Université des CCI : l'économie selon "Sarko"

Posté ven 03/09/2004 - 00:00
Par admin

Le ministre de l'Economie, qui veut marquer son passage à Bercy à travers le budget 2005, a présenté tout un programme de réformes devant les responsables des CCI françaises. Gestion des finances, fiscalité, droit du travail, croissance : un véritable discours programme.

Dialogue imprévu à son arrivée à midi avec des syndicalistes EDF-GDF qui l'attendaient depuis plus d'une heure à l'entrée du palais des congrès de Juan-les-Pins; discours de politique économique générale très dense à 12h30 devant les participants de la 8ème université d'été des CCI; remise des parrainages de la fédération UMP des Alpes-Maritimes par Christian Estrosi à 13h30 au parc Phénix à Nice; visite du pont sur le Var du chantier de la RN202 à 15h30; le tout à cent à l'heure avec dans le sillage un flot de journalistes, de photographes et de caméramen : c'était hier le résumé de la journée azuréenne vibrionnante de Nicolas Sarkozy. La réunion au parc Phénix fut évidemment plus politique avec la réaffirmation d'une candidature à la présidence de l'UMP dans un climat apaisé avec le président de la République Jacques Chirac. Devant les présidents et directeurs généraux des CCI de France, en revanche, c'est le volet économique qui a été abordé.Ceux qui étaient venus ne serait-ce que pour entendre Nicolas Sarkozy n'ont d'ailleurs pas été déçus. Même si on se trouva bien vite au-delà du thème de l'Université des CCI : la réconciliation des Français et de l'entreprise. Car ce ne fut pas à une petite intervention de circonstance, toute convenue qu'il se livra. Au contraire. Pendant une heure, avec beaucoup de conviction, de verve, émaillant son discours d'anecdotes et de formules à l'emporte-pièce, le ministre d'Etat, ministre de l'Economie, des finances et de l'industrie fit en fait une véritable déclaration de politique générale. Les mauvaises langues diront même qu'il a dessiné un programme économique pour une présidence…Avant son départ de Bercy qui devrait maintenant intervenir fin novembre pour cause de cumul non autorisé avec la présidence de l'UMP (c'est ce que Jacques Chirac a redit lors de l'annonce que le ministre de l'économie lui avait faite mardi de sa candidature), Nicolas Sarkozy s'est montré décidé à mettre les bouchées doubles. Et à imprimer sa marque sur le budget 2005. De ses déclarations, voici ce qu'on retiendra.- France Télécom. La décision de privatiser l'opérateur a été prise mardi à 20 heures. Dans la nuit, les dernières modalités ont été mises en place avec les banques. Mercredi soir à 19h30, la plus grosse opération de privatisation jamais réalisée était souscrite. L'Etat a récupéré 5,1 milliards d'euros et réalise une plus value de plusieurs millions d'euros. Le produit de l'opération sera destiné au désendettement. Ce qui permettra de diminuer de 180 millions d'euros le service annuel de la dette.- Le surplus de rentrées fiscales 2004. Un dernier point, le désendettement, sur lequel il a insisté. "La dette de la France s'élève à 1.000 milliards d'euros et le remboursement des seuls intérêts représente 15% du budget de l'Etat". De même Nicolas Sarkozy compte affecter les 5 milliards d'euros de rentrées fiscales supplémentaires au désendettement. "Qui parle de cagnotte ? En 2003, nous avions 9 milliards d'euros de rentrées fiscales en moins que prévu en raison de la crise. 9 moins 5 nous restons encore en déficit de 4 milliards d'euros sur les deux ans. Alors, parler de cagnotte !- Donations en exonération d'impôt. En deux mois; cette "affaire de 20.000 euros" a permis de réintroduire un milliard d'euros dans l'économie de la France. Les crédits à la consommation ont d'autre part augmenté de 400 millions d'euros en juillet 2004 grâce également à des exonérations alors qu'ils avaient baissé en juillet 2003. Le déblocage des réserves de participation va prendre le relais à compter de septembre.- Délocalisations. Pour éviter les délocalisation il sera proposé dans la perspective de la prochaine loi de finance, des allégements d'impôts pour permettre aux chefs d'entreprise de se poser autrement la question et même pour favoriser le retour en France de certaines activités qui ont migré à l'étranger. Il est notamment envisagé d'accorder un crédit d'impôt proportionnel au nombre d'emplois "reterritorialisés". Dans les zones sensibles à la délocalisation, les entreprises pourraient bénéficier d'une exonération de taxe professionnelle à hauteur de 100.000 euros sur trois ans.- Prêt à taux zéro et crédit hypothécaire. Le prêt à taux zéro sera remplacé par des réductions d'impôt. D'autre part, il est envisagé de moderniser le crédit hypothécaire à l'image de ce qui s'est fait dans plusieurs pays où on libère la garantie offerte par l'hypothèque à mesure que le prêt immobilier est remboursé pour servir à d'autres usages immobiliers.- Droit du travail. "Jamais notre droit au travail n'a été aussi protecteur et jamais les salariés ne se sont sentis aussi menacés, a noté Nicolas Sarkozy. Son crédo : rechercher de nouvelles règles du jeu par la négociation suivant le principe du "gagnant-gagnant". Il propose par exemple d'assouplir les règles du CDI avec en échange un moindre recours aux contrats précaires. D'un contrat de travail offrant à la fois plus de sécurité et de flexibilité. Des règles de licenciement avec des délais moindres, mais des indemnités plus élevés.D'autres réflexions ont été également livrées sur la modernisation du statut des CCI, sur la taxation de la transmission du "fruit de son travail à ses enfants", sur la gestion des finances publiques, sur l'adaptation à la nouvelle donne de l'économie mondiale, sur l'Europe, sur la croissance. De quoi, terminait-il avec un sourire…s'occuper jusqu'à l'automne. Jusqu'à la fin de son passage à Bercy.

Jean-Pierre  Largillet

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