Grand Emprunt : la recherche azuréenne à l'écart

Posté lun 04/07/2011 - 14:01
Par admin

Hors la SATT (Société d'Accélération de Transfert de Technologie) PACA Corse, la Côte d'Azur, après avoir manqué l'Opération Campus, reste à l'écart de la grande redistribution de la carte française de la recherche. Elle se joue à travers les huit appels à projets du Grand Emprunt (IRT, Labex, Equipex, etc.) avec des financements qui porteront sur les dix prochaines années.

Grand Emprunt : la recherche azuréenne à l'écart

La carte d'Opération Campus. Ce sont sur ces campus que se concentrent les IRT, Labex, Equipex, Idex etc. et que la recherche se renforcera dans les dix années à venir.

Avec la création de la SATT (Société d'Accélération de Transfert de Technologie) PACA Corse, l'UPE 06 vient de saluer, à la fois un succès du Grand Emprunt pour la Côte d'Azur et "un atout majeur pour nos entreprises". La Côte d'Azur peut en effet se réjouir d'avoir été retenue, en mai dernier, avec l'ensemble de la région PACA et la Corse comme l'une des cinq premières SATT françaises (il devrait en avoir une dizaine au total à l'issue du second appel d'offres lancé dans le cadre des investissements d'avenir financés par le Grand Emprunt).

La Côte d'Azur disposera ainsi d'un nouvel outil doté de moyens accrus par rapport à VALORPACA chargée jusqu'alors d'assurer la valorisation de la recherche en PACA. Mais hélas, c'est là l'un des rares succès dans la redistribution des cartes de la recherche qui se joue actuellement à travers les "investissements d'avenir" du Grand Emprunt. Des investissements qui vont s'échelonner sur dix ans et auront un impact fort sur le développement de la recherche dans les territoires.

Pas d'Opération Campus, d'IRT, de Labex, Equipex, Idex...

Car, hors la SATT PACA Corse, la Côte d'Azur a manqué jusqu'à présent toutes les autres marches du Grand Emprunt. Cela a commencé par l'Opération Campus pour laquelle Nice n'a pas été retenue, n'obtenant que le "Campus prometteur", présenté par certains comme un lot de consolation. Hors Paris, ce sont Strasbourg, Lyon, Grenoble, Aix-Marseille, Montpellier, Toulouse, Bordeaux qui ont été choisis. La Côte a raté aussi l'IRT (Institut de Recherche Technologique). Son projet monté autour de la modélisation ne figure pas dans les six projets lauréats annoncés en juin. Là aussi, ce sont des financements qui ne viendront pas en territoire azuréen pour la recherche.

La Côte est également absente du premier volet des Labex, opération qui vise à répartir 1 milliard d'euros dans une centaine de Laboratoires d'Excellence. Elle se trouve juste impliquée dans le projet Carmin piloté par Paris Sorbonne Université pour une partie "science du numérique" mais ne porte aucun projet. Toujours dans le cadre du Grand Emprunt, elle ne porte non plus aucun Equipex, projets chargés de financer des équipements de laboratoires n'étant que partenaire de trois projets (ROBOTEX porté par le CNRS – Délégation de Strasbourg, MATRICE porté par l’Ecole Polytechnique et NAOS porté par l’IFREMER).

Du même coup, elle ne peut que manquer les Idex (Initiatives d'excellence) avec 7,7 milliards d'euros à la clé pour faire émerger en France 5 à 10 pôles pluridisciplinaires d'excellence d'enseignement supérieur et de recherche de rang mondial, capables de rivaliser avec les plus grandes universités du monde. Les trois premier lauréats ont d'ailleurs été dévoilés ce matin par le nouveau ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, Laurent Wauquiez : l'université de Strasbourg et les pôles de recherche et d'enseignement supérieur (PRES) de Bordeaux et Paris Sciences et Lettres (PLS). Ces trois projets Idex comme les quatre autres qui avaient été présélectionnés sur 17 évalués se retrouvent d'ailleurs sur les cartes du Plan Campus, Labex et Equipex : Ile de France, Bordeaux, Lyon, Grenoble, Strasbourg, Toulouse.

Ainsi, sur les huit séries d'appels à projets qui ont lancé le Grand Emprunt (Equipex, Labex, Santé & Biotechnologie, SATT, IHU pour Institut Hospitalier Universitaire, IRT, IDEX, Instituts Carnot), la Côte d'Azur n'est positionné pour l'instant que sur un seul, la SATT. Elle se retrouve à l'écart, comme par ailleurs la Bretagne ou le centre de la France. Loin de ce qui avait pu être obtenu avec les pôles de compétitivité, la Côte d'Azur ayant été associée à neuf pôles dont le Pôle mondial SCS (Solutions communicantes sécurisées).

Nice comme PUP ("Pôle universitaire de proximité")?

"Au-delà des effets désastreux qu’auront sur la recherche publique en France la création de ces structures, le Grand Emprunt au prétexte de l’excellence redessine bel et bien la carte de la recherche en France, obligeant à terme les chercheurs, les équipes et les laboratoires à multiplier les partenariats au sein des grands campus, voir à fuir les territoires qui seront volontairement oubliés par le Grand Emprunt, de peur de n’être plus financés", proteste aussi la section CGT de la délégation régionale du CNRS .

Les chercheurs azuréens craignent aussi que les universités exclues du Grand Emprunt ne soient vouées à devenir des Pôles universitaires de proximité - PUP - favorisant un premier cycle universitaire allant jusqu’à la licence et qui devront travailler avec les grands centres universitaires régionaux. "C’est la mort annoncée des laboratoires et de la recherche dans ces territoires !" lancent-ils.

Un contexte qui ne favorisera pas l'implantation d'entreprises innovantes

"En PACA, seul Aix-Marseille bénéficiera du Grand Emprunt. Les universités de Nice et Toulon qui ne portent ni EQUIPEX, ni LABEX ne pourront à terme que proposer aux étudiants deux cycles d’études. Elles seront victimes d’une hémorragie, au profit des grands pôles universitaires, de tous les étudiants souhaitant faire de la recherche ce qui inclut les doctorants, post-doctorants et chercheurs. Dans ce contexte, les entreprises innovantes n’auront bien évidemment aucun intérêt ni de s’installer, ni de rester en Côte d’Azur", écrivent les chercheurs dans une lettre adressée aux élus locaux.

Et de poser quelques questions de fond devant la nouvelle carte de la recherche qui risque de s'imposer pour une bonne dizaine d'années. Que restera-il du projet d’avant-garde du Campus STIC (Sciences et Technologies de l'Information) ? De la vision de Sophia Antipolis, technopole du futur ? Et de l’aménagement de la plaine du Var (Opération d’Intérêt National) ? Ces questions n'occultent certes pas le succès de la SATT PACA Corse qui remplacera avec beaucoup plus de moyens VALORPACA qu'a mené avec brio Jean-Pierre Laheurte, son président. Mais elles incitent à se mobiliser plus que jamais, s'il n'est pas déjà trop tard, pour prendre position dans cette carte de la recherche qui s'élabore aujourd'hui.

Voir le site Web des chercheurs azuréens : www.la-recherche-cote-dazur-en-danger.fr

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