Tournaire : de l'emballage de la parfumerie à l'industrie solaire

Posté ven 14/10/2011 - 16:44
Par admin

Patron d'une PME emblématique du secteur grassois de la parfumerie, Luc Tournaire, qui cherchait à se diversifier, a inauguré sa nouvelle usine de panneaux photovoltaïques à Pégomas. Un investissement de 6M€ (hors immobilier) pour une capacité de production de 360 panneaux par jour. Vingt emplois ont déjà été créés avec la perspective d'un doublement des effectifs en 2012.

Tournaire : de l'emballage de la parfumerie à l'industrie solaire

Luc Tournaire dans sa nouvelle usine de production de panneaux photovoltaïques à Pégomas.

Le retour de l'industrie sur la Côte d'Azur, salue dans Les Echos, Christiane Navas. C'est vrai. Visible à travers les investissements en cours ou déjà réalisés : à Carros, Virbac qui s'agrandit pour 30 M€ et Schneider automatisme qui regroupe ses forces pour 12 M€; dans le pays de Grasse, Robertet qui a inauguré aujourd'hui sa nouvelle usine (25 M€), et Payan Bertrand qui investit 10 M€ dans une nouvelle usine de production. Impressionnant.

Une diversification pour une PME familiale emblématique de l'industrie grassoise

Tournaire Solaire Énergie, qui a inauguré la semaine dernière sa première usine à Pégomas, se trouve peut-être à une hauteur d'investissement un peu moindre (6 M€ hors immobilier quand même). Mais la démarche est d'autant plus intéressante qu'il s'agit d'une nouvelle activité pour une PME familiale née dans le terreau de la parfumerie grassoise et cumulant près de 180 années d'expérience industrielle dans l'emballage technique des parfums et arômes. Cette nouvelle usine, ultra moderne, avec robots, chaînes de montage, permettra de fabriquer des panneaux photovoltaïques avec une capacité de 360 panneaux par jour pour une production annuelle de 30 MWc.

La raison de cette diversification ? La crise. Entre 2008 et 2009, Tournaire S.A. (43 M€ de chiffre d’affaires en 2010, dont les deux tiers réalisés à l’export, 250 salariés) voit son chiffre d'Affaires chuter de 18%. Profitant de cette période de calme pour mener une réflexion sur le long terme, le comité de direction de l’entreprise familiale, présidé par Luc Tournaire, prend le taureau par les cornes. Plutôt que d'appuyer brutalement sur le frein, il cherche à éviter les licenciements, en s’appuyant sur une politique de formation (Trophée de la Formation Continue au salon Pro- Forma en mars 2011) et de diversification.

Le Grenelle de l’environnement lui ouvre des opportunités dans le photovoltaïque. Tournaire S.A trouve un partenaire expérimenté : la société Hélios Energy Europe. Il s'associe avec elle (à hauteur de 25%) et crée en 2010 Tournaire Solaire Energie, une filiale dédiée à la production de panneaux photovoltaïques. Il reprend un bâtiment industriel en état d'achèvement dans le Parc d'Activités des Oliviers à Pégomas. La société espagnole installe la ligne d'assemblage, Luc Tournaire engage les embauches, le programme de formation et lance les opérations.

Un pari sur le développement du photovoltaïque en France

Inaugurée vendredi dernier, cette unité de production de très haute technologie de 2.700 m2 emploie déjà 20 personnes avec l'objectif de doubler l’effectif d’ici à 2012. L'accent est mis sur la qualité et sur l'intégration des panneaux solaires dans l'architecture. Le pari, lui, est fait sur le développement du photovoltaïque en France et tout particulièrement sur la côte d'Azur, étant donné son ensoleillement et ses difficultés d'approvisionnement en électricité.

Le chiffre d'affaire potentiel est de l'ordre de 35 M€ annuel. Des possibilités d'extension ont déjà été envisagées avec la mise en place dans le bâtiment existant d'une seconde ligne de production et la construction d'un second bâtiment pour le stockage. Reste que le pari n'en est pas moins difficile avec d'une part les remous autour des changements de tarifs du rachat de l'électricité solaire et surtout, d'autre part, la terrible concurrence de la Chine sur le marché des panneaux photovoltaïques. Luc Tournaire en est bien conscient. "L'année 2012 sera difficile" prévoit-il. Mais, tout comme son partenaire espagnol, une PME, comme lui, c'est sur le long terme qu'il investit. Et c'est sur la distance qu'il compte bien faire la différence.

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