Vidéo très préoccupante sur les OGM : une "fausse histoire de censure"

"Des professionnels des semences et de la protection des plantes" ont réagi à l'écho intitulé "Une vidéo très préoccupante sur les OGM" (voir ci contre) que nous avons publié le 8 février dernier. Voici le texte intégral de cette réaction qui rétablit une vérité (la vidéo avait bel et bien été diffusée par la chaîne de télévision). Elle vient aussi, au-delà du canular, rappeler les conclusions des instances scientifiques françaises et européennes qui, selon les auteurs du texte, contredisent totalement les affirmations des "journalistes d'investigation" de la vidéo.
Un reportage diffusé sur la chaîne cryptée le 15 novembre 2005
Depuis quelques jours circule un message électronique invitant à visionner une vidéo sur les OGM intitulée « Les OGM sont-ils dangereux pour la santé ? Le rapport qui accuse », produite par Canal Plus et prétendument censurée par la chaîne qui refuserait de le diffuser. Lémission est censée démontrer les effets nocifs des OGM sur les rats de laboratoire qui lont consommé au cours de tests. Ces résultats auraient de surcroît étés gardés secret par les autorités concernées.
Or, la vidéo en question est un reportage diffusé sur la chaîne cryptée le 15 novembre 2005 dans lémission « 90 minutes ». Paul Moreira, alors aux commandes de lémission le reconnaît dailleurs volontiers et précise dans Libération (le 7 février 2007) qu« à cause de cette fausse histoire de censure, ce doc a été vu par deux fois plus de gens quà la télé ».
Mais par-delà le canular, un rappel de la chronologie et des conclusions des instances scientifiques françaises et européennes consultées qui contredisent totalement les affirmations des « journalistes dinvestigation » est nécessaire.
Un parti pris biaisé, défavorable aux biotechnologies
Le parti pris des journalistes est défavorable, a priori, aux biotechnologies. En effet, dès les premières minutes du reportage, la première définition des OGM qui est donnée est incomplète et anxiogène : « une plante dans laquelle des scientifiques ont introduit un gène venant d'un animal ». Or, aucune culture commerciale OGM actuelle ne contient de gène dorigine animale.
De plus, la plupart des scientifiques interviewés pour accréditer la thèse des journalistes ont été discrédités par la communauté scientifique pour leurs travaux dans ces domaines.
Comme chaque OGM, le maïs MON863, cité dans le film, a fait lobjet dune procédure dévaluation scientifique avant toute autorisation de culture ou de commercialisation
Rappelons que la procédure dautorisation des OGM prévoit une concertation entre tous les Etats européens et leurs autorités scientifiques compétentes dans ce domaine, sous légide de lEFSA (European Food Safety Authority). En France, les deux organismes appelés à se prononcer en la matière sont la Commission du génie biomoléculaire (CGB) composée dexperts scientifiques de la recherche publique et de représentants de la société civile dune part, et dautre part lAgence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) qui réunit uniquement des scientifiques de la recherche publique.
Les autorités scientifiques ont conclu à léquivalence du maïs MON 863 avec le maïs conventionnel
Avant toute considération, il convient de rappeler que les experts de lAFSAA et de la CGB ont eu comme il se doit accès à lintégralité des données du dossier pour pouvoir mener à bien leur évaluation. Contrairement à ce que prétendent les détracteurs, aucune donnée na été dissimulée.
La CGB a donc précisément évalué les effets du maïs MON 863 évoqué dans le reportage. Gérard Pascal, alors directeur scientifique pour la nutrition humaine et la sécurité alimentaire à lInstitut national de la recherche agronomique (un organisme public), membre de la CGB, a été rapporteur de cette évaluation. Il précise : « nous avons mis plus dun an, avec des évaluations successives de plus en plus focalisées, avant darriver à une conclusion analogue à celle dautre comités dexperts comme ceux de lAFSSA et de lEFSA », cest-à-dire constatant labsence danomalie imputable à lalimentation à base de maïs OGM sur les reins des rats.
Ces évaluations ont été menées par des experts biologistes (le spécialiste mondial de la pathologie du rein du rat de laboratoire y participa). Des contre-expertises ont également été demandées à dautres experts scientifiques, dont le Professeur A. Parodi, ancien directeur de lEcole Nationale Vétérinaire d'Alfort. Elles ont abouti aux mêmes conclusions.
Des anomalies traditionnellement observées chez les rats de laboratoire
Marc Fellous, actuel président de la CGB rappelle que celle-ci a conclu « que les modifications observées correspondent à des anomalies fréquentes chez le rat de laboratoire et n'ont pas de signification quant à la toxicité du maïs OGM. La CGB a donc conclu à l'absence de risque pour la santé par rapport à un maïs conventionnel », au cours des séances des 9 et du 23 novembre 2004. En dautres termes, les « anomalies » qui auraient soit disant été gardé secrètes sont traditionnellement observés chez les rats de laboratoires, quils soient nourris avec du maïs ou non, quil soit génétiquement modifié ou non. Cette étude permet de conclure à labsence deffets potentiels du maïs MON863 sur la santé, animale ou humaine. Outre les conclusions des experts, les résultats de cette étude ont fait lobjet dune publication dans une revue scientifique à comité de lecture.
Marc Fellous a jugé que ce documentaire « manque d'objectivité, et accumule les erreurs et les inexactitudes ». En jouant sur les peurs et en mettant en scène une prétendue censure, il naura guère participé à lobjectivité du débat sur les biotechnologies et aura jeté le discrédit sur des informations scientifiques rigoureuses.
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