Aéroport : des lignes intercontinentales encore trop saisonnières ?

La Côte d’Azur a applaudi à l’ouverture de la nouvelle ligne Nice-Philadelphie par American Airlines. Un lecteur, qui s’est réjoui lui aussi de cette nouvelle, y met quand même un bémol : la plupart des vols intercontinentaux restent saisonniers. Dans un commentaire très documenté, il livre son analyse et met en cause une zone de chalandise de l’aéroport encore mal desservie.

American Airlines Avion

Le tourisme azuréen a applaudi à l’ouverture d’une troisième destination américaine lors de l’arrivée le 7 mai dernier du vol inaugural  Philadelphie-Nice (“Aéroport : Philadelphie désormais en direct de Nice”). Dans un commentaire très détaillé, intitulé “Pas de triomphalisme, zone de chalandise encore mal desservie!”, un lecteur, qui a gardé l’anonymat, regrette que la plupart de ces vols internationaux ne soient que saisonniers. Et de noter au passage que les liaisons avec la Chine ne semblent plus être au programme à Nice, mais s’orienteraient sur l’aéroport de Marseille. Pour ce lecteur, le véritable problème de Nice serait “que l’aéroport n’a pas été conçu pour être un aéroport de correspondance, pas uniquement entre différents vols, mais surtout entre les vols et les différents modes de transports en commun, en particulier les lignes interurbaines (bus ou trains)”. Voici son texte. A lire et à méditer. (Photo DR).

“Pas de triomphalisme, zone de chalandise encore mal desservie!”,

"L’ouverture par American Airlines de la ligne aérienne Philadelphie - Nice est en effet une très bonne nouvelle.

Néanmoins, ce vol transatlantique reste saisonnier comme la plupart des vols intercontinentaux au départ de Nice. Pendant ce temps, les vols transatlantiques vers le Canada, au départ de Toulouse, Lyon et Marseille, eux, sont annualisés. Il en va de même pour les autres vols intercontinentaux, bientôt, au départ de Marseille, une ligne aérienne vers Shanghai va ouvrir opérée par Shanghai Airlines, celle-ci sera annualisée. Et pendant ce temps, à Nice, on annonce depuis de très nombreuses années l’ouverture de nombreuses lignes vers la Chine, mais rien de concret, hormis un vol vers Pékin sur Air China, opéré entre août et octobre 2019, et pas renouvelé depuis. Le Covid n’est pas la seule raison de cet échec.

Le véritable problème est que l’aéroport de Nice n’a pas été conçu pour être un aéroport de correspondance, pas uniquement entre différents vols, mais surtout entre les vols et les différents modes de transports en commun, en particulier les lignes interurbaines (bus ou trains). Il est difficile d’annualiser une ligne aérienne intercontinentale avec uniquement comme correspondances possibles des lignes intra départementales, de même que le littoral de Saint Raphaël à Vintimille, il faut viser une zone de chalandise bien plus large, en s’inspirant de l’aéroport de Genève. L’idéal serait que l’aéroport de Nice soit accessible en transports interurbains (bus ou trains) depuis tous les départements de la PACA (Alpes Maritimes, Bouches du Rhône, Hautes Alpes, Alpes de Haute Provence, Vaucluse, Var), voire même au delà, l’ouest de la Ligurie (Imperia, Savone, Gênes), le sud Piemont (Turin, Cuneo), le Dauphiné (Drôme, Isère) et l’est du Languedoc (Gard, Hérault). Tout cela est loin d’être exhaustif, mais en attendant, non seulement cela permettrait aux lignes aériennes intercontinentales desservant Nice d’être annualisées, mais en plus, permettrait aux usagers azuréens de pouvoir accéder à toutes ces régions Sud Alpines plus facilement.

Pour revenir au souhait de retrouver des lignes aériennes intercontinentales opérationnelles en hiver, il ne faut pas se contenter uniquement d’une desserte des stations de ski du Mercantour au départ de Nice, il faut voir bien plus loin, desservir en plus du Mercantour les stations de ski de l’Ubaye, du Champsaur, du Queyras et du Briançonnais, mais aussi les stations de ski du Sud Piémont. Par exemple, Briançon est accessible depuis l’aéroport de Genève, pourquoi ne l’est il pas depuis Nice ?

Au départ de l’aéroport de Nice, il faudrait au moins des lignes LER Zou qui devraient être desservies vers Barcelonette, Briançon, Manosque et Gap. De même qu’il faudrait rétablir la desserte LER vers Grenoble, à défaut d’avoir une option ferroviaire performante entre Grenoble et Nice. Il faut aussi prolonger la desserte ferroviaire entre Nice et Tende, vers Limone et Cuneo, il est urgent d’électrifier l’intégralité de la ligne ferroviaire de Tende au sud de Limone. Il n’est pas normal que le 1re aéroport de France, en dehors de Paris, ne soit pas accessible depuis les Alpes du Sud, bien au delà du Mercantour.

On pourrait proposer une desserte express en LER cadencée au départ de Nice, non seulement vers Monaco, Cannes, Saint Raphaël et Aix en Provence, mais aussi vers Digne les Bains, Manosque, Gap, Avignon et Grenoble de même que les autres LER, les lignes TER et Chemins de Fer de Provence, en proposant aux voyageurs une tarification combinée. Par exemple, il serait possible au départ de Philadelphie sur American Airlines, d’avoir un seul billet opérationnel au delà de l’aéroport de Nice, jusqu’à ces villes combinant ainsi avion ✈️ +LER, TER ou Chemins de Fer de Provence, inspiré du concept des TGV Air. Mais cela nécessite une coopération entre l’aéroport de Nice et le Conseil Régional en amont.

Si on veut annualiser les lignes aériennes intercontinentales au départ de Nice il va falloir changer de registre. Ce n’est pas en se contentant d’être la porte de la Côte d’Azur que cet objectif sera atteint. Pour y parvenir, Nice doit devenir la véritable porte d’entrée de tout l’espace Alpes-Mediterranéen jusqu’à Gênes, Turin, Grenoble et Montpellier."

 

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