Le W3C lance l'initiative "Paiements sur le Web"

Posté mer 15/10/2014 - 19:00
Par admin

Soutenue par le projet européen HTML5Apps, qui vise à combler le fossé entre les applications web et les applications natives (celles qui sont dédiées à un système comme IOS, Android ou autre), cette initiative vise à assurer le développement de l'e-commerce mondial en réduisant la fraude, en améliorant la facilité d’utilisation et en encourageant l’innovation. Le volet scientifique est assuré par l'équipe W3C de Sophia.

Le W3C lance l'initiative "Paiements sur le Web"

Va-t-on pouvoir bientôt payer aussi facilement avec son PC, sa tablette ou son smarphone qu'avec sa carte bancaire? C'est tout le challenge de l'initiative "Paiements sur le Web" que lance aujourd'hui le W3C (World Wide Web Consortium). Une initiative que l'on peut rapprocher de celle qu'avait lancée le W3C en 2004 autour du Web mobile. Ce qui n'était alors pas banal (accéder au net avec son mobile comme avec son PC), l'est devenu rapidement. Menée dans le cadre du projet européen HTML5Apps que pilote l'ERCIM, la nouvelle initiative du W3C visant à intégrer plus facilement les paiements sur le Web devrait rendre beaucoup plus fluide et sûr ce qui ne l'est pas encore vraiment. Une opération dans laquelle la technopole est associée : comme pour le web mobile, la partie scientifique est coordonnée par l'équipe du W3C de Sophia.

Un premier grand atelier de travail à Paris en mars dernier

Pour favoriser notamment le développement de l'e-commerce, il s'agit de réduire la fraude, d’améliorer la facilité d’utilisation et d’encourager l’innovation. Tous les acteurs concernés -banques, réseaux de cartes de crédit, gouvernements, opérateurs de téléphonie mobile, fournisseurs de solutions de paiement, entreprises du Web, sociétés d’e-commerce et créateurs de contenus- ont été invités à participer à ces travaux. L’objectif est de mettre à profit la capacité unique qu’a le Web de combler le fossé de la diversité des écosystèmes et d’atteindre les utilisateurs où qu’ils soient, et quel que soit leur équipement de connexion (PC, tablette ou smartphone).

Tout a démarré avec l'atelier de travail W3C sur les paiements Web qui s'est déroulé en mars dernier à Paris. Un "workshop" qui a été rendu possible grâce au soutien du projet européen HTML5Apps. "Alors que l'arrivée des crypto-monnaies, bitcoins et autres déstabilisent les schémas traditionnels, nous sommes arrivés à un stade où les grands acteurs comme Visa, Master Card, American Express estiment qu'il est temps de se mettre autour de la table", explique Stéphane Boyera, responsable W3C de l'activité Paiements sur le Web. "A Paris, se sont retrouvés également les grandes banques d'Europe et des autres continents, mais aussi des régulateurs comme la Réserve fédérale américaine, ou encore de grandes sociétés technologiques comme Apple."

E-commerce : un taux moyen d'abandon de panier de 97% sur les mobiles

Le défi actuel, c'est d'assurer le développement de l’e-commerce mondial. Certes il est déjà florissant. Il devrait atteindre cette année un chiffre d’affaires de 1,471 billions de dollars, soit près de 20 % de plus que l’année dernière et selon une enquête menée par Forrester, un tiers de ces transactions se fera à partir de téléphones mobiles. Mais un certain nombre d’obstacles restent à franchir pour consolider la croissance de ce secteur.

Le premier est la facilité d’utilisation. Les consommateurs qui achètent en ligne remplissent leur panier, mais finalisent rarement leurs achats. La petite taille des écrans et des claviers, ainsi que la nécessité de créer un compte et de partager des informations personnelles avec des commerçants inconnus figurent parmi les raisons pour lesquelles le taux moyen d’abandon de panier sur les appareils mobiles est de 97 %.

Une fraude dix fois supérieure sur les transactions mobiles qu'avec les cartes bancaires

Un second obstacle est la fraude. Le très grand nombre de cas d’escroqueries par carte bancaire illustre l’inadéquation des approches actuelles en matière de partage d’informations sensibles et explique le coût élevé des transactions. La fraude concernant les transactions en ligne est 10 fois supérieure au taux de fraude constaté lors de l’utilisation de cartes bancaires en magasin. Ces problèmes doivent être résolus pour que l’expansion du commerce en ligne continue.

