Venome Tech : des venins d'araignées pour créer de nouveaux médicaments

Posté lun 28/07/2008 - 12:45
Par admin

Venome Tech : des venins d'araignées pour créer de nouveaux médicaments

Serpents, araignées : ce sont là des petites bêtes venimeuses qui dérangent. Et pourtant, ces venins animaux peuvent devenir des alliés de l'homme et contribuer à créer de nouvelles molécules thérapeutiques. C'est sur cette potentialité encore peu exploitée des venins que s'appuie le projet Venome Tech du professeur Pierre Escoubas à Sophia Antipolis, projet récemment distingué par le prix "Coup de pouce" de Cap Innovation Méditerranée. Pierre Escoubas qui a travaillé pendant une dizaine d'années à l'Institut Pharmaco Moléculaire de la technopole aux côtés du professeur Lazdunski, joue en effet sur certaines propriétés des venins qui les rendent, hélas parfois pour nous, si efficaces.

Les venins : de véritables bibliothèques combinatoires de molécules

Ils sont notamment riches en petites protéines biologiquement actives dont l’efficacité et la sélectivité ont été hautement raffinées par le processus de sélection naturelle. Dans une perspective de santé humaine, la diversité structurale et pharmacologique des toxines fait des venins de véritables bibliothèques combinatoires de molécules. Les toxines d’araignées en particulier ciblent de nombreux récepteurs cellulaires impliqués dans les grandes pathologies humaines telles que douleur, cancer ou maladies du système nerveux.

Si l'on schématise très sommairement, le récepteur est une serrure et le médicament est la clé qui va ouvrir cette serrure pour pénétrer dans la cellule et agir. Venome Tech a mis au point un procédé d'identification par une méthodologie innovante qui combine analyse protéomique et génomique de toxines inhibant sélectivement différents sous-types de récepteurs. Ce qui devrait ainsi permettre la découverte, le développement et la commercialisation de nouvelles molécules thérapeutiques plus efficaces et plus sélectives. "Venome Tech compte trouver des molécules modèles servant à faire de nouveaux médicaments, explique Pierre Escoubas. "Ces molécules seront ensuite cédées sous forme de licensing à des laboratoires. Ce sont eux, qui lanceront alors le processus de création et de mise sur le marché de ces nouveaux médicaments".

Une nouvelle approche méthodologique combinant la génomique et la protéomique

Bel exemple de transfert de technologies issues de la recherche, Venome Tech, qui devrait déboucher prochainement sur une création d'entreprise, est désormais en incubation à PACA Est. Le projet peut mettre en avant plusieurs facteurs "concurrentiels". D'abord l'utilisation d’une ressource naturelle unique (venins d’araignées) qui lui ouvre une chimiothèque gigantesque et diversifiée (plus de 8.000.000 de peptides). Un matériel biologique original et essentiellement inexploité à ce jour, même si l'on commence à s'intéresser de plus en plus à cette voie.

Ainsi, comme le signalait voilà quelques jours le journal en ligne Bulletins-electroniques.com, des chercheurs de l'Université de Sao Paulo ont isolé une molécule, la Parawixin1. Extraite du venin d'une araignée commune en Amérique du Sud, elle présente un fort potentiel en tant que neuroprotecteur. Des travaux qui sont aujourd'hui considérés comme l'une des pistes les plus prometteuses pour le développement de médicaments contre des maladies telles que la sclérose latérale amyotrophique, la maladie d'Alzheimer, la sclérose en plaques et la schizophrénie.

Cette fabuleuse chimiothèque naturelle, le projet Venome Tech est d'autant plus à même de l'exploiter qu'il apporte une nouvelle approche méthodologique combinant des expertises complémentaires en génomique et en protéomique permettant d’accéder au potentiel énorme des venins. Autant d'atouts, d'ores et déjà, dans le berceau de la société.

Lire sur Bulletins-electroniques.com : "Le venin d'araignée au secours des neurones"

 

 

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