Nice : cette fois, la démolition d'Acropolis est engagée

Geste symbolique, les grandes lettres d'Acropolis sur le fronton du Palais des Congrès niçois ont été enlevées hier. Très controversés, les travaux de démolition ont commencé, le sursis judiciaire accordé jusqu'au 28 février étant arrivé à échéance. Reste la question du remplaçant d'Acropolis, alors que le projet du nouveau PEX, le Parc des Expositions au coeur d'EcoVallée, reste dans un grand flou.

Acropolis à Nice

Symbolique. Suspendus par des cordes, les premiers ouvriers du chantier de démolition ont retiré hier matin, une par une, les grandes lettres ACROPOLIS qui ornaient le fronton du Palais des congrès de Nice. Le nom du bâtiment est désormais effacé. L'imposant paquebot de béton (338 mètres de longueur sur 60 de large) devrait lui aussi avoir disparu d'ici 18 mois comme a déjà disparu, avant la fin de l'an dernier, le TNN, le grand bâtiment blanc du Théâtre National de Nice. Des travaux gigantesques qui vont s'ouvrir en centre ville pour laisser place à l'extension de la coulée verte (7 hectares supplémentaires) et à la création d'un parc de verdure au dessus du Paillon. Un "Central Park à la Manhattan" entre vieille et nouvelle ville de Nice. (Photo DR).

Une démolition très controversée

Ces travaux de démolition devaient débuter début janvier. Mais la justice avait accordé un sursis de deux mois à Acropolis, suite à une action des salariés du palais. Ils estimaient ne pas avoir reçu toutes les informations concernant cette "destruction du bâtiment et ses conséquences sur les conditions de travail et sur l’emploi des salariés". Ce sursis se terminait le 28 février. La ville a voulu aller vite pour montrer sa détermination et a attaqué de suite les travaux de démolition.

Le projet n'en reste pas moins toujours controversé de tous bords politiques. Ainsi, la conseillère écologiste niçoise, Sylvie Bonaldi devrait encore déposer un recours suspensif. Elle a également lancé une pétition en ligne et appelle à un rassemblement ce samedi à 11 heures sur le parvis d'Acropolis. D'autres pétitions circulent tandis que le patron de LR, le député Eric Ciotti, l'ennemi intime de Christian Estrosi, fait d'Acropolis un de ses chevaux de bataille d'aujourd'hui et vraisemblablement, celui des municipales de 2026.

Vives oppositions aussi du côté PS (la pétition de Patrick Allemand, ancien conseiller municipal et président de Nice au coeur, a recueilli 5.000 signatures) ou du groupe niçois de Philippe Vardon (ex-RN et actuel Reconquête!) avec son association "Retrouver Nice". Sont dénoncés par certains le coût "exorbitant" du projet, par d'autres l'impact écologique des travaux, les nuisances d'un an et demi minimum de chantier et par tous le désastreux phasage de l'opération démolition de l'ancien Palais et reconstruction du nouveau.

Quatre bonnes années de plus sans structure de remplacement

Le sort d'Acropolis, construit de 1981 à 1984, avait commencé à se dessiner en 2008 quand Christian Estrosi, devenu maire de Nice, avait envisagé de créer un PEX, parc des expositions international, à l'ouest, au coeur du nouveau quartier de l'Eco Vallée alors en gestation et à proximité de l'aéroport. Une construction prévue à l'emplacement du MIN (Marché d'Intérêt National). Pour assurer une continuité de l'activité niçoise en tourisme de congrès, le PEX devait prendre tout naturellement et en douceur le relais d'Acropolis.

La stratégie avait du sens et elle était tout à fait réalisable en 2008. Sauf que les choses ne se sont pas passées comme prévu. Aujourd'hui, 15 ans après, la solution d'un déplacement du MIN à La Gaude n'a pu être validée et un plan B a dû être mis en place avec une perspective de nouveau PEX reportée à 2028. Soit dans le meilleur des cas, quatre bonnes années de plus sans structure de remplacement.

Toujours le grand flou sur le nouveau projet

Mais la démolition peut-elle encore être évitée ? Le sort d'Acropolis a été scellé il y a deux ans quand sa fermeture est intervenue (seul le site web est toujours en ligne à ce jour et vante un "complexe mondialement connu"). Une remise en service aujourd'hui est certes toujours possible, mais elle nécessiterait des travaux dans le bâtiment et surtout une forte dose de communication (un vrai coût) avec des résultats qui demanderaient beaucoup de temps dans un secteur des MICE où l'inertie est importante (un congrès se décide souvent deux à trois ans à l'avance).

Reste donc l'attente du nouveau PEX, projet qui pour l'instant reste dans un grand flou. Où exactement ? Sur le MIN Fleurs qui partirait à Saint-Laurent du Var, un bâtiment de moins de 700 m2 ? Quelle surface ? Le maire de Nice a parlé récemment de 45.000 m2, mais sur le site de l'Office de Tourisme il est question de 65.000. Quelle forme ? Autant de précisions qui intéressent les professionnels du tourisme niçois et tout particulièrement les nouveaux hôtels de standing qui se sont ouverts sur le quartier de l'Arénas, séduits par la perspective d'un grand palais des expositions à proximité.

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