Train à Grande Vitesse : pas de LGV PACA sans un renforcement des TER

Posté lun 12/09/2005 - 00:00
Par admin

Les cinq mois de débat public dont le bilan a été tiré à Marseille ont révélé de fortes aspirations pour un renforcement du réseau des Trains Express Régionaux. D'où un tracé Marseille, Toulon, Nice qui semble tenir la corde. Si toutefois le projet LGV PACA est retenu…

C'était un exercice difficile. Comme le notait Yves Mansillon, président de la Commission nationale du débat public (CNDP), lors du bilan officiel de la Commission Nationale de Débat Public sur la LGV PACA (ou LGV Côte d'Azur), vendredi à Marseille, "c'est la première fois qu'un débat public concerne un si grand territoire avec une population si nombreuse (1,5 million de foyers) et on a touché un peu aux limites de l'exercice". Le débat qui s'est déroulé du 21 février au 8 juillet 2005 aura permis toutefois de faire remonter les aspirations des trois départements traversés (Bouches-du-Rhône, Var et Alpes-Maritimes). Qu'en retenir ? Le département des A.-M. peut-il en espérer un consensus qui préserve l'intérêt majeur de cette ligne à grande vitesse : brancher Nice sur le réseau européen des LGV et mettre la métropole azuréenne à moins de 4 heures de Paris (contre 5h30 aujourd'hui)?Libé : "Donnez-nous notre train quotidien"Première constatation, notée par l'ensemble des médias : la priorité qui s'est révélée sur l'ensemble de la PACA (Provence Alpes-Côte d'Azur) n'est pas la ligne à grande vitesse mais des liaisons régionales plus denses et plus rapides. Ont été épinglés la ligne ferroviaire Marseille-Aix, moins rapide que le bus ou encore des Cannes-Menton qui se traînent. Lors des réunions publiques, certains ont souhaité par exemple la mise en place de TER-TGV (Trains Express Régionaux à Grande Vitesse) comme il en existe dans certains pays. En résumé, note ainsi Libération, avant même le TGV pour 2020, c'était "donnez-nous notre train quotidien" ("Entre TGV et petits trains rapides, Paca cherche son rythme").Autres "remontées" auxquelles il était possible de s'attendre : celles qui concernent l'environnement. Un thème qui est particulièrement sensible dans le centre Var où se trouvent de nombreuses propriétés vinicoles. Sur les Alpes-Maritimes, c'est évidemment là que s'exprime le plus massivement le besoin d'une ligne à grande vitesse. Mais il s'y ajoute une autre nécessité : raccorder cette ligne Nice-Paris au réseau ferroviaire à grande vitesse italien pour assurer la continuité de l'Arc méditerranéen de Barcelone à Turin.Des gares TGV facilitant l'interconnexion avec le réseau TERToutes ces aspirations sont-elles incompatibles ? Pas forcément. RFF (Réseau ferré de France), estime que la LGV permettrait de réserver la ligne SNCF actuelle pour les TER. En ce sens, la LGV autoriserait de nouveaux développements TER en libérant du trafic TGV une ligne littorale déjà bien surchargée. Un cas de figure qui privilégie une ligne TGV dont les gares ne seraient pas trop éloignées des métropoles urbaines et qui faciliterait une interconnexion entre réseau TER et TGV. Ce besoin d'interconnexion des deux réseaux régional et grande vitesse plaide pour le tracé Marseille, Toulon, Nice auquel s'étaient raccordés, juste avant la fin du débat public les trois sénateurs-maires concernés (Jean-Claude Gaudin, Hubert Falco et Jacques Peyrat) ainsi que Christian Estrosi, président du Conseil général des Alpes-Maritimes.Reste aussi une question qui est loin d'être anodine : celle du prix à payer. Si Marseille a pu avoir sa LGV sans avoir pratiquement à sortir d'argent (SNCF et Etat avaient réglé la note), le schéma est aujourd'hui différent. Le coût de l'extension évalué suivant les scénarii entre 5 et 7 milliards d'euros (certains chiffres allant jusqu'à 8,5 milliards d'euros ont même circulé) sera pour au moins de 35% voire de 40 à 50% à la charge des collectivités locales, selon Philippe Marzolf, président de la commission du débat public LGV PACA. Ces dernières pourront, voudront-elles, suivre ?Décision d'ici le 8 décembre 2005Toutes les pièces du débat sont désormais dans la main du gouvernement et de RFF qui ont jusqu'au 8 décembre pour décider de la poursuite ou non du projet et pour dire, le cas échéant, comment ils répondront aux attentes révélées pendant les cinq mois de débat public. Si le feu vert est donné, dix à douze ans d'étude seront encore nécessaires pour déterminer le tracé qui sera retenu et, point névralgique, pour fixer les conditions de financement. Mais d'ores et déjà, l'échéance essentielle se jouera avant la fin de l'année.

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