"À ce jour, le problème des informations de paiement volées lors d'achats en ligne dépasse largement toutes les autres préoccupations des consommateurs du monde entier", souligne Michel Leger, du groupe Ingenico. "Le fait de réunir tous les acteurs dans le groupe d'intérêt paiements sur le Web du W3C donne la possibilité de créer des standards ouverts qui permettront de réduire la fraude en ligne, d'accroître la confiance des consommateurs et d'améliorer le processus d'achats sur le Web. Travailler ensemble nous permettra de réaliser tout cela correctement."

Des applications Web mobiles qui ouvrent de nouvelles opportunités

L’amélioration de la gestion des paiements sur le Web peut non seulement améliorer la facilité d’utilisation et réduire le risque de fraude, mais également créer de nouvelles opportunités pour les entreprises et les consommateurs, comme l’utilisation de coupons de réduction, la gestion des cartes de fidélité ou encore l’utilisation de cryptomonnaies. Les applications Web mobiles peuvent aussi rendre les transactions en magasin plus sûres et plus faciles.

Malgré les innovations observées dans les systèmes de paiement mobiles, l’absence de standards limite le déploiement de nouveaux moyens de paiements (comme les monnaies électroniques) et l’arrivée de nouveaux fournisseurs de systèmes de paiement. Il est à noter que l’hétérogénéité des cadres réglementaires au niveau international rend l’interopérabilité des systèmes de paiements plus complexe et doit donc être pris en compte lors du développement de nouvelles technologies.

Intégrer les paiements dans la plateforme Web du W3C

Afin de mieux comprendre ces enjeux et intégrer les solutions au sein de sa plateforme Web ouverte, le W3C a mandaté un groupe d’intérêt sur les paiements Web, présidé par Erik Anderson (Bloomberg) et David Ezell (Association for Convenience & Fuel Retailing). Les acteurs internationaux issus de tous les secteurs de l’industrie dresseront la liste des cas et scénarios d’utilisation pour : les paiements en ligne, les paiements en magasin, l’impact de la réglementation sur la technologie, les envois internationaux de fonds de faible montant, et les paiements de factures récurrentes.

Le groupe étudiera les lacunes actuelles en matière de technologies Web concernant la facilité d’utilisation, la sécurité et la confidentialité. Parce qu’une intégration réussie des paiements sur le Web passe par une coopération étendue, le groupe d’intérêt sera également en liaison avec d’autres organisations de l’industrie du paiement qui utilisent les technologies Web afin de favoriser l’interopérabilité à l’échelle mondiale.

Un focus en premier lieu sur les porte-monnaie électroniques

Le groupe d’intérêt se concentrera en premier lieu sur les porte-monnaie électroniques (ou "wallets") que beaucoup, dans l’industrie, voient comme un moyen efficace de réduire la fraude. C’est aussi un moyen d’améliorer la confidentialité en limitant le partage des informations sensibles des utilisateurs uniquement aux fournisseurs de solutions de paiement et non aux commerçants. En outre, les porte-monnaie peuvent simplifier les transactions à partir de téléphones mobiles et faciliter l’intégration de nouvelles innovations.

Pour réussir, toutes les parties impliquées lors d’une transaction doivent coopérer à la mise en place d’un porte-monnaie, mais à ce jour, les systèmes n’ont pas atteint le niveau d’interopérabilité requis pour être adoptés à grande échelle. Du fait de l’absence de standards dans le traitement des paiements, il est difficile de mettre en oeuvre les porte-monnaie et de profiter de l’automatisation. Alors que le groupe d’intérêt sur les paiements Web n’est pas mandaté pour développer de nouveaux schémas de paiement, il créera un cadre permettant de garantir que les applications Web peuvent s’interfacer de manière standard avec tous les instruments de paiement actuels et futurs.

Des travaux couvrant tous les équipements utilisés pour les paiements en ligne

Les cas d’utilisation mobile joueront un rôle important dans ces travaux, mais le cadre couvrira tous les équipements utilisés pour les paiements en ligne. Le nouveau groupe d’intérêt sera le point de convergence pour les travaux du W3C sur les paiements Web, sachant que des discussions ont été menées et se poursuivront à différents niveaux au sein du W3C, y compris :

• Les récents ateliers de travail du W3C sur la cryptographie, l’authentification, et les jetons matériels et les paiements Web.

• Les groupes de travail sur la cryptographie Web et sur la communication en champ proche (Near Field Communications - NFC).

• Le groupe communautaire sur les paiements Web, un forum communautaire de discussion sur les pré-standards. L’activité Paiements sur le Web du W3C est en partie soutenue par l’Union européenne via le projet HTML5Apps

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