Wipro : les licenciements se poursuivent à Sophia, en dépit des bénéfices

Posté ven 05/03/2010 - 12:30
Par admin

Wipro : les licenciements se poursuivent à Sophia, en dépit des bénéfices

Le dossier de Wipro, à Sophia Antipolis, s'était refermé début octobre 2009. Après un mois de septembre marqué par plusieurs actions spectaculaires menées par les 61 ingénieurs licenciés, le groupe indien, contre l'avis du Comité d'entreprise, avait décidé de maintenir sa volonté de quitter Sophia Antipolis et de fermer le site de l'ex New Logic, centre de R&D dédié aux technologies sans fil. Les salariés avaient certes perdu leur emploi. Mais par leur ténacité ils avaient pu éviter le pire : ce qu'ils appelaient un "licenciement à l'indienne", c'est-à-dire sans pratiquement d'indemnités. Six mois après, où en est-on à Wipro Sophia ?

 

Wipro ne connaît pas la crise

 

Les locaux, avenue de Roumanille, près du golf, sont toujours ouverts. Mais, note le Comité d'Entreprise du Tournesol, les trois-quarts du personnel ont déjà reçu leur lettre de licenciement au cours d’une première vague en novembre (45 personnes) et une nouvelle vague est annoncée. Ne reste en fait pour l'instant que les salariés protégés (les délais administratifs étant plus longs) et le seul salarié, un commercial, qui a été reclassé en interne par Wipro.

 

Pour le CE, la récente publication des résultats trimestriels du groupe (le dernier trimestre 2009) vient apporter une nouvelle confirmation de la position soutenue par les salariés depuis le début : les bénéfices augmentent et la raison économique invoquée pour la fermeture de Sophia, ne tient pas. "Le groupe indien ne connaît pas la crise", note le CE. "Au contraire, il semble bénéficier à plein de la situation économique actuelle avec une croissance de 21 % de son bénéfice (1 milliard de $ pour 6 milliards de $ de chiffre d'affaires). Le groupe distribue des bonus et embauche massivement en Inde avec 4.800 embauches réalisées au cours du dernier trimestre 2009. De plus 4000 postes sont à pourvoir pour le trimestre en cours".

 

"Rappelons, ajoutent les représentants du CE, que les 60 employés et leurs représentants ont toujours contesté la validité du motif économique invoqué par la direction, appuyés en cela par le rapport du cabinet d’expertise SECAFI, qui démontre qu’il n’y a aucune justification économique à la fermeture du site de Sophia Antipolis. Force est de constater que cette analyse est magistralement corroborée par les résultats financiers historiques récemment publiés".

 

Un retour à l'emploi difficile

 

Sur le front du retour à l’emploi, les nouvelles ne sont pas bonnes. Pour ceux qui se sont lancés dans la recherche d'un autre poste, il n'y a pratiquement pas de marché de l'emploi actuellement. Seuls trois ou quatre d'entre eux ont pu retrouver quelque chose sur la Côte. D'autres ont choisi la solution "spin off". Sur la soixantaine d'ingénieurs de Wipro Sophia, 15 ont choisi de créer leur propre emploi. Deux projets ont ainsi vu le jour, avec par ailleurs le support de Wipro qui laisse la disposition des locaux et des actifs intellectuels (il s'agit d'un projet de 13 personnes qui entre dans l'incubateur TELECOM ParisTech EURECOM et d'un second projet avec 2 personnes.)

 

Hors ceux qui ont tourné la page et se sont lancés dans un projet d'entreprise, les ex Wipro sont donc aujourd'hui plutôt pessimistes. Une vingtaine d'entre eux envisagent de poursuivre leur combat devant les prud'hommes. Mais tous font le même constat : la délocalisation de la R&D dans les pays à bas coûts salariés semble désormais être une tendance de fond durablement installée pour les grandes sociétés high tech.

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