Italie : les tenants du droit à la santé et du droit à l’emploi s’opposent dans les rues de Tarente

Posté lun 20/08/2012 - 15:14
Par admin

La plus grosse aciérie italienne, Ilva à Tarente dans les Pouilles, est sous la menace d’une fermeture pour « désastre écologique » suite à une décision de justice. Les salariés cherchent à défendre leurs emplois et militent pour une mise aux normes européennes sans arrêt de la production face à des citoyens qui brandissent le droit à la santé.

Le complexe sidérurgique de Tarente emploie quelque 11 600 personnes (photo Ilva)

Travailler à tout prix, même en prenant de sérieux risques pour leur santé et celle de leurs proches, dans une Italie méridionale, où la crise est encore plus sévère que dans le nord de la Péninsule, les salariés du complexe sidérurgique Ilva, n’ont pas le choix.

Depuis le 26 juillet, ils multiplient les manifestations pour que ne soit pas fermée la plus grande aciérie d’Italie qui représente 11 600 emplois directs sur le bassin de Tarente dans les Pouilles (le groupe possède également deux établissements en Ligurie à Gênes et Novi Ligure) . Ils protestent contre la décision de la justice italienne qui, fin juillet, a mis sous séquestre, pour « catastrophe écologique »  une partie des installations du complexe industriel et placé aux arrêts domiciliaires des cadres dirigeants.  

Les rapports, dont ceux de l’OMS, remis aux magistrats, sont pourtant sans ambiguïté, le taux de mortalité lié aux tumeurs cancéreuses dans les quartiers autour du site industriel, sont de 10 à 15% supérieurs à la normale. Le problème n’est pas récent, déjà au temps de l’ITALSIDER (groupe public), avant la privatisation intervenue en 1995, les préoccupations environnementales comptaient peu, mais le rachat par le groupe RIVA n’a pas changé grand-chose. Malgré les communiqués flatteurs mettant en avant les investissements et la certification ISO 14001, peu de progrès ont été faits. Les enquêtes en cours mettent en évidence la corruption d’experts et de fonctionnaires qui ont contribué à l’ampleur du  « désastre écologique », dénoncé aujourd’hui par la justice.

Le gouvernement Monti contre la fermeture

Dans une Italie en récession, il n’est pas question pour le gouvernement Monti de laisser fermer la plus grande aciérie italienne qui fournit le tiers de la production d’acier de la Péninsule et constitue un important bassin d’emplois. Il faut donc procéder à la mise aux normes européennes du site, pour cela les pouvoirs publics ont mobilisé 336 M€ et la société Ilva a annoncé un investissement de 146 M€.

Sera-t-il possible de mener à bien cette mise aux normes sans fermer le site, en particulier les « installations chaudes » (hauts-fourneaux, cokerie etc.) aujourd’hui sous séquestre ? L’ordonnance du magistrat laisse peu d’espoir alors que pour le gouvernement il n’y a pas d’autres options possibles. D’où des relations tendues avec une magistrature dénoncée pour ses abus de pouvoirs par les décideurs politiques et les syndicats de salariés.

Dans les rues de Tarente, les cortèges se multiplient. Mais les salariés ne sont pas les seuls à manifester. Des mouvements citoyens et écologistes, et même un syndicat, la CGIL/FIOM (l’équivalent de notre CGT) soutiennent l’action des magistrats, qui, après des années d’inertie politique, s’efforcent de faire appliquer les lois.

Christiane Navas

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