Un coup de pouce pour "L'île invisible" (Fukushima), le film de Keiko Courdy

La réalisatrice biotoise Keiko Courdy termine une campagne de crowdfunding sur KissKissBankBank pour "L’île invisible" son second long-métrage autour de la vie à Fukushima après la catastrophe nucléaire. Un petit coup de pouce à lui donner pour assurer la phase finale, celle de la distribution et du lancement en sélection dans les festivals internationaux.

Un petit coup de pouce pour la réalisatrice biotoise Keiko Courdy. Elle termine une campagne de crowdfunding sur KissKissBankBank pour "L’île invisible" son second long-métrage sur Fukushima au Japon et il lui manque des participations pour atteindre la dernière étape : finir de rémunérer la musique, les droits et la finalisation de la post-production d'un film 100% indépendant. Après 5 ans de tournage, le film est en effet bientôt prêt pour entrer dans sa phase finale, la distribution, et être lancé en sélection dans les festivals internationaux.

Depuis 2011, Keiko Courdy a filmé chaque année dans la zone d'exclusion

Le travail de Keiko Courdy sur Fukushima est remarquable. Unique. Il pourrait être mis en relation avec ce qu'a fait dans le domaine scientifique l'Ecole des Mines de Paris à Sophia autour de la gestion des risques. Depuis 2011, l'année de la catastrophe, la réalisatrice a filmé chaque année dans la zone d'exclusion de la centrale nucléaire dévastée par le tsunami. Elle a ainsi développé une relation de confiance avec les populations locales et le monde secret des ouvriers nucléaires, et a pu montrer la vie dans ce monde parallèle, une île invisible.

Le film suit des personnes qui ont survécu au tsunami et qui ont été forcées d'évacuer, de ceux qui sont revenus dans les heures les plus sombres pour sauver leur pays, et des travailleurs accourus de loin, les liquidateurs de Fukushima Daiichi. Sur le rivage de la centrale nucléaire dévastée, la vie a aujourd'hui repris. À côté d'une installation blanche pour brûler les déchets radioactifs, des enfants jouent au sol, des sacs noirs de terre contaminée s'accumulent, et l'herbe pousse par-dessus. Mais dans la zone, les traumas invisibles sont partout.

"Une histoire de nature, d'hommes, de femmes et de défaite technologique"

Il ne s'agit pas pourtant d'un simple documentaire. Keiko Courdy, qui a déjà sorti un premier film sur Fukushima ("Au-delà du nuage"), a cherché à capter l'esprit du lieu et à raconter une "histoire de nature, d'hommes, de femmes, et de défaite technologique". Une histoire qui est aussi celle d'une civilisation placée en face de ses propres choix technologiques et incapable de maîtriser le "monstre" qu'elle a créé. C'est au cœur même de cette zone d'exclusion et au plus profond d'un drame contemporain qui hante désormais notre mémoire collective et nous concerne tous qu'elle nous fait pénétrer.

Ajoutons que la réalisatrice (PhD, elle a enseigné à Kyoto et parle japonais couramment) a su s'adjoindre quelques talents remarquables comme celui de Ryuichi Sakamoto. Musicien très engagé dans l’après-Tsunami et Fukushima, il a offert une de ses musiques comme ouverture et thème principal du film avec la voix légendaire de David Sylvian avec lequel il avait fait la musique magique du film "Furyo" (avec David Bowie).

Bref, un thème majeur, une qualité de réalisation et une ambition cinématographique qui rendraient presque dérisoire le montant encore recherché sur Kisskissbankbank : il manquait 1.100 euros ce mercredi matin pour boucler une campagne à 5.000 euros à laquelle ont déjà souscrit 43 contributeurs. Pour paraphraser une célèbre publicité, "L'île invisible" le vaut (très largement) bien….

 

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