En terme de nuitées, le nombre total sur l'année est de 60 millions (62 millions annoncés en 2003) pour un nombre de séjours estimés à 8,4 millions (9 millions en 2003 et 10 millions en 2000). Sur ce chiffre, le total des nuitées en hôtels et résidences est de 12 millions (-5,5% par rapport à 2003). On est ainsi retombé aux années 1997-98 alors que le record date de 2001 avec 14,5 millions de nuitées. La baisse la plus importante a été enregistrée pour les séjours à motif "affaires", la demande "loisirs" ayant été moins affectée.- Hôtels : taux d'occupation moyen à 58%. Les hôtels sont restés en dessous de la barre des 60% de taux d'occupation en moyenne à l'année, plancher enfoncé en 2003 avec 57% (il est estimé que la rentabilité hôtelière commence à partir d'un taux d'occupation de 60%). Ce taux est remonté d'un point en 2004 (58%). A noter que ce sont les 4 étoiles et 4 étoiles luxe qui ont le mieux résisté (+2%). Mais leur taux d'occupation ne dépasse pas pour autant les 60% (59%). Le meilleur score reste celui des hôtels 0 et 1 étoiles avec 69%.- Résidences et meublés en chute libre. S'il y a eu un tout petit mieux pour l'hôtellerie, en revanche les résidences de tourisme et hôtelières ainsi que les meublés ont plongé : - 8 points à 61% d'occupation pour les résidences de tourisme avec une perte de 9% de nuitées. La fréquentation des campings a chuté de 10% et celle des Gîtes de France de 12%.- Demande étrangère en recul, marché national stable. "Globalement la demande étrangère a reculé, tandis que le marché national reste stable, a noté Gaston Franco. "Ce qui ramène le taux d'étrangers à 52% environ." A noter une reprise du marché américain, une hausse importante des Russes (+16%), des Moyens-Orientaux (+12%), des Japonais (+11%). Baisse en revanche sur le marché italien, allemand et hollandais.Euro fort et concurrence de destinations hors euro. Tentative d'explications à cette nouvelle baisse : l'euro fort et la concurrence d'autres destinations hors euro, comme la Croatie. Dans le domaine du tourisme d'affaires et de congrès, le choc 2004 aura été l'annonce du départ pour Barcelone du 3 GSM World Congress, le plus gros congrès azuréen avec quelque 30.000 visiteurs. Pour Gaston Franco, cela a été révélateur d'un fait : Nice, Cannes et Monaco ne travaillent pas ensemble, tandis que le 3GSM nous a appris que Barcelone était devenu notre concurrent numéro 1."Il faut convaincre les politiques de revenir au concept de Sun boulevard, avec l'ambition de faire en sorte qu'un congressiste logé à Nice pour un congrès à Cannes ne soit pas un sous-congressiste. Actuellement le produit Côte d'Azur n'est pas homogène. Il faut organiser une meilleure synergie entre les palais des congrès de la Côte, les transports, les hôtels." Un programme de relance du tourisme azuréen tout trouvé pour 2005.

Jean-Pierre  Largillet

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