Privatisation de l'aéroport : Christian Estrosi veut consulter les Niçois

Posté ven 12/12/2014 - 07:15
Par admin

"Je suis opposé à ce que la puissance publique perde le contrôle de l'aéroport Nice Côte d'Azur!" : alors que le projet de loi Macron, prévoit la privatisation de l'aéroport azuréen, le député-maire est remonté au créneau pour proposer une consultation des Niçois et pour annoncer qu'il déposerait trois amendements du projet de loi prévoyant le transfert.

Privatisation de l'aéroport : Christian Estrosi veut consulter les Niçois

Non à la privatisation de l'aéroport de Nice Côte d'Azur! Christian Estrosi, député-maire de Nice, l'avait déjà dit en août. Il l'a rappelé hier lors d'une conférence de presse. "Je suis opposé à ce que la puissance publique perde le contrôle de l’aéroport Nice Côte d’Azur, qui est un outil d’aménagement, au centre de l’Opération d’Intérêt National de la Plaine du Var Eco-Vallée, et le cœur de l’attractivité du territoire, tant sur le plan du tourisme que sur le plan industriel". En août dernier, l'Etat annonçait alors la cession de sa participation dans l'aéroport de Toulouse-Blagnac. Chose faite depuis avec une arrivée d'investisseurs chinois à Toulouse qui a fait grand bruit en France.

Aujourd'hui, c'est l'aéroport niçois qui se retrouve en première ligne de la privatisation avec celui de Lyon. Le projet de Loi Macron inscrit l'autorisation du "transfert au secteur privé d’une participation majoritaire au capital de la société Aéroports de la Côte d’Azur". Présenté mercredi en Conseil des Ministres, ce projet sera soumis au Parlement au début de l’année 2015. Christian Estrosi est aussi vite remonté au créneau et a expliqué hier ce qu'il comptait faire.

D'abord, consulter les Niçois. "Je proposerai au Conseil municipal du 19 décembre prochain de procéder à la consultation des électeurs de la Commune avec une seule question : Êtes-vous pour la privatisation de l’aéroport Nice Côte d‘Azur ?" a-t-il expliqué. Il a aussi précisé les modalités de cette consultation. "Si le Conseil Municipal le souhaite, le scrutin aura lieu par vote électronique, le vendredi 20 février de 8 à 20 heures." Quelques bureaux de vote seront également ouverts. (NDLR : on peut se demander, l'aéroport étant celui de la Côte d'Azur, pourquoi consulter uniquement les Niçois).

Ensuite, Christian Estrosi compte déposer 3 amendements sur l’article 67 - I du projet de loi qui prévoit le transfert.

  • Le 1er amendement aura pour objet d’instituer un droit de préemption pour les collectivités publiques avant tout transfert d’une partie du capital au secteur privé.
  • Le 2ème amendement aura pour but d’autoriser un transfert au secteur privé d’une participation minoritaire au capital de la société Aéroports de la Côte d’Azur (et non majoritaire comme c’est le cas dans sa rédaction actuelle).
  • Enfin le 3ème amendement visera à imposer la validation obligatoire de tous les actionnaires publics pour l’acceptation d’une offre de participation (minoritaire) du secteur privé.

Pourquoi Christian Estrosi est contre cette privatisation

Lors de la conférence de presse, Christian Estrosi, a donné ses arguments, contre la privatisation de l'aéroport Nice Côte d'Azur.

Le premier : la perte de contrôle de la puissance public locale. "L’ouverture du capital présente des dangers si elle fait perdre le contrôle à la puissance publique : le développement de la plateforme, les dessertes, le choix des destinations et des compagnies, la qualité de l’accueil des visiteurs, l’articulation avec la dynamique du territoire ne doivent en aucun passer aux mains d’investisseurs dont la maximisation du profit serait la seule motivation."

"Contrairement à ce que l’Etat considère, les aéroports régionaux sont des actifs stratégiques", et cela particulièrement pour le territoire azuréen, a-t-il ajouté. "La forte fréquentation touristique, la renommée mondiale, le positionnement international de la Côte d’Azur, ses grands évènements culturels et sportifs sont directement liés à cette plateforme aéroportuaire gagnée sur la mer, située en pleine ville de Nice, entre Cannes et Monaco", rappelle-t-il en soulignant la faiblesse de la desserte ferroviaire.

Autre argument, financier quant à lui : "alors que l’Etat nous prive de dotations importantes, il n’hésite pas à nous dépouiller d’un outil bénéficiaire qui rapporte 7 millions d’euros par an aux actionnaires, soit 340 000€ à la Métropole Nice Côte d’Azur"

La redistribution du pouvoir enfin. Actuellement l'actionnariat de la société "Aéroports de la Côte d’Azur" se compose de l'Etat (60%), CCI Nice Côte d'Azur (25%), et 15% restant répartis par tranches de 5% entre la Région PACA, le département des Alpes-Maritimes et la Métropole Nice Côte d'Azur.

La répartition du capitale à Toulouse Blagnac était similaire initialement. Après la cession, la répartition se fait ainsi : le consortium chinois Symbiose est en voie d'acquérir 49,99% des parts de la société qui exploite l'Aéroport de Toulouse-Blagnac. Les 50,01% restant se décomposent avec 25% pour la Chambre de commerce et d'industrie de Toulouse, 10,01% pour l'Etat, et 15% également répartis entre la Région, le Conseil général et Toulouse métropole.

Si apparemment la puissance publique reste majoritaire avec 50,01% des parts, pour Christian Estrosi, le Pacte d'actionnaire fait mention d'une alliance quasi-systématique entre l'Etat et l'acquéreur pour les décisions importantes. D'où un pouvoir transféré de fait au nouvel actionnaire privé.

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