Annulation de Cannes Yachting Festival : préfet et organisateur se rejettent la responsabilité

Faute d'obtenir une dérogation sur la barre de 5.000 visiteurs, l'annulation du salon nautique cannois moins de trois semaines avant son ouverture continue de faire des vagues : la ville a sollicité l'indemnisation des pertes de revenus; le préfet rejette la responsabilité sur Reed Midem qui n'aurait pas voulu s'adapter; l'organisateur met en avant ses procédures sanitaires draconiennes. Un débat qui intéresse le Grand Pavois de La Rochelle : sa tenue ou non est suspendue à la même dérogation que Cannes.

Cannes Yachting Festival port Canto

La polémique se poursuit autour de l'annulation du Cannes Yachting Festival (8-13 septembre). Elle se poursuit d'autant plus que le salon nautique cannois était attendu impatiemment à la fois par les professionnels locaux du tourisme et par le monde du nautisme. Sur Cannes, le plus grand salon nautique européen à flot sonnait l'heure de la reprise du tourisme d'affaires après un début d'année désastreux. Pour la filière nautique, qui elle aussi attend la relance, la consternation était d'autant plus vive que le Grand Pavois (du 29 septembre au 4 octobre) est confronté à la même problématique : faute d'une dérogation permettant de dépasser la barre des 5.000 visiteurs, il risque lui aussi l'annulation.

Cannes demande des indemnités pour les professionnels et la mairie

Le cas de Cannes Yachting Festival est donc emblématique, tout comme les arguments avancés pour et contre l'annulation. La ville de Cannes avait tiré la première vendredi soir peu après l'annonce de l'annulation pour cause de recrudescence de la pandémie et du refus de la Préfecture des Alpes-Maritimes d'accorder une dérogation à la barre des 5.000 participants. Dans un communiqué, David Lisnard, le maire avait fustigé, arguments à l'appui, "une décision absurde sur le plan sanitaire, préjudiciable en matière économique et totalement inéquitable" (sous-entendu vis-à-vis de Nice et du grand départ du Tour de France).

Le lendemain, le maire avait écrit à Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, rappelant ses arguments, évoquant le coup sévère porté à l'activité et à l'emploi local et sollicitant "l'indemnisation des professionnels ainsi que de la Mairie des pertes de revenus subies."

Pour le Préfet, Reed Midem n'a pas voulu s'adapter à la recrudescence de la pandémie

Côté administration, le Préfet Bernard Gonzalez, a donné lundi des précisions sur ce qui avait justifié sa prise de décision et a rejeté la responsabilité de l'annulation sur l'organisateur du salon. Reed Midem, selon lui, n'aurait pas voulu répondre à la demande faite de revoir le modèle de l'événement au regard d'une situation sanitaire qui se dégradait, les Alpes-Maritimes étant en passe d'entrer en "vigilance élevée".

Et de noter que Nice, pour le Tour, avait su, au jour le jour, s'adapter aux nouvelles règles décidées suivant l'évolution de la situation sanitaire.

Reed Midem : "un plan de sécurité sanitaire très rigoureux"

Une position à laquelle Reed Midem a répondu hier. "Malgré un plan de sécurité sanitaire très rigoureux, assorti d’une série de mesures sanitaires complémentaires, présenté par la direction du Yachting Festival et qui a été jugé "satisfaisant" le lundi 17 août lors d’une réunion à la sous-préfecture de Grasse en présence des autorités préfectorales, de la ville de Cannes et de l’Autorité Régionale de Santé (ARS), le préfet des Alpes-Maritimes, seul habilité à statuer in fine, a décidé de ne pas délivrer la dérogation attendue qui aurait permis la tenue du salon".

Et l'organisateur d'insister sur la recherche d''un protocole sanitaire exigeant, visant à accueillir sereinement l’ensemble des participants tout en permettant une expérience client de qualité. En plus de la reprise des mesures sanitaires du protocole de notre fédération professionnelle des métiers de l’événement, l’UNIMEV, validé par le ministère de la santé, et celui que Reed Exhibitions a mis en place au plan mondial, le protocole sanitaire du Yachting Festival se distinguait en étant le premier en France à faire l’objet de la certification "Safe & Clean" de l’APAVE." Avec regret aussi, le prochain rendez-vous sur les pontons de Cannes est donné maintenant du 7 au 12 septembre 2021.

Le Grand Pavois de La Rochelle suspendu à la dérogation

Les regards se tournent désormais sur La Rochelle où la tenue ou non de la 48ème édition du Grand Pavois est dans les mains du Préfet de Charente-Maritime. Echaudé par l'annulation de Cannes Yachting Festival, les organisateurs de l'autre grand salon nautique français à flot, ont demandé au gouvernement des précisions sur la jauge à 5 000 visiteurs pour les foires et salons : les différences entre les événements en intérieur et extérieur ? Les 5 000 doivent-ils être comptabilisés par jour ou à l'instant T ? Les règles précises pour les dérogations ? "Autant de réponses qui intéressent Cannes.

"Quelle sera la position du Préfet de Charente-Maritime, après le refus du Préfet des Alpes-Maritimes ?" s'interroge le site spécialisé Actunautique.com. "Telle est la question qui taraude toute une filière industrielle employant près de 150 000 personnes, directement et indirectement, qui exporte 70% de sa production, pour laquelle les salons sont les principaux vecteurs d'affaires, au travers des ventes de bateaux qui y sont réalisées".

 

 

Tags

Ajouter un commentaire