Un Michel Boujenah aux deux visages

Posté ven 16/03/2012 - 00:17
Par admin

Habitué des lieux où il possède une maison dans laquelle il vient fréquemment se ressourcer, Michel Boujenah est actuellement doublement à l’affiche sur la Côte d’Azur. Jusqu’au 10 avril, il joue au Théâtre National de Nice dans Après tout, si ça marche… . Une création de Daniel Benoin d’après le film de Woody Allen Whatewer Works. Lundi, il sera à La Palestre au Cannet dans Enfin Libre, son dernier One Man Show avec lequel il parcourt les scènes françaises depuis 2008, tout en l’actualisant permanence. Interview de Michel Boujenah pour évoquer cette double actualité.

Un Michel Boujenah aux deux visages

Michel Boujenah, qu’est ce qui vous a particulièrement intéressé dans la pièce tirée de Woody Allen ?

Ce qui m’a plût, c’est que le rôle est très différent de ce que je fais dans mes one man show. C’est un personnage de misanthrope et de misogyne qui a des terreurs nocturnes et des délires morbides, ce qui ne me ressemble pas. Ensuite, j’avais envie de retravailler avec Daniel Benoin avec qui j’ai vécu une expérience formidable il y a deux ans avec L’Argent des autres. Quand il m’a demandé de jouer ce rôle magnifique, j’ai dit oui même si je meurs de trouille. C’est un gros risque pour moi, mais qu’importe, c’est le moment de le faire et c’est passionnant.

C’est vraiment un rôle de composition ?

Oui et c’est cela qui est intéressant, sauf que je ne me rase plus et  que j’ai du mal à me retrouver quand je me regarde dans la glace le matin. En plus, je prends 10 ans dans ce rôle d’un personnage lucide et désespéré qui a le regret de constater qu’on est une espèce ratée. C’est tout à fait la vision d’un désespéré dans le milieu new-yorkais de Woody Allen, mais curieusement c’est drôle. C’est une vision assez délirante des temps modernes.

Changement de personnage lundi où vous serez à La Palestre avec Enfin Libre ?

Ce spectacle, c’est le contraire de ce que je fais sur Woody Allen, un travail dans lequel je suis astreint à une grande rigueur. Dans Enfin Libre par contre je fais tout. Je suis producteur, acteur et metteur en scène donc je jouis d’une liberté incroyable et c’est passionnant de vivre ce spectacle qui est très important dans ma vie. C’est à la fois le bilan d’un grand nombre d’années de travail, et en même temps, il est le commencement de quelque chose dont je ne soupçonnais pas être capable.

Qu’est ce qui change par rapport a vos précédents spectacles ?

Je ne savais pas que j’étais capable d’avoir autant de liberté et je ne pensais pas que je pouvais improviser et passer du coq à l’âne. Parler d’amour et des rapports entre les jeunes et les vieux, parler de la science, des SDF et de plein de choses. D’habitude, il y avait un thème dans mes spectacles et je n’en sortais pas. J’aimais cela mais à un moment donné ça m’a fatigué et j’ai eu envie d’aller dans tous les sens. C’est pourquoi, j’ai appelé ce spectacle Enfin libre. Depuis 2008, c’est une aventure magnifique. J’ai découvert une nouvelle manière de raconter des histoires et cela, ça n’a pas de prix.

C’est aussi une réflexion sur la liberté ?

Dans tout le spectacle, je dis à la fois c’est magnifique d’être libre et de faire tout ce qu’on veut, mais en même temps, à la fin, il y a un SDF qui arrive et qui dit que la liberté n’est qu’un mot quand on n’a pas les moyens. Je n’ai pas voulu oublier qu’en France, il y a beaucoup de gens qui vivent en dessous du seuil de pauvreté et que c’est bien joli de dire je suis libre mais, si on n’a pas de logement ou de travail, on ne peut rien en faire.

Ajouter un commentaire