Mobilisation pour sauver la ligne ferroviaire Nice-Tende-Cuneo-Turin

Posté mar 30/10/2012 - 11:39
Par admin

Créer un groupement européen de coopération territoriale pour le transport frontalier, c’est la proposition du conseil général des Alpes-Maritimes qui a réuni, hier, à Nice, élus italiens et français de la vallée de la Roya et de la province de Cuneo qui se battent pour défendre la ligne ferroviaire Nice, Breil, Cuneo, Turin.

Le protocole a été signé par Gianna Gancia, présidente de la province de Cuneo, et Eric Ciotti, président du conseil général des Alpes-Maritimes, en présence du consul d'Italie, Luciano Barillaro, et de Jean-Claude Guibal, député maire de Menton.

Rejoindre Turin par train au départ de Nice par la vallée de la Roya demande aujourd’hui plus de 4h, un temps de parcours qui décourage les voyageurs potentiels. Transfrontalière, cette ligne continue pourtant à jouer un rôle important dans les liaisons entre les Alpes-Maritimes (desserte de Tende à Breil ), la Ligurie (4 gares desservies dont Vintimille) et le Piémont où elle dessert entre autres Limone et Cuneo. Si elle est empruntée par les touristes, elle permet aussi aux habitants du haut pays de rejoindre le littoral. A compter du 9 décembre 2012, pour des raisons d’économies budgétaires, plusieurs arrêts dans des petites gares, tant en Italie qu’en France, vont être supprimés (Vievola, La Brigue, Saint-Dalmas, Olivetta, Airole et Bevera) et le nombre de  fréquences revu à la baisse. Cette décision de la région Piémont, qui exerce la compétence sur la ligne, provoque un tollé de la part des élus locaux concernés. 

« C’est une ligne stratégique pour l’aménagement du territoire, pour l’économie, le tourisme, les échanges culturels transfrontaliers » a rappelé Eric Ciotti, président du conseil général qui a lancé la mobilisation pour la sauvegarde de la ligne, formalisé par la signature d’un protocole, le 29 octobre à Nice avec le soutien de la CCI Nice Côte d’Azur, de la chambre consulaire régionale et de la CCI italienne de Nice.

Seul problème, les différentes autorités compétentes en la matière brillaient par leur absence. Aucun représentant de la région Piémont, ni de la Ligurie, directement concernée par des suppressions de desserte, ni de la région Paca, pas plus que les représentants de RRF ou de son homologue RFI, n’étaient présents.

Une convention obsolète

Le dossier il est vrai est complexe. Il relève d’une convention internationale signée en 1970 par la France et l’Italie. Dans le cadre des dommages de guerre, il revenait à l’Italie de reconstruire cette ligne (dont les travaux avaient été lancés en 1883)  détruite lors de la deuxième guerre mondiale. Depuis sa réouverture le 6 octobre 1979, l’entretien et l’exploitation de la ligne, même dans sa partie française, de Tende à Breil- sur-Roya, incombent à l’Italie en vertu de la convention de 1970. Une compétence exercée par la région Piémont dans le cadre de la décentralisation.

Dotées d’infrastructures exceptionnelles avec trois tunnels hélicoïdaux, la ligne a besoin aujourd’hui d’importants travaux, estimés à un total de 120 M€, dont 27M€ (estimations RFF) en urgence. Faute d’un accord sur le financement de ces travaux (l’Italie se refuse à prendre en charge la section française), ils ne peuvent être réalisés.

« Depuis 2008, rappelle Jean-Yves Petit, vice-président de la région Paca aux transports, les régions Piémont, Ligurie et PACA ont attiré l’attention des états français et italien et des opérateurs de réseau RFF et RFI sur la menace de fermeture de ligne. La dégradation de l’infrastructure sur la section française et les conditions de gestion et de répartition des charges financières supportées pas les régions compromettent en effet la pérennité de la ligne ». Le 20 septembre 2012, les trois régions ont officiellement demandé aux états français et italien d’organiser une table ronde pour apporter des solutions concrètes au dossier. Selon, Gianna Gangia, présidente de la province de Cuneo, le président de la région Piémont, serait prêt à préserver cette ligne si les règles de répartition des charges entre la France et l’Italie sont enfin modifiées.

L’initiative du conseil général des Alpes-Maritimes, désavouée par la région Paca, mais soutenue par la Province de Cuneo et la ville de Turin, et les collectivités locales de la vallée de la Roya, s’inscrit dans ce débat. Elle suggère la création d’un groupement de coopération territoriale qui permettrait de mobiliser des crédits européens, et pourquoi pas d’intéresser la principauté de Monaco où se rendent chaque jour des centaines de travailleurs italiens.

La réalisation des travaux et la mise en place d’équipements interopérables - ce qui n’est pas le cas aujourd’hui entre la France et l’Italie, il faut en effet changer de locomotive à Breil - permettraient de réduire les temps de parcours entre Nice, Cuneo et Turin. Alors que l’amélioration des liaisons routières entre les Alpes-Maritimes et le Piémont est toujours au point mort  - les travaux pour le doublement du tunnel de Tende n’ont toujours pas commencé - une ligne ferroviaire, répondant aux besoins des usagers, pourrait contribuer à redynamiser les échanges transfrontaliers et mettre Turin à 2h10 de Nice contre 5h aujourd'hui!

Christiane Navas

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