Hubert Reeves, star du Printemps de Cannes Université

Posté lun 23/03/2015 - 18:39
Par admin

Beau succès pour la première édition du Printemps de Cannes Université qui a fait salle comble samedi au Théâtre Croisette. Ce colloque de haut niveau, qui avait choisi pour thème « Dans quel monde voulons-nous vivre ? », a été marqué par la présence d’Hubert Reeves qui donna tout d’abord une conférence captivante intitulée « Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve », avant de participer à une table ronde sur la bioéthique.

Hubert Reeves, star du Printemps de Cannes Université

Le célèbre astrophysicien Hubert Reeves, connu également pour son engagement pour la protection de l’environnement à la tête de son association Humanité et Biodiversité, était l’invité vedette du Printemps de Cannes Université, un colloque qui constituera désormais le temps fort de l’année universitaire cannoise. Fidèle à sa réputation, Hubert Reeves a tout d’abord captivé le public avec une conférence intitulée « Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve », un titre qui est aussi celui de l’un de ses derniers livres publié en 2013.

Durant plus d’une heure, il nous a raconté le monde en deux histoires. La première, la belle histoire, est celle de notre univers dont on sait, depuis la découverte des galaxies par Hubble, qu’il est en mouvement. Un univers qui à l’origine n’avait aucune structure et dont son histoire est un peu celle de l’évolution de la matière dont la forme la plus aboutie est celle de l’être humain avec son cerveau. Un être humain dont l’apparition sur terre découle de grands phénomènes cosmiques même s’il reste encore beaucoup de zones d’ombre sur les mystères de la naissance de la vie. Par contre, l’histoire de l’évolution des espèces est mieux connue, même si l’on reste sans voix devant le nombre absolument prodigieux (1029) de quarks et d’électrons qui composent le corps humain et devant la façon dont ses particules se sont associées.

L’Homme, le pire ennemi de l’humanité

Après la belle histoire de l’univers, Hubert Reeves en a abordé une autre bien moins belle, celle de l’évolution de l’espèce humaine. Sans véritable défense, l’homme semblait bien fragile lorsqu’il est apparu sur terre et n’a pu survivre que grâce à son intelligence qui lui permit de fabriquer des armes pour se protéger. Hélas, la sophistication de plus en poussée de ces derniers a abouti à la création et à l’utilisation de la bombe atomique. Au passage, Hubert Reeves rendit hommage au lieutenant-colonel Stanislav Petrov qui, en 1983 au fond de son bunker, refusa d’enclencher la riposte nucléaire alors que le système d’alerte russe avait pourtant détecté 5 missiles balistiques  américains qui fonçaient sur le territoire soviétique. Un geste qui empêcha sans doute une guerre nucléaire qui aurait été  fatale à l’humanité. L’intelligence qui nous a d’abord sauvés aurait ainsi pu nous détruire.

Si aujourd’hui, la menace nucléaire s’est éloignée, l’astrophysicien estime qu’« un train peut en cacher un autre ». Si nous gagnons la guerre que nous menons actuellement contre la nature en saccageant la planète en utilisant notre intelligence sans discernement, alors nous sommes perdus. Pour Hubert Reeves, l’histoire montre que les seules espèces qui ont su perdurer sont celles qui ont su s’adapter à la nature. Nous devons donc utiliser notre intelligence pour préserver la nature et non pour scier la branche sur laquelle nous sommes assis. Même si l’avenir peut paraître sombre, ce merveilleux communicateur scientifique conserve tout même une bonne dose d’optimisme, notamment en raison de signes croissants du « réveil vert ». Un réveil qui ne date d’ailleurs pas d’hier puisqu’il remonte à la fin du 19ème siècle avec la création en Californie des premiers parcs nationaux qui ont acté le passage de la prise de conscience à l’action.

Pour revenir à l’actualité, Hubert Reeves attend beaucoup de la Loi sur la biodiversité en cours d’examen au parlement et table également sur des résultats notables lors de la prochaine COP 21 qui aura lieu en fin d’année à Paris. Celle-ci pourrait se traduire par de véritables avancées sur la question cruciale du réchauffement climatique. De quoi retrouver des raisons d’espérer dans l’avenir de l’humanité, même si pour ce militant écologiste « l’important n’est pas d’être optimiste, c’est d’être déterminé ».    

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