Sophia : nuages sur la "Pixel Factory" du groupe Airbus

Posté jeu 17/10/2013 - 21:30
Par admin

La société ex-Istar, spin-off d'Inria, intégrée depuis 2010 dans la branche Astrium Geo-Information Services de l'Airbus Group, va connaître demain vendredi les détails d'un PSE (Plan Sauvegarde de l'Emploi) qui risque d'impacter fortement le site de Sophia Antipolis où est développée la "Pixel Factory", logiciel permettant de traiter les données satellitaires. Une vingtaine de suppressions de postes sur une cinquantaine sont redoutées par les salariés.

Sophia : nuages sur la "Pixel Factory" du groupe Airbus

C'est à Sophia Antipolis que l'ex-Istar développe et fait évoluer la "Pixel Factory", logiciel permettant de traiter les données venant des satellites.

La colère monte chez les salariés de Spot Image (EADS / Airbus Group) du site de Sophia Antipolis (une cinquantaine de personnes). C'est en effet demain vendredi que doit être présenté à Toulouse, aux Comités d'Entreprise des sites de Sophia et de Toulouse, le détail d'un PSE (Plan de Sauvegarde de l'Emploi) initié en novembre 2012. Un PSE qui, après diverses moutures dans son long cheminement, devrait toucher tout particulièrement la technopole : une vingtaine de personnes selon les salariés, sur près d'une cinquantaine de l'effectif sophipolitain. Ex-Istar, spin-off d'Inria, le site dépend maintenant de la branche Astrium Geo-Information Services née en 2010 de la fusion de Spot Image et d'Infoterra, branche qui doit maintenant être intégrée à Airbus. Sur la France, l'essentiel des effectifs se trouve à Toulouse (250 personnes) ce qui explique une tentation de regroupement des activités sur la ville rose.

Si Airbus est un groupe florissant, sa branche Geo-Information Services qui est chargé de l'exploitation des données prises par les satellites (acquisition, traitement, gestion et hébergement de données, services avancés de géo-information et solutions clé en main), connait une passe financière difficile. Cela en raison notamment des retards accumulés par la mise en service des nouveaux satellites (Spot 6 finalement lancé en septembre 2012 et Spot 7 qui doit l'être en 2014, ainsi que les Pléiades 1A et 1B). Ces retards ont notamment laissé le champ libre aux concurrents américains. D'autre part, le coût des projets (Spot 6 et Spot 7 ont été entièrement financés par EADS) ont asséché les finances de la branche. D'où la réorganisation envisagée voilà une année.

"Quand le PSE a été envisagé, la direction voulait tout simplement supprimer le site de Sophia et rapatrier sur Toulouse une partie des effectifs", explique un des salariés. "Il faut savoir que Sophia ne traite pas de données mais développe les logiciels permettant de traiter ces données. C'est la "Pixel Factory" dont Geo-Information Services est le premier client, mais que nous vendons également un peu partout dans le monde. C'est de plus une entité rentable, qui gagne de l'argent. Les salariés sophipolitains ne tenaient pas à partir sur Toulouse et la direction s'est rendue compte qu'il n'était pas possible de supprimer le site de Sophia Antipolis en jouant la mobilité. Mais maintenant, l'objectif est de ne laisser dans la technopole que la R&D pure et dure et de supprimer tous les postes transversaux (compta, RH, commercial, marketing, etc.)."

Dans une lettre ouverte à la direction du groupe Airbus, les salariés ont aussi fait part de leur mécontentement portant à la fois sur le PSE et sur les conditions financières associées aux départs. "Au-delà de la justification économique très discutable de ce PSE, nous salariés, lançons une alerte et clamons notre indignation sur son contenu. Nous dénonçons et trouvons inacceptables les conditions d’accompagnement avancées par la direction pour les salariés contraints de quitter le groupe Airbus. Celles-ci sont en rupture totale avec les valeurs prônées par le groupe, qui prétend haut et fort mettre le salarié au centre de ses préoccupations, mais qui veut aujourd’hui s'en débarrasser au rabais, malgré des moyens considérables et de très bons résultats."

Des salariés qui découvriront demain si le pire est à attendre.

Le dossier présenté à Benoît Hamon

S'ils étaient restés très discrets jusqu'à présent, voulant privilégier les négociations au sein du groupe Airbus, les salariés du site Geo Information de Sophia (cette branche d'Astrium sera intégrée à Airbus) sont aujourd'hui bien décidés à placer au grand jour le débat autour du PSE qui a été engagé. Deux d'entre eux ont ainsi profité de la venue de Benoît Hamon au Business Pôle de Sophia Antipolis, autour de la start-up Whoog et ses logiciels de gestion de mobilisation d'urgence pour exposer aux élus le problème qu'ils traversent actuellement.

L'occasion aussi de rencontrer non seulement le ministre de L'Economie Sociale et Solidaire et de la Consommation. Mais également Marc Daunis, le sénateur-maire qui l'accompagnait, ainsi que Rachid Bouabane-Schmitt, sous-préfet de Grasse, Jean-Pierre Mascarelli, vice-président du Conseil général, Ladislas Polski, conseiller régional, délégué au développement économique des entreprises, Yvon Grosso, président de l'UPE 06, Philippe Bardey, représentant du Club des dirigeants de Sophia Antipolis, le représentant de la Direccte, etc.

L'Etat étant l'un des actionnaires d'Airbus, Benoît Hamon et Marc Daunis, ont ainsi proposé de faire remonter le dossier plus haut, à Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, pour examiner le dossier.

